Live Report: 2018-10-14 – Dir en Grey + Name That B**** – Paris

Dir en Grey + Name That B****
Dir en Grey + Name That B****

Il y a près de douze ans, je découvrais un groupe japonais d’une puissance extraordinaire nommé Dir en Grey. Dès le premier titre terminé, j’ai tout de suite aimé et adulé ce groupe, et j’ai rêvé de les voir, mais j’ai également pensé que ce serait impossible.

Et pourtant, lorsque Dir en Grey a annoncé son Wearing Human Skin avec une date à Paris, je n’ai pas pu m’empêcher d’être parmis les premiers à prendre ma place. Ainsi qu’un ticket VIP. Le tout sans être photographe, et je peux vous assurer que ça m’a vraiment fait bizarre…
C’est d’ailleurs pour cela que je remercie chaleureusement Pierre Sopor, du webzine VerdamMnis, pour les photos qu’il m’a autorisé à inclure dans ce live-report !

C’est donc tout naturellement que je me suis rendu devant le Trianon un peu avant 14h. L’attente fut longue, mais j’ai retrouvé des amis de tous les coins de l’hexagone, mais également des fans venus d’Allemagne, Italie et Espagne, parlant à peine français mais partageant tout comme moi cette passion pour Dir en Grey. C’est alors que l’organisation vient chercher les VIP. Après une première puis une deuxième vérification, nous patientons encore à l’intérieur, où la sécurité nous explique les consignes. Nous récupérons alors nos goodies : un bracelet en silicone ainsi qu’un CD préalablement dédicacé par le groupe, puis attendons patiemment que les membres arrivent. La séance photo débute enfin, les membres se tiennent derrière nous, et c’est par groupe de cinq que nous nous positionnons sur des chaises sans un mot. Arrive ensuite la session de questions-réponses avec le groupe, où plusieurs thèmes sont abordés : leur matériel, leurs groupes préférés, leur titre préféré sur scène, mais également les paroles et l’état de Kyô, qui semble être épuisé par cette séance. Par la suite, nous sommes conduits dans un calme très relatif jusqu’à la scène, où je prends conscience du fanatisme de certains fans, qui sont prêts à tout pour garder le millimètre de place dont ils ont sauvagement pris possession.

(Crédits photo : Pierre Sopor – VerdamMnis)

Après un nouveau moment d’attente, la première partie débute enfin. C’est donc avec un titre de My Chemical Romance que le DJ Name That B**** essaye de chauffer la salle. En effet par miracle certains spectateurs apprécient ce groupe, mais ce n’est absolument pas mon cas. Même constat pour le mélange de Papa Roach avec un groupe de Rap américain, ainsi que pour le titre de Linkin Park dont il a coupé la basse tout en sautillant derrière sa table de mixage. Entre deux titres, certains hurlent “Dir en Grey! Dir en Grey!” dans le plus grand respect, mais le bougre continue son oeuvre, en diffusant d’autres morceaux qu’il mélange parfois avec un autre. Au bout d’à peine une demi-heure, c’est la fin pour lui, et il repart avec son matériel.

(Crédits photo : Pierre Sopor – VerdamMnis)

Mais soudain, les lumières s’éteignent. L’écran géant en fond de scène s’illumine. Les fans hurlent. Les membres du groupe entrent un à un sur la scène. Et le premier titre démarre. Kyo (chant), jusque lors statique avec le regard vide accentué par son maquillage malsain, commence à hurler, et la fosse commence à bouger. Le mouvement de foule est partagé entre les premiers rangs qui n’hésitent pas à lutter pour conserver leur place, et ceux plus au centre qui tentent de s’écraser violemment devant. Mais sur scène, le groupe mène une autre guerre. Shinya (batterie) abat violemment ses baguettes sur son kit pendant que Die (guitare) headbang ) se rompre le cou devant son ventilateur, faisant voler ses cheveux alors que le musicien nous fixe en alignant ses riffs. Plus calme, Kaoru (guitare) joue tranquillement en remuant la tête, tandis que Toshiya (basse) violente son instrument, plus en retrait. Et le chanteur commence alors à gesticuler, comme possédé, sous des lumières divinement bien choisies. Cependant, il m’est impossible de profiter pleinement du show, tant les allemandes devant moi ne semblent pas comprendre le principe d’un concert de Metal, allant jusqu’à donner des coups de coude aux autres spectateurs. Mais le groupe semble tellement engagé sur scène, que j’en oublie leur attitude irrespectueuse, et que je me laisse transporter par les riffs des japonais. Die, Kaoru et Toshiya aident alternativement Kyo au chant sur certains passages, mais c’est le frontman que tous regardent et écoutent avec attention. Celui-ci nous gratifiera d’ailleurs de son growl le plus puissant, puis de certains passages aigus plus ou moins maîtrisés, ajoutant une dimension humaine à ce show littéralement surréaliste. Kyo se placera d’ailleurs sur son marchepied afin de trôner devant la salle pleine, avant d’entamer des mouvements presque mystiques tout en chantant. Devant ce son parfait, impossible de ne pas fondre à chaque frappe, chaque harmonique, chaque cri. Alors que Die headbangue en quasi-permanence, Kaoru est illuminé lors de son solo, puis Kyo s’accroupit afin de hurler encore plus rageusement, tel un possédé. Alors que les changements d’instrument sont assez fréquents, c’est parfois le visage déformé que les musiciens nous scrutent et nous haranguent, tandis que leur chanteur se démène avec son micro. Tous nous font profiter de leur virtuosité selon les morceaux, alors que les fans hurlent entre chaque titre, mais ce qui me marque le plus, c’est le jeu de scène de Kyo. Le chanteur, aidé de son micro au câble rouge, fait mine de s’arracher centimètre par centimètre les intestins avant de les laisser choir au sol puis de les piétiner rageusement et de commencer à hurler. Très rapidement, il posera d’ailleurs son micro sur un pied muni d’une caméra, et sortira chacun de ces bruits malsains le visage face à la caméra, retransmise sur l’écran. Plus aucun doute n’est possible, il est littéralement possédé par la musique. Son regard fuyant, vide, puis d’un coup parfaitement concentré, ses mouvements presque mécaniques, et d’un coup la sauvagerie la plus totale. Alternant chuchottements, bruits et vrai chant, l’homme revient sur le devant de la scène pour un Ranunculus très intense, surtout après ce hurlement inhumain qu’il pousse visiblement sans aucune difficulté. Toshiya et Die arpentent la scène en s’approchant du bord, au plus près du public, pendant que Kaoru reste très concentré sur son instrument, et le show se poursuit, le groupe alternant passages planants et riffs plus violents. Mais c’est sur The IIID Empire que j’ai littéralement perdu mes cervicales. Etant l’un des premiers titres que j’ai entendu du groupe, je n’ai pu m’empêcher de headbanguer autant que le bassiste ne virevoltait avec son instrument sur scène, emportant avec lui les autres musiciens dans sa folie. “Jump! Jump!” nous ordonne le frontman. Mais après une séance très douloureuse pour ma nuque, je ne vois plus Kaoru., même lors du titre suivant. Kyo sourit devant l’assistance, qui semble être au comble du bonheur. “Paris!” hurle le chanteur. Et les musiciens quittent la scène.
Que se passe-t-il ? Les “Dir en Grey! Encoré! Dir en Grey! Encoré!” fusent dans l’assistance, et ce n’est qu’après de longues minutes que les musiciens reviennent pour trois titres supplémentaires. La divine The Final, dont la “nouvelle” version me fera tout de même froncer les sourcils, la connaissant sur le bout des doigts dans sa version originale, ainsi que deux titres très récents. “Paris! Paris! The last song!” hurle Kyo avant de retirer sa chemise pour Rasetsukoku, le dernier titre. Et c’est sur les derniers riffs que le concert prend fin, avant la traditionnelle séance de lancer de médiators, baguettes et bouteilles d’eau.

Setlist : UTAFUMI – FUKAI – Ash – Revelation of mankind – WAKE – Devote My Life – KEIBETSU TO HAJIMARI – RINKAKU – THE BLOSSOMING BEELZEBUB – Ranunculus – NINGEN WO KABURU – Values of Madness – THE IIID EMPIRE – Beautiful Dirt
Rappel : THE FINAL – Sustain the untruth – RASETSUKOKU

 

Depuis des années, j’ai un top 5 en matière de musique. Et Dir en Grey était le dernier de ce top 5 que je n’avais jamais vu. Ce rêve est désormais exaucé, et je n’en reviens toujours pas. Malgré les fans insupportables et irrespectueuses, j’ai (de manière exclusivement personnelle) trouvé la setlist un peu faible par rapport à la puissance que les japonais sont capables de dégager sur scène. Je n’ai pas eu un seul des mes classiques, mais je suis tout de même heureux. Dir en Grey, c’est la première fois pour moi, mais ce ne sera sûrement pas la dernière, je vous le promet.

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