Par où commencer… Sur un coup de tête, j’ai décidé de prendre un billet pour le Netherlands Deathfest avec un ami. Hôtel réservé, budget mis à jour, nous voilà partis pour cinq heures de route, direction les Pays-Bas.
Nous partons le vendredi 2 mars de Paris puis traversons la Belgique ainsi qu’un bout des Pays-Bas pour arriver à Breda pour prendre possession de notre chambre d’hôtel. Une petite ville tranquille, et des routes propres et calmes. Mais le temps presse, le festival ouvre à 16h ! Premier contact avec Tilbourg ? Les places de parking payantes. Le budget est limité, alors nous nous éloignons puis marchons vers le 013 afin d’aller faire quelques emplettes avant le début du premier concert. Mais c’est sans compter qu’il nous est impossible de rentrer avec un sac à dos ! Qu’importe, nous payons la consigne et pénétrons dans le market. Et les raretés sont présentes. CD first press, t shirts de groupes presque inconnus… C’est un autre monde, mais un autre monde qui coûte cher, et il faut étaler le budget sur trois jours. Nous nous familiarisons avec le système de jetons, les points boisson et nourriture… Le site est plutôt restreint mais très bien organisé. L’organisation nous informe de quelques remplacements de dernière minute, dus à la météo violente ce week end.
Merci à Niels Vinck & Paul Verhagen pour leurs photos.
HELLBOMB
Et le premier concert sera celui d’Hellbomb. Un groupe qui nous vient de Russie, pour nous envoyer une petite dose qui alterne entre Black, Thrash et Hardcore, avec des membres visiblement très heureux d’être présents au Netherlands Deathfest, et qui en veulent. Les quatre sont très énergiques, et leurs compositions semblent séduire le public, qui headbangue un peu. Cependant, pas de mosh pit, pas de violence, les gens se contentent d’être immobiles. J’avais été prévenu du caractère singulier du festival, mais j’en ai cependant été un peu surpris la première fois. Qu’importe, le guitariste et le bassiste jouent entre eux, bougent dans tous les sens sur la scène, le tout sous les hurlements de leur chanteur. Le charisme de ce dernier marquera d’ailleurs les esprits, et le bassiste n’hésite pas à l’aider pour quelques choeurs hurlés. Malheureusement, et comme le veut souvent la tradition dans ce style, les lumières sont plutôt sombres, il est donc difficile de bien voir. Mais ce premier contact avec la Second Stage est positif !
AURA NOIR
Les ayant ratés à Paris l’an passé, je ne pouvais résister à aller écouter les norvégiens d’Aura Noir sur la Mainstage. Si le trio semble surmotivé, les codes du Thrash Metal sont un peu trop présents pour moi. En effet, j’ai beaucoup de mal avec ce style, et la touche Black n’y fera rien. Malgré tout, la scène est vraiment bien éclairée, et le groupe, attendu d’une bonne partie de l’assemblée, reste énergique. Le public le lui rend bien en headbanguant en quasi-permanence, même si la fosse reste plutôt calme pour moi, habitué des salles parisiennes. Le groupe se permettra une petite exclusivité : Apollyon (batterie) chantera sur un titre, alors qu’Agressor (basse/chant) se reposera assis sur un retour, pendant que Blasphemer aligne ses riffs un à un. Les compositions s’enchaînent, et la fatigue du trajet se fait sentir, nous décidons donc d’aller tester les stands de nourriture pour revenir chargés à bloc.
Setlist : Sons of Hades – Schitzoid Paranoid – Destructor – Dark Lung of the Storm – Hell’s Fire – Sordid – The One Who Smite – Shades Ablaze – Deep Tracts of Hell – Black Metal Jaw – Gaping Grave Awaits – Sulphur Void
HIEROPHANT
On retourne dans la Second Stage pour assister au concert de Hierophant, sous un rideau de lumière, le plus souvent rouge. Si le trio est statique, leur charisme leur suffit à remplir la scène devant un public qui contemple principalement le show. L’ambiance est très lourde, et le son que les italiens nous envoient en pleine face de manière continue et sans aucune forme de pitié est imposant, bien qu’assez malsain. Mêlant un Black/Death à des influences Sludge/Doom, les musiciens s’avancent assez souvent sur leurs retours pour être au plus près de la fosse. Le duo vocal formé par Fabo Caretti (basse/chant) et Lollo (guitare/chant) est soutenu par les frappes de Ben (batterie), qui accentuent une sensation de malaise permanent. Le public est de plus en plus réceptif, et se prête facilement au jeu des italiens, alors que leur set touche à sa fin.
BROKEN HOPE
Après avoir chroniqué leur album, j’attendais de voir le combo américain pour prendre cette baffe une seconde fois. Et je ne suis pas le seul à avoir adoré le concert de Broken Hope, à en voir le nombre de t shirts par la suite. Mais revenons au show en lui-même, avec un groupe très communicatif, que ce soit entre ou pendant les titres. Ils se font un plaisir de nous envoyer leur Brutal Death en pleine face tout en jouant des titres piochés de toute leur discographie. Damian “Tom” Leski (chant) est réellement impressionnant au chant, alors que Diego Soria (basse) s’autorise à abuser de ses capacités sur son instrument pour sortir du lot face à la paire de guitaristes formée par Jeremy Wagner et Matt Szlachta. De son côté, Mike Miczek (batterie) abat ses blasts avec une précision terrifiante, pendant que ses compères alignent leurs riffs. Leur show s’achève dans la violence la plus totale du côté de la fosse.
THE OMINIOUS CIRCLE
Apprenant l’annulation de Leng Tch’e, je me dirige vers la Patronaat, scène que j’avais de toute façon décidé de visiter à ce créneau. Je découvre alors une église dont l’entrée se fait au compte-goutte, et qui se prête parfaitement au style des portugais de The Ominous Circle. Leur set débute par une entrée en scène théâtrale, avec des capuches, cagoules et de la fumée. Une ambiance ritualiste s’installe, alors que personne ne bouge. Un son absolument impeccable s’empare de cette scène minuscule, sous les riffs implacables et planants des musiciens, auxquels s’ajoutent une voix démentiellement puissante de la part du chanteur. Si malheureusement la scène ne leur fait pas honneur au niveau de la présence, l’espace confiné est totalement occupé. par le groupe, et le chanteur doit parfois se reculer pour laisser la place à ses musiciens. Visiblement très attendus, ils font honneur à leur réputation en offrant un show carré au possible, et le son imposant aide également à se sentir happé par leur univers particulier. Les larsens volontaires entre les titres aident à intégrer la dimension glaciale et aérienne de leur musique, de même que le groupe n’interagit absolument pas avec son public, même si le chanteur semble possédé.
SUFFOCATION
Place à l’un des gros noms de la journée, les américains de Suffocation sont venus à Tilbourg juste avant le début de leur tournée européenne pour nous offrir une leçon de Brutal Death Technique. Dès les premières secondes, on remarque que la paire de guitaristes formée par Terrance Hobbs et Charlie Errigo est toujours aussi efficace, sous les blasts répétés d’Eric Morotti (batterie). De son côté, Derek Boyer (basse) matraque son instrument avec fureur pour nous faire profiter d’un son exceptionnel, encore meilleur que la première fois que j’avais eu la chance de voir le groupe, et le public réagit très positivement en se déchaînant réellement. Au chant, pas de Frank Mullen cette fois, mais Ricky Myers (batteur de Disgorge) qui assure un remplacement à la hauteur de l’original. Côté setlist, on part sur un mélange festival, avec la part belle à Effigy Of The Forgotten, le premier album dont trois des titres seront joués ce soir là. Pendant près d’une heure, les américains ont fait des ravages sur la Mainstage, et ma nuque s’en souvient encore.
Setlist : Thrones of Blood – Return to the Abyss – Effigy of the Forgotten – Funeral Inception – Clarity Through Deprivation – Pierced from Within – Entrails of You – As Grace Descends – Liege of Inveracity – Catatonia – Infecting the Crypts
CARCASS
Après une pause bien méritée (suite à l’annulation de Rites Of Thy Degringolade à cause d’un souci technique sur la route) composée d’une portion de frites et d’une pinte de bière, c’est Carcass qui vient nous mettre une nouvelle raclée sur la Mainstage. La fameuse introduction du groupe précède l’arrivée des membres, et les riffs de 316L Grade Surgical Steel emplissent l’air. Bill Steer (guitare/choeurs) accompagné de son nouveau camarade Tom Draper (guitare, qui remplace donc Ben Ash dont nous avons appris le départ très récemment), joue ses harmoniques avec une facilité déconcertante tout en aidant Jeff Walker (basse/chant) grâce à ses hurlements bestiaux, pendant que Daniel Wilding (batterie) frappe avec enthousiasme sur ses peaux. Côté visuel, c’est plutôt compliqué dans un premier temps, puisque les lights uniformes rouges mettront un peu de temps à s’apaiser, cachant parfois même le backdrop composé d’un écran animé qui suit la mélodie. Les musiciens enchaînent les classiques en jouant entre eux tout en occupant l’intégralité de l’espace de scène. Jeff compense le manque de communication entre les titres en se penchant au dessus de la fosse (en majeure partie composée de fans inconditionnels du groupe) remuante avec sa basse sur le genou. Peu à peu, les lumières se font plus douces alors que le son reste excellent, et les stroboscopes collent à la perfection aux riffs assassins du groupe, qui clôturera son set par un petit medley.
Setlist : 1985 (sur bande) – 316L Grade Surgical Steel – Buried Dreams – Incarnated Solvent Abuse – No Love Lost – Unfit for Human Consumption – Cadaver Pouch Conveyor System – Genital Grinder – Exhume To Consume – Reek Of Putrefaction – Keep On Rotting In The Free World – Corporal Jigsore Quandary – Ruptured in Purulence / Heartwork
La journée s’achève malheureusement ici pour nous, car la fatigue de la route nous saisit. Un dernier passage par le merchandising, et nous voilà repartis sur Breda. L’hôtel est calme, le lit accueillant… Il ne nous en fallait pas plus pour nous endormir rapidement !