Review 074 : Dordeduh – Dar De Duh

C’est lorsque certaines tensions surviennent au sein de Negura Bunget qu’Hupogrammos (chant, guitare, claviers et instruments folkloriques) et Sol Faur (guitare, claviers et instruments folkloriques) décident de fonder Dordeduh en Roumanie en 2009.

Les musiciens, ayant également créé Sunset in the 12th House (post-rock psychédélique), s’entourent alors de Flavius Misar?? (basse, choeurs) et Ovidiu Mih?i?? (batterie) pour concrétiser leur musique. Ovidiu sera remplacé en 2012 par Sergio Ponti, puis en 2016 par Putrid (Ordinul Negru, Sincarnate, Spiritual Ravishment, Sunset in the 12th House et Nocturn).
Le groupe sortira son premier EP en 2010, puis Dar De Duh, le premier album, suivra en 2012. Leur son est réellement différent de bon nombre de choses que vous avez pu entendre jusqu’à maintenant. Le groupe déclare “jouer la musique des esprits” sur scène, et c’est en effet un voyage spirituel qui débute ici même.

Jind De Tronuri, le premier titre long de seize minutes, mélange absolument tout ce que sait faire le groupe. Des éléments folkloriques grâce aux instruments anciens (qu’ils amènent d’ailleurs sur scène), des chœurs gutturaux et une bonne dose de mystique sont au rendez vous de cette introduction, jusqu’à l’arrivée des guitares. Le son Black Metal prendra alors le pas, avec les hurlements adéquats, mais la composition est également marquée par des éléments empruntés au Metal Progressif. L’aspect atmosphérique perdurera cependant. Une fois ce rituel achevé, le groupe enchaînera avec Flacararii. Ce deuxième titre nous dépaysera complètement et brisera tous les codes, puisqu’il mélange sons anciens, Black Metal viscéral et tonalités modernes.
On repart sur un son plus classique avec E-an-na qui débutera par des murmures, qui seront rejoints par une guitare au son aérien. Les percussions et la basse se joindront rapidement à ce titre pour le moins original, mais qui n’inclura pas de son saturé. Ce n’est pas le cas de Calea Rotilor De Foc, qui se concentrera sur la lourdeur que le Black Metal des roumains peut offrir. Une fois encore, c’est l’aspect ambiant qui dominera ce long titre énergique. Nouvelle ambiance avec Pandarul et ses harmoniques dissonantes qui se changeront en puissantes power chords. Une composition qui sort à nouveau des codes établis d’un style désormais culte.
Le groupe enchaîne avec Zuh, qui prendra le temps d’introduire une rythmique technique grâce à un son folklorique oppressant. Les cris ne tarderont pas à revenir dans ce titre de plus de treize minutes, de même que sur Cumpat, qui comptera énormément sur les chœurs pour infiltrer l’esprit de l’auditeur. On se quitte avec Dojana. Ce titre, pour lequel un clip montrant divers paysages ainsi que les musiciens, ne comportera que des instruments au son clair et folkloriques. Il est d’ailleurs parfait pour apprécier leur diversité, ainsi que la profondeur du son qu’ils offrent.

Dordeduh est un groupe dont l’excellent mélange des styles est poussé à l’extrême. Si le Black Metal se marie aussi parfaitement à la musique folklorique, le groupe est l’un des seuls à l’utiliser de manière aussi présente. Leurs prestations sont intenses, et celle du Cernunnos 2017 auquel je les ai découverts a été très appréciée par le public français. Le Hellfest les avait également reçu en 2014, et quelques concerts en première partie sont également passés par nos salles. Messieurs, nous attendons vos nouvelles compositions !

85/100

 

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