Pour leur dernière date de l’année, Suden Promotion a décidé de nous offrir une affiche un peu spéciale. Hideous Divinity, des monstres de technique à l’italienne, accompagnés par un trio parisien : Scolopendra qui fête la sortie de son nouvel album, Promethean, bien connus de la scène francilienne, et Geostygma, une nouvelle mouture du Death Technique à la française. Le lieu du massacre ? Le Klub.
Une fois que les portes se sont ouvertes et que la chaleur est revenue dans nos corps gelés, on se rend réellement compte de la petitesse de la scène. Comment les cinq musiciens de Geostygma vont pouvoir rentrer…? Eh bien ils l’ont fait. Non sans mal, mais ils l’ont fait. Débutant un set plutôt carré devant un public aussi mou qu’un dimanche soir pouvait le laisser penser, le quintet ne se démonte pas. Alors que leur jeu de scène est réduit au minimum vital, les riffs pleuvent dans la cave du Klub. Le duo James / Alexis envoient des rythmiques aussi pointues qu’efficaces ponctuées d’harmoniques et de parties lead chiadées, pendant qu’Antoine (basse) nous arrose le tout d’un peu de gras sur les blasts furieux de Bryan. Au chant, Kévin se démène et semble possédé, alternant un growl caverneux avec un scream qu’il partage avec James. Malheureusement, quelques larsens avec les retours l’obligent à se tenir un peu tranquille, et les autres membres se tiennent en retrait. Si le public ne réagit que très peu, que ce soit aux compositions ou aux vannes balancées entre deux morceaux, les Geostygma continuent leur set jusqu’à arriver rapidement au dernier morceau qui, malgré un faux départ dû au sample qui ne se lance pas, débutera par un lead de basse d’Antoine qui en surprendra plus d’un. Après une trop timide salve d’applaudissements sur un sample final pour le moins original, le groupe se hâte de laisser la place aux suivants.
Setlist : The Wise – Synchronised – Painter Of Life – Formated Brain – Fanatic’s Chant – Labyrinth
A une installation rapide succède le sampler introductif de Promethean. Alors que j’imaginais mal les cinq membres du groupe précédent tenir sur scène, je m’aperçois qu’un claviériste est caché derrière le guitariste. Fanatique inconditionnel de Death Symphonique, je n’entends que du bien de leur musique aux accents épiques. Mais malgré une fosse beaucoup plus remplie et des compositions riches, je n’accroche pas. Pourtant, Leo (batterie) est très bon autant sur de la double pédale rapide que sur des parties plus réfléchies, et la rythmique de Gaëtan (guitare), Dino (basse) et Matthieu (guitare) soutenue par les notes ambiantes d’Axel (claviers) n’est clairement pas mauvaise. Le chant de Nicolas est puissant et motivant, mais sa présence éclipse les autres musiciens, déjà confinés sur la scène. Les larsens perdureront, réduisant encore les possibilités de mouvement des membres. Quelques mouvements de foule me prouve que pas mal de monde les connaît déjà et est adepte de leurs compositions, mais le son se fait de plus en plus brouillon, alors que je change de place régulièrement. Ajoutons à cela des lumières plus qu’hasardeuses dont personne ne se plaindra pourtant, mais le blast reprend le dessus. Alors que leur set se termine, je suis mitigé. A revoir dans d’autres conditions, car le groupe semble réellement intéressant.
Alors que les musiciens s’activent et que les fûts du bar se vident, Scolopendra est finalement prêt avant l’heure. Leur dernier album à peine sorti, les membres sont très en forme et motivés à nous le faire découvrir à travers un set énergique, mené par les hurlements frénétiques de Thomas (chant). Lorsque la rythmique de Maxime, Yves (guitares) et Olivier (basse) commence à résonner dans la cave, les blasts de Leo (qui assure son deuxième set de suite ce soir) ne tardent pas à assomer le public qui headbangue frénétiquement. Les riffs ponctués d’harmoniques sanglantes qui empruntent autant au Death qu’au Thrash font instantanément mouche, et la motivation du public est palpable. S’avançant régulièrement au dessus du public, Thomas est un frontman qui tient l’intégralité de la salle dans le creux de sa main de par son chant impeccable et son charisme naturel, mais les autres musiciens ne déméritent pas non plus. Bien qu’un peu moins techniques par moments, les riffs qu’ils enchaînent durant ce set visiblement très attendu bénéficient d’un son exceptionnel qui permet de distinguer clairement chaque instrument. Quelques interactions avec le public pour rendre ce concert plus vivant, et les parisiens quitteront la scène sous des applaudissements mérités.
Lorsque les patrons sortent leurs instruments, la foule s’écarte naturellement. Hideous Divinity est venu offrir à la salle parisienne une véritable leçon de Death Metal Technique, et il serait dommage de ne pas en profiter. Lorsque le sample démarre, la salle est déjà en ébullition. Il ne suffit que d’une seule note aux italiens pour que la fosse remue. Enrico Schettino et Giovanni Tomassucci (guitares) sont visiblement en forme, puisque les riffs qu’ils nous balancent sans ménagement en pleine face sont carrés au possible, et les blasts surpuissants de Giulio Galati (batterie) ne font que renforcer cette volonté de tout annihiler sur leur passage. Enchaînant des screams monumentaux, Enrico “H.” Di Lorenzo (chant) semble tellement à l’aise même lorsque ces derniers durent, mais pour moi le plus impressionnant du combo reste Stefano Franceschini (basse). Connu pour sa technique remarquable, je vous confirme que chaque note est frappée à la perfection et ce n’est vraiment pas humain d’aussi bien jouer d’un instrument. L’excellent son leur permet de nous restituer fidèlement leur dernier album, Adveniens, avec une énergie remarquable. Les mouvements de foule se succèdent alors que les cinq gaillards occupent pleinement la minuscule scène. La leçon se poursuivra avec quelques titres plus anciens, et il suffit d’observer les italiens jouer pour en prendre aussi bien plein la vue que plein les oreilles. A l’annonce de la fin du set, ils sont acclamés par un public finalement réveillé.
Le public parisien est difficile. Avec une affiche de cette qualité, même un dimanche soir, la salle aurait dû être complète. Les groupes ont tous assuré leur set à la perfection, malgré les difficultés techniques qui se sont enchaînées, et chacun repart avec un large sourire sur le visage, surtout du côté de l’organisation. Merci Suden Promotions pour cette dernière, merci Hideous Divinity de m’avoir enfin offert ce moment que j’attendais depuis des années, et merci à tous les groupes pour les riffs de ce soir.