Review 123 : Sleep – The Sciences

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C’est à l’occasion du vingt avril 2018 (noté 4/20 aux USA) que le groupe américain Sleep a décidé de nous faire une petite surprise. Un nouvel album, nommé The Sciences que les fans attendaient depuis 2003.

Mais revenons d’abord sur l’histoire de cette légende du Doom/Stoner. Formé par Matt Pike (guitare, High On Fire), Al Cisneros (basse/chant, Om, Shrinebuilder) et Chris Hakius (ex-Om, ex-Shrinebuilder) en 1989 après la dissolution de Asbestos Death, les trois musiciens travaillent avec Justin Marler (guitare, Quick and the Dead) pour créer un premier album d’excellente facture. Le départ de Justin en 1992 n’affecte pas leur créativité, puisqu’ils sortent un EP la même année, suivi d’un nouvel album. En 1998 sort Jerusalem, considéré à l’époque comme leur plus grand chef d’oeuvre, mais le groupe se sépare la même année. Alors qu’ils sont en pause, ils publient Dopesmoker, une version allongée et remasterisée de Jerusalem. C’est cet album qui les fera entrer définitivement dans la légende. Alors que les membres se consacrent à d’autres projets, ils se reforment en 2009 avant que Chris Hakius ne prenne sa retraite musicale. Il est remplacé par Jason Roeder (Neurosis), mais le groupe ne fait que des apparitions épisodiques sur scène. Le groupe avait annoncé être en studio depuis quelques temps, mais nous n’avions plus de nouvelles… jusqu’au 19 avril. Je vous laisse vous installer confortablement.

L’album démarre avec The Sciences, le morceau éponyme, sur un larsen maîtrisé. Les tonalités dérangeantes et grasses du Stoner sont déjà présentes, mais il faut attendre la fin de cette introduction instrumentale pour que le son ne devienne clair avant Marijuanaut’s Theme, qui débute par… un bong. Le son caractéristique pousse à la consommation avant que cette déferlante lente, grasse mais surtout lancinante ne nous tombe dessus. Je vous jure être resté sobre du début à la fin, mais ces riffs hypnotiques, combinés à la voix d’Al Cisneros m’ont accroché dès le début. Quelques harmoniques placées de temps à autres, ainsi qu’une guitare lead torturée, et c’en est fini de votre volonté. On se retrouve alors instantanément à hocher la tête au rythme des frappes de Jason. Pas besoin d’enchaîner les parties techniques, la rythmique tourne toute seule, permettant à Matt Pike de placer un solo inopiné, et il est bon de retrouver les américains après quinze années d’absence. Le titre se termine d’un coup pour continuer sur Sonic Titan, une chanson encore plus longue et plus lente. Alors que l’on a l’impression que c’est un nouveau titre qui démarre après cinq minutes d’un mur de son pachydermique, c’est bien la suite de la composition, tout aussi lourde et puissante, mais avec cette fois un peu de voix et surtout quelques effets psychédéliques en plus. Je vous laisse découvrir la magie de la basse sur cette composition.
Le tempo accélère encore une fois avec Antarcticans Thawed, mais les frappes sont beaucoup plus martiales et marquées. Les riffs lents des américains nous engluent dans leur musique, qui ralentit encore et encore, permettant des breaks à la batterie avant un solo de guitare dissonant et plutôt technique, alors que les deux autres instruments tiennent parfaitement la rythmique. Le son s’évapore peu de temps après, mais le groupe nous abreuve à nouveau avec Giza Butler. Cette jolie référence au bassiste emblématique de Black Sabbath, qui démarre de manière quasi-silencieuse avec une sorte de pulsation sous un rythme presque Blues, va d’un seul coup exploser pour nous présenter un riff d’une puissance inégalée. Le son de la basse a fait partir mon esprit à des lieues tout en me rappelant à la réalité grâce à ces petites harmoniques sauvages. Une fois remis de cette claque, c’est The Botanist, le dernier titre qui démarre. Cette composition, qui n’a pas dû naître sans quelques produits, est beaucoup plus atmosphérique que les autres. La basse, planante au possible, tient la rythmique avec la batterie, permettant à Matt de faire ce qu’il veut avec sa guitare. Et il ne va pas se priver : son clair, solo bourré de distorsion, larsen final, effets en tous genres… Le titre s’achève après ce qui semble être un morceau de musique expérimentale.

Avec The Sciences, Sleep a voulu nous récompenser pour notre attente. Et ça valait le coup d’attendre ! Chaque composition est un nouveau monument, et l’album confirme que le groupe se bonifie d’années en années. Rares sur scène, j’attends avec impatience de pouvoir observer la légende à l’œuvre en live, que ce soit en salle ou en festival.

90/100


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