Annoncé presque à la dernière minute par le groupe, Harakiri For The Sky est de retour à Paris ! Et cette fois, c’est au Klub qu’ils ont choisi de venir déverser leurs riffs sombres et lancinants. Accompagnés sur cette tournée par les franco-norvégiens de Sylvaine et les italiens de Shores Of Null, ils nous promettent un show dantesque.
L’organisateur a décidé de ne mettre aucune place en prévente, ce soir c’est premier arrivé premier servi. En arrivant à 17h, je pensais avoir une chance de décrocher le précieux sésame. Eh bien ce fut le cas, puisqu’il n’y avait littéralement personne. Même pas les vans des groupes. Je m’installe alors, et discute avec M.S., J.J. et leurs musiciens live, dont la personnalité est presque à l’opposé de leur musique : tous sont très ouverts et n’hésitent pas à plaisanter à la moindre occasion. Après une attente qui se fait de plus en plus longue, la cave sombre s’ouvre enfin.
Faisant fi du peu de retard qu’a pris la soirée, les membres de Shores Of Null grimpent un à un sur la minuscule scène parisienne. Leur musique, qui m’était inconnue jusqu’alors, est un savant mélange des sonorités malsaines du Black Metal, et de la lenteur oppressante du Doom. Davide Straccione (chant) ne sera presque jamais seul. En effet, que ce soit pour les hurlements stridents, le growl massif où le chant clair, il sera accompagné de Gabriele Giaccari (guitare), Raffaele Colace (guitare) ou Matteo Capozucca (basse), alors qu’Emiliano Cantiano martèle ses fûts. Le mélange des voix renforce le côté oppressant de leur musique, qui la rend réellement hypnotique. Le premier rang est séduit, et les headbangs se font de plus en plus nombreux au fur et à mesure de leur set. Côté setlist, les deux albums du groupe sont explorés, et le son respecte parfaitement l’ambiance souhaitée. Visiblement à l’étroit sur cette scène minuscule, les membres sont obligés de se mettre en quinconce pour pouvoir bénéficier du minimum d’espace vital requis afin de bouger quand même en jouant. Une excellente entrée en matière que je n’avais même pas sentie arriver.
Setlist : Donau – Ruins Alive – Quintescent – House Of Cries – Black Drapes For Tomorrow – We Ain’t Ashes – Kings Of Null – Souls Of The Abyss
Alors que les italiens récupèrent leur matériel, c’est au tour de Sylvaine d’effectuer les derniers réglages. Une partie de la foule quitte la salle, mais je suis tout de même décidé à découvrir l’univers du groupe composé exclusivement par Katherine Shepard (guitare/chant). Et je ne me féliciterais jamais assez d’avoir pris cette décision. Même si le groupe précédent avait placé la barre très haut, c’est avant tout l’ambiance qui m’a captivé. La jeune femme, entourée des musiciens présents uniquement pour les concerts, alterne hurlements de banshee et douce complainte, rythmique de guitare au son acoustique et riffs Post-Black ambiants. Ce contraste saisissant fait rentrer la foule en transe, alors que le temps s’échappe lentement, rythmé par les interventions en français de la jeune norvégienne. Les autres musiciens ne manquent pas une note, et chaque frappe renforce l’intensité du show. Alors que la setlist se termine, ils descendent de scène un par un, laissant Katherine seule sur scène pour un dernier morceau, visiblement beaucoup plus personnel. Tout aussi reposant que le reste des compositions, ce dernier effort la laissera en larmes, et son émotion s’est véhiculée à toute l’assistance, médusée par cette performance. La magie a opéré.
Setlist : It Rains In My Heart – A Ghost Trapped In Limbo – Dysphoria – Earthbound – Delusions – Silent Chamber, Noisy Heart (acoustic)
Soudainement, la salle se remplit à nouveau, la soirée serait-elle sold-out ? C’est au tour des autrichiens d’imposer leurs créations, attendues de tous. Alors que Mischa prend place derrière les fûts, M.S. (guitare), Marrok (guitare) et Thomas (basse) empoignent leurs instruments. La musique commence. Laissant à ses collègues toute la scène, J.J. chantera depuis le bord de la fosse. Une manière de plus de nous faire ressentir toute la peine et la douleur des compositions d’Harakiri For The Sky. La transe prend alors la fosse entière, qui headbang à s’en décrocher la nuque, pendant que les riffs tous plus percutants les uns que les autres nous heurtent de plein fouet. Le son est extraordinairement bon, et chaque note explose à nos oreilles comme une petite goutte d’eau sur le sol. L’accent est mis sur III: Trauma, dont le groupe fait actuellement la promotion, mais avec tout de même un titre du premier album, et deux du second. Sur Thanatos, Davide Straccione fend la foule afin de se saisir d’un micro pour épauler J.J., comme sur l’album. Après pas loin d’une heure de show, le groupe entame son dernier morceau. Un ultime effort avant une petite distribution de médiators à l’effigie du groupe.
Setlist : Calling The Rain – Funeral Dreams – This Life As A Dagger – Thanatos – Lungs Filled With Water – Viaticum – Jhator
Difficile de revenir à la réalité après trois shows d’une telle intensité. L’enchaînement était parfait, et aucun temps mort n’était à déplorer. Alors que les agents de sécurité nous chassent rapidement de la salle, nous retrouvons les musiciens qui, comme avant le concert, sont ravis de discuter avec leurs fans, prendre des photos et signer des autographes. Si eux semblent à peine fatigués, les spectateurs sont épuisés et pourtant prêts à fendre la nuit parisienne.