On reste dans le style, mais en plus sombre… Dissection est né sous l’impulsion de Jon Nödtveidt (guitare/chant) en 1989 en Suède, avec une inspiration qui lui aurait été dictée par une puissance inhumaine.
La vérité ? Nul ne la connaîtra et c’est ce qui participe à la légende du groupe. Une première pause en 1997 suite à l’incarcération de Jon pour complicité de meurtre, mais dès sa sortie il fait appel à Tomas Asklund pour la batterie (Gorgoroth, Dawn, ex-Dark Funeral) et Set Teitan pour la deuxième guitare (ex-Aborym, ex-Bloodline) ainsi qu’au français Brice Leclercq pour le poste de bassiste (Ages, ex-Nightrage, ex-Satyricon). Erik Danielsson (Watain) remplacera ce dernier pour les lives en 2005.
Le groupe s’arrête en 2006 après la sortie de leur troisième album, suite au suicide de leur leader. Jon Nödtveidt est retrouvé mort d’une balle dans la tête entouré de bougies, et avec un grimoire satanique près de lui, car il aurait “accompli tout ce qu’il avait à faire sur Terre” selon les préceptes sataniques. C’est donc naturellement que nous allons nous pencher sur Reinkaos, l’album sorti quelques mois avant le suicide de Jon. Un joyau qui alterne Death Mélodique et Black Mélodique, avec la présence d’Erik Danielsson et de Whiplasher (Deathstars, ex-Swordmaster) aux chœurs, ainsi que de Nyx 218 pour la voix féminine. Mais je vous laissez savourer si vous éteignez la lumière.
L’album se met lentement en branle avec l’instrumentale Nexion 218. Une mélodie au son clair intriguant et inquiétant qui nous emmène droit sur une rythmique solide et violente. Débute alors Beyond The Horizon qui nous assomme avec son blast martial et sa rythmique profonde. Une guitare lead hypnotique prend alors le dessus jusqu’au chant brut de Jon Nödtveidt. Très en forme après son incarcération, l’homme a pris le temps de peaufiner ses riff ainsi que ses paroles. Starless Aeon ne perd pas de temps en nous offrant son premier solo dès le début du titre. Jon hurle tout ce qu’il peut sur des riffs saccadés au possible, pendant que l’héritage des suédois prend forme.
Black Dragon et sa lente introduction s’ancrera dans votre mémoire comme une flèche vissée dans la chair, alors que Dark Mother Divine joue sur des tonalités plus atmosphériques et profondes pour convaincre. Pour notre plus grand bonheur, ce sont des riffs tranchants et agressifs que l’on découvre sur Xeper-I-Set, avec des chœurs graves et lointains. Un registre un peu différent de ce que l’on a pu découvrir depuis le début de l’album, mais qui sied à merveille au groupe. Petit interlude hypnotisant avec Chaosophia, et on repart sur la merveilleuse God Of Forbidden Light et sa guitare lead absolument parfaite. Un monument mélodique.
Le titre éponyme, Reinkaos, déborde également de mélodies à deux guitares pour une sublime instrumentale avant de déboucher sur Internal Fire. Retour des sonorités lourdes et saccadés que le groupe maîtrise avec des cris plus violents que jamais jusqu’au final. Je pense qu’il n’existe pas un amateur de Metal extrême qui ne connaisse pas cette composition. Maha Kali, l’ode universelle à la destruction. Sur le break, Nyx 218 mêlera sa voix à celle de Jon Nödtveidt pour une ambiance réellement particulière. Aussi envoûtant soit-il, ce titre signe la fin de l’album, mais également de la discographie de Dissection.
Comme je l’ai déjà mentionné, c’est seulement quelques mois après avoir écrit et enregistré cette merveille que Jön Nödtveidt se suicide. Dissection nous a laissé un héritage immense. A la fois en terme de rythmiques violentes, de mélodies enchanteresses où de paroles sombres au possible. C’est malheureusement bien souvent la mort qui fait d’un groupe une légende, et les suédois n’échappent pas à la règle. Souvent repris, mais jamais égalés, ils règnent encore de nos jours sur le Black Metal Mélodique aux côtés d’Emperor.
95/100