Live Report : Out Of My Eyes + Widespread Disease + Without A Sin – Paris (75)

Out Of My Eyes + Widespread Disease + Without A Sin

Quand on dit concert, vous pensez probablement à un gros groupe international qui vient défendre son nouvel album, n’est-ce pas ? Mais la scène Metal, ce n’est pas que cela. C’est aussi des groupes locaux, qui viennent jouer pour le plaisir, et pour nous présenter l’album qu’ils viennent de sortir. C’est d’ailleurs le cas d’Out Of My Eyes, qui prennent d’assaut le Gibus pour la sortie de Concept, qui date d’à peine un mois. Mais ils n’étaient pas seuls dans la petite salle parisienne, leurs amis de Widespread Disease ainsi que les nouveaux venus Without A Sin avaient pour mission de lancer les hostilités.

 

 

La salle ouvre donc à l’heure, et c’est une véritable armée de jeunes filles qui se place au premier rang. A les entendre, elles sont toutes venues pour acclamer Without A Sin, que je ne connais absolument pas mais dont j’entends partout que c’est seulement leur deuxième concert. La fumée envahit la fosse, mais il fait toujours aussi froid dans la salle parisienne. Lorsque les lumières s’éteignent, c’est une ruée vers la fosse qui s’effectue. Les musiciens de Without A Sin sont sur scène, et ce qui me frappe c’est à la fois leur style et leur jeune âge. A vue d’oeil, je ne leur donne pas plus de vingt ans, mais bien que vestimentairement éloignés des codes Metalcore de la soirée, tous semblent timides mais déterminés. Le concert commence, avec un Metal Alternatif assez simple, mais les présents semblent apprécier. Si les connaisseurs reconnaîtront aisément quelques tentatives de poses à la Mitch Lucker (ex-Suicide Silence) ou Oliver Sykes (Bring Me The Horizon) dans le jeu de scène d’Amin (chant), le son du groupe n’est absolument pas le même. Les membres sont assez statiques mais souriants, quelque peu déconcentrés par les hurlements de leurs fans, mais je remarque que Giovan (basse) semble être le plus motivé. Amin se courbe parfois pour lancer un scream un peu plus puissant que les autres, mais le public est divisé. Une petite partie (une dizaine tout au plus) moshe comme si c’était le concert de leur vie, alors que le reste de la salle reste statique, se demandant ce que le groupe fait là. De mon côté, la sauce peine à prendre, alors que le groupe casse le rythme avec une “ballade” qui plaira néanmoins à leurs admirateurs, mais le solo de batterie de Lucas n’est pas vraiment adapté à la soirée non plus (attendez, j’ai entendu “tam-tam” ?). Le dernier morceau permettra cependant de mettre en valeur Max et Nino, les deux guitaristes du combo grâce à une composition plus travaillée, mais qui souffrira d’un son horrible à cause du mix. Quelques rares applaudissements et quelques hurlements fanatiques de groupies accompagnent leur sortie de scène.
Setlist : King – Flowers – Lighted House – Crows – Daggers

 

 

On change radicalement de style avec Widespread Disease. Les musiciens installent leur matériel, et après quelques réglages de dernière minute, sans lesquels la basse a bien failli nous manquer, le show débute. Le Deathcore massif et parfois malsain du groupe annihile tout sur son passage, et les moshers du show précédent recommencent sous les hurlements de Rémi (chant). Dès Chaos, le premier morceau, le groupe envoie un son lourd, puissant et pénétrant. Le charisme du chanteur captive toute l’attention alors qu’il alterne growl puissant et scream plus perçant, osant même quelques passages en chant clair, qui sont malheureusement difficilement audibles selon la position occupée par chacun dans la fosse. A la batterie, Félix arrose généreusement de blasts précis ainsi que d’un mur de son à la double pédale, accompagné du duo formé par Sylvain et Pierre (guitares). De son côté, Antoine semble à l’aise lors des breaks qui écrasent la foule, tout comme lors des parties plus chiadées en tapping qui, une fois encore, souffrira du mixage un peu hasardeux. Le groupe voit qu’il tient la fosse dans le creux de sa main, mais ne relâche pas la pression pour autant. En enchaînant les titres de leur dernier album, ils parviennent sans mal à déclencher les mouvements de foule souhaités. Les quelques samples seront également très peu audibles, mais les franciliens enchaînent les riffs à un rythme effréné en prenant le temps de remercier le public et les groupes présents ce soir, le tout encadré par des breaks fumants. Les harmoniques des guitaristes laissent à la section rythmique le soin de continuer à marteler la salle d’une bonne tranche de gras dont ils se souviendront pendant un moment. La cohésion est forte sur scène, alors que Rémi pose un genou à terre en continuant à hurler toute sa rage avec la même qualité et la même présence scénique. Le set, bien qu’un peu court à mon goût, se termine en assénant une dernière mandale aux parisiens qui demandent un rappel, qui ne pourra malheureusement pas se faire faute d’impératifs horaires.

Setlist : Chaos – Through Flames and Carnage – A Flight To The Great Unknown – The End – The Wrench – Wellcom – The Walk – #jointhecrew

 

Du côté de la scène, ça s’agite pas mal. Alors que les membres de Widespread Disease sortent à peine avec leur matériel, les parisiens de Out Of My Eyes s’installent. En effet, le temps est compté, et le matériel est rapidement changé pour celui de la tête d’affiche alors que la foule se presse pour voir le show qui démarre quelques minutes après. Survolté, Corentin galvanise la foule dès les premiers riffs en remerciant les spectateurs d’être venus aussi nombreux, puis les riffs Metalcore du combo arrivent. Si lui et Benoit (basse) attirent tous les regards, c’est grâce à leur jeu de scène énergique et motivant, pendant que Loïc et Harry (guitares) s’occupent des rythmiques qui déferlent littéralement dans le Gibus. Derrière le tout, Guillaume frappe ses fûts avec application, que ce soit lors des nombreux breaks du combo ou lors des rythmiques qui rendent le public fou. En effet, le groupe débute par 404, le dernier clip, qui anime la fosse avec un mosh plus ou moins organisé. Corentin demandera d’ailleurs très souvent aux spectateurs de sauter, et les samples Electro les feront s’exécuter instantanément. Tout le groupe se déchaîne sur scène, mais le public lui répond, et à chaque “foutez le bordel !”, c’est le coeur de la fosse qui répond. Les parisiens enchaînent avec la suite de leur album, mais c’est surtout Pigs Never Die qui me marque. Très différente des autres compositions, avec une prédominance pour les rythmes électro et qui relèguent les guitares au second plan, ce qui semble ravir la majorité du public venu ce soir, mais qui me laisse perplexe. Un petit moment de flottement où le chanteur prendra la parole, avant de recommencer avec “un son du Turfu!” qui enchaîne sur la suite de leur album. Le mosh continue alors de plus belle, jusqu’à ce que Corentin ne se jette dans la fosse, soutenu par des paires de bras pour terminer son set sous une rythmique construite et maîtrisée par ses compères qui nous montrent à quel point ils sont heureux d’être présents et de pouvoir jouer leur nouveau bébé, ainsi qu’un peu plus, grâce à un petit rappel.

Setlist : 404 – Hello – Renegade – OG Gold – Pigs Never Die – Addictions (Turfu) – Ritual – Anubis – Imperfections – Snowflake
Rappel : Fear // Weakness

La soirée se termine tôt, et le public ressort du Gibus épuisé. Peu importe pour qui ils sont venus ce soir, les spectateurs, échauffés lors de la mise en bouche Without A Sin, détruits au plus profond d’eux même lors de Widespread Disease ou épuisés par une session dans la boîte de nuit fonctionnant aux breaks d’Out Of My Eyes, sont contents d’avoir été là. La scène locale parisienne ne s’est jamais aussi bien portée, et je pense pouvoir affirmer sans me tromper que le Gibus n’était pas si loin d’être plein ce soir là.

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