Review 147 : Sigh – Heir To Despair

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S’il y a bien un groupe qui ne s’impose aucune limite et aucune règle, c’est bien Sigh.

Créé au Japon en 1989 sous le nom de Ultra Death (le nom a changé en 1990) par Mirai Kawashima (chant/claviers/percussions/instruments folkloriques, ex-Cut Throat, Necrophagia) et Satoshi Fujinami (basse/ex-guitariste/batteur/percussionniste), le groupe part sur un Black Metal au son Extrême et très Avant-Gardiste. Le groupe accueille Junichi Harashima à la batterie en 2004 (ex-Hellchild, ex-Gonin-Ish), Dr. Mikannibal, la femme de Mirai au chant secondaire et au saxophone en 2007 et You Oshima (Kadenzza) à la guitare en 2014. C’est aujourd’hui Heir To Despair, le onzième album de la formation qui sort, qualifié comme “extrêmement personnel” par le leader du groupe et avec la participation de Kevin Masaya Kmetz (God Of Shamisen) pour le shamisen sur quelques titres. Petite particularité, si l’on inclut l’initiale de leur EP de 1997, on obtient trois fois SIGH. Prêts pour une expérience inédite ?

Aletheia est le premier titre de cet énigmatique album. La rythmique est très accrocheuse de base, bien qu’assez originale, grâce au son de basse, mais également aux instruments quelque peu “inhabituels” et au chant, assez éloigné des standards du genre. Mais une fois habitué, on sent clairement des influences Folk, des parties étranges, des sons électroniques plus modernes… Mais le mélange est excellent ! Guidé par une double voix puissante, c’est par un hurlement et un final bruitiste que l’on enchaîne sur Homo Homini Lupus, avec la participation de Phil Anselmo (Down, Scour, ex-Pantera, ex-Necrophagia, ex-Superjoint Ritual…). La rythmique est beaucoup plus épique, mais on retrouve la patte des japonais qui permet de mêler une rythmique Black Metal folle avec les autres instruments, ce qui en fait un titre extrêmement riche et intéressant. Sur le refrain, la voix rauque de Phil Anselmo rejoint celle des deux chanteurs pour un son plus brut. Brut, c’est d’ailleurs le mot qui qualifie le mieux Hunters Not Horned, lorsque la rythmique ne chevauche pas les claviers modernes. Le chant saturé rencontre une voix claire pour un contraste saisissant.
L’album continue avec In Memory Delusional, un morceau qui combine rapidité et vélocité du Black Metal que l’on connaît à Sigh, couplé à des passages en chant clair et des moments malsains au possible. A ce mélange, on ajoute des passages plus techniques, voir même Progressifs, mais toujours dans le style des japonais. Heresy I: Oblivium va probablement vous surprendre. Débutant comme une composition ambiante avec des touches électro et une voix distante, la guitare revient progressivement puis s’impose avant de repartir. Une autre voix un peu plus dérangeante apparaît, puis la rythmique repart… Ce morceau vous a oppressé ? Alors attendez Heresy II: Acosmism pour être vraiment mal à l’aise. Tout en nous plongeant en plein film d’horreur, la composition explore un spectre de sons assez large : un saxophone, des samples… Heresy III: Sub Species Aeternitatis débute comme une berceuse, mais deviendra sur la fin une nouvelle incarnation du mal.
Retour sur quelque chose de plus conventionnel avec Hands Of The String Puller, un titre très Black avec des éléments Prog, mais aussi Psychédéliques qui font prendre au morceau un son très particulier, également grâce au duo de voix et aux instruments folkloriques. Dernier titre de l’album, mais également le plus long, Heir To Despair reste sur une base assez martiale avec les ajouts propres au groupe. Entièrement instrumental dans un premier temps, la rythmique s’adoucit et le chant intervient. Le titre prend alors cet air dansant mais toujours avec cet aspect sombre, et je n’ai absolument pas vu le temps passer jusqu’au final cauchemardesque.

Le tout peut paraître étrange présenté ainsi, mais c’est ce qui fait le charme de ce Sigh, ce qui nous pousse à réécouter Heir To Despair en boucle. Beaucoup moins abordable que les précédents, il ravira toutefois les plus ouverts d’esprit, et ne laisse absolument rien au hasard. Il me tarde de découvrir cet album sur scène, avec, je l’espère, le grand retour sur le sol français !

90/100

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