Live Report : Pensées Nocturnes + Au Dessus + Anus Mundi + HEIR – Paris (75)

Pensées Nocturnes + Au Dessus + Anus Mundi + HEIR

La nuit est glaciale, le froid saisissant. Un parfait panorama pour un concert de Black Metal aux accents tantôt mélodiques, tantôt atmosphériques mais toujours imposant. Pourtant, ma soirée n’était pas assurée : Ondes Noires, le tourneur, refuse mon accréditation photo en invoquant un faux prétexte (totalement branlant au passage), mais c’est grâce au service de communication de la salle que mon appareil et moi pénétrons dans le Glazart. Ondes Noires a tellement bien fait son travail de communication et de couverture média, que nous sommes à peine une vingtaine à 18h, et même pas cent à 19h. Pourtant, c’est un plateau spécial Les Acteurs De L’Ombre qui va jouer devant nous ce soir : Heir, Anus Mundi, Au Dessus et Pensées Nocturnes.

Le premier groupe à s’avancer sur scène à l’heure prévue est donc la formation toulousaine. Très légèrement maquillés, Heir débute alors un set assez sobre basé sur leur dernier album Au Peuple de l’Abîme, mais aussi sombre que gras. Un parfait mélange entre du Black Metal sans concessions, et des grosses touches de Sludge, voir de Doom pour une rythmique dissonante et dérangeante. Malheureusement, le groupe n’a pas beaucoup de place sur scène, et les musiciens sont assez limités, mais Josh Smith (chant) n’hésite pas à se pencher au dessus du public pour hurler, pendant que ses compères s’appliquent à créer l’atmosphère captivante qui sévit ce soir. La basse de F.D. joue un rôle essentiel dans leur musique, et est plutôt mise en avant dans le mix qui rend justice au style, mais les lumières ne laissent percevoir qu’un brouillard épais. Les guitares de M.S. et M.D. débitent les riffs sanglants sous les frappes mortelles de D.D., et le public se prend au jeu. Bien que clairsemé la fosse headbangue lentement. Au Peuple De L’Abîme, leur dernier album, vient de sortir, et c’est donc naturellement que le groupe nous en jouera quelques extraits, avant de clore leur set sous des applaudissements mérités. Un excellente mise en bouche, planante et absorbante.
Setlist : Au Siècle Des Siècles – L’Heure d’Hélios – Meltem – L’Âme Des Foules – Cendres

 

 

Un changement de plateau très rapide, quelques réglages de dernière minute, et c’est au tour d’Anus Mundi d’arriver devant nous. Vestal (chant) apparaît, une bouteille de vin à la main, et des lunettes sur le nez. Son style quelque peu débauché fait impression, et c’est lui qui accapare tous les regards, même si ses camarades ne se contentent pas simplement de jouer leur Black Metal macabre. Void (basse) est très énergique, tandis qu’Isarnos maltraite autant ses toms que ses cymbales. Le duo Nagarth et Askêsis assure une ambiance qui ferait passer la folie et la dépression pour de douces berceuses pendant que Vestal vomit littéralement des paroles remplies de jurons en français dans le texte. Les spectateurs, dont le nombre s’est un peu accru, restent toutefois en retrait, sauf quelques affictionados du combo parisien qui murmurent quelques mots en coordination avec le chanteur tout en fermant les yeux. Le mixage rend hommage à chaque note, bien que la batterie soit quelque peu sur-mixée par moments vers l’arrière de la salle, mais ce n’est pas réellement dérangeant. Ce qui l’est par contre, c’est la lumière beaucoup trop agressive. Sur la fin du set, un fan tentera une approche, qui sera bien vite repoussée, et le concert touche à sa fin. Les musiciens, fatigués, sont applaudis. Même si leur musique froide et leur attitude scénique ne m’a pas totalement absorbé, je reste satisfait et j’espère revoir le groupe avec un peu plus de lumière.
Setlist : Traité de Bave et d’EternitéArme SoeurImpressions d’AfriqueHommageJe Suis Un Soir d’EtéBétail HumainLe Feu Reviendra

 

Ce sont eux qui m’ont fait me déplacer. Au Dessus, un énigmatique combo lituanien qui joue avec des capuches et fait couler tant d’encre sur la qualité de leur musique. Les musiciens règlent leurs instruments puis partent enfiler leur tenue. Totalement inconnus il y a trois ans, le groupe de Post-Black s’est rapidement taillé une réputation qui n’est pas usurpée. Vêtus de leur capuche qui couvre leur visage, c’est sous un épais rideau de lumière vive que leur rituel commence. Des riffs puissants au son cristallin, une présence scénique hors du commun, et une attitude glaciale qui correspond à merveille avec leur art. Voilà ce que je retiendrais du groupe. Les hurlements de Mantas (basse/chant) chevauchent parfaitement  les harmoniques malsaines et planantes de Simonas et Jokubas (guitares), ainsi que les frappes millimétrées de Šar?nas Bedulis (batterie). Le public est en transe dès les premières notes, et les rythmiques torturées s’enchaînent sans crier gare, alors que la scène est toujours plongée dans un brouillard coloré. Du côté de la fosse, le public est arrivé en nombre (mais toujours sans remplir plus d’un tiers de la salle) pour assister à cette prestation hors du commun. Mon esprit vagabonde durant ce set cosmique, alors que le groupe se retourne parfois pour jouer dos à la scène, et l’aspect du pied de micro est absolument parfait dans ce décor apocalyptique. La proximité avec le public est renforcée par l’attitude glaciale du groupe, et le contraste leur est profitable jusqu’au dernier morceau, alors que le groupe quitte les planches sous un tonnerre d’applaudissements.
Setlist : VIII – IX – X – VII – II – III – XI – XII

 

 

Et maintenant, la tête d’affiche. Bien que leur dernière venue en ces lieux remonte au semestre dernier, Pensées Nocturnes est bien déterminé à nous faire remonter le temps. Vaerohn (chant/trombone) arbore un maquillage grotesque de clown ensanglanté qui bouge de manière parfois automatique voir un peu désarticulée, et les musiciens suivront le mouvement. Côté vestimentaire, ce sont des fripes dont l’âge est passé depuis bon nombre d’années que le groupe porte, mais une fois l’aspect visuel dépassé, c’est de la musique dont nous allons parler. Un mélange de Black Metal pur et d’ambiances foraines, moyen-âgeuses, festives… Le cirque de l’horreur est bel et bien de sortie en plein Paris ce soir. Le trombone de Vaerohn et l’accordéon du claviériste mis à part, la formation est plutôt classique : guitare, basse, clavier, batterie, mais le jeu de scène est tout autre. Si les musiciens sont visiblement des acteurs connus du milieu Black Metal français, tous tiennent leur nouveau rôle à merveille. Le chanteur n’hésite pas à descendre dans la fosse pour interpréter une partie au trombone, alors que les autres musiciens semblent impassibles, à scruter le public (qui est encore plus éparse que lors du groupe précédent) avec leur allure effrayante. Sans surprise, la setlist est axée sur la discographie du groupe plus deux nouveaux titres, qui font déjà sensation dans le public parisien. Une fois encore, c’est un public de passionné qui est présent, et le groupe semble respecté et adulé. Le chant clair plaintif côtoie une rythmique tantôt Black, tantôt Avant-Gardiste, mais toujours jouée au millimètre près. On ose à peine bouger, alors que le set suit son cours, et lorsqu’il s’achève nous avons tous la même sensation. Un concert de Pensées Nocturnes, c’est une expérience unique, et nous l’avons vécue.
Setlist : PariaLe MarionnetisteRâhu Monosis 2 Bals Le SidrogyneLes Yeux Boiteux

 

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