Pourtant méconnue du grand public, la scène indienne regorge de perles qui ne demandent qu’à être découvertes, comme Dark Helm.
Formé en 2008 à Pune par le guitariste Mohanish Deshmukh, il monte un premier line-up pour mêler Deathcore avec des influences folkloriques du Moyen-Orient, avec notamment le bassiste Shubhrayu De afin d’enregistrer le premier album de la formation en 2011. Mais après de nombreux changements, la formation intègre Arijeet Mohapatra à la batterie et Dhairya Anand au chant en 2015. Ensemble, les indiens travaillent d’arrache-pied sur Hymnus De Antitheist, leur second album qui célèbre par la même occasion leurs dix ans. Prêts à entrer dans cet univers ?
L’album débute par At Dawn, un titre instrumental planant qui intègre un clavier mélancolique et une ambiance lourde pour planter le décor. Semblable à une plaine désertique qui subit une légère brise, la tempête arrive finalement avec Cilice. Introduits par une ambiance orientale, les riffs du groupe balayent tout sur leur passage grâce à un mix moderne. Le chant puissant de Dhairya est parfaitement encadré par cette tornade. Cette violence s’apaisera soudainement avec un break très atmosphérique, merveilleusement souligné par la basse et la batterie, mais il ne sera que de courte durée sur cette longue composition, et la saturation reviendra bien vite dans la rythmique. Des samples contrastent avec le tout, mais les musiciens s’acharneront à nouveau pour un son saccadé très entraînant. Eulogy, le titre suivant, est moins subtil. Les riffs techniques s’enchaînent, et même si quelques samples sont toujours présents, ils ne font que renforcer l’ambiance malsaine que le groupe donne à sa musique violente.
Beaucoup plus criard bien que toujours soutenu par cette basse omniprésente, Embers joue également sur un aspect technique mêlé à des parties plus calmes pour séduire grâce au contraste extrême. Soudain, un chant clair survient, puis une autre voix, un hurlement, et les parties s’emboitent à merveille dans ce mélange presque ritualistique, tout comme Akasha qui nous relance dans cet univers aérien grâce aux samples. La violence qui survient d’un coup ne gâche en rien la sérénité instaurée précédemment, et la sublime même, alors que les indiens font preuve d’une extrême dextérité pour placer leur rythmique. Difficile de passer après une telle déferlante, mais Loss Laments relève le défi avec une introduction instrumentale qui amène un superbe chant clair. Même ce long hurlement ne dissipe pas l’atmosphère créée, tant la progression semble naturelle. Et l’explosion semble également évidente, car terriblement bien préparée.
Reprise d’une violence maîtrisée avec Obey et sa rythmique saccadée au mixage parfait, alors que quelques éléments Death Metal font parfois leur apparition. A nouveau, c’est un mélange équilibré entre chant clair transcendant et hurlement guttural qui frappe fort et juste, mais Asleep At The Wheel nous fait entrer dans un tout autre état. Comme hypnotisé par cette introduction mystique, la technicité des musiciens capture notre attention pour ne plus la relâcher, et le groupe en profite pour nous asséner sans relâche des riffs tous plus violents les uns que les autres. Fallacy, le dernier morceau, est une courte balade atmosphérique qui s’arrête soudainement pour nous laisser sur notre faim et nous donner envie de rejouer l’album.
Si sept années séparent le premier du deuxième album de Dark Helm, la qualité est au rendez-vous sur Hymnus De Antitheist. Mêlant sans cesse technicité, son lourd et écrasant avec la légèreté des ambiances folkloriques, le groupe a un bel avenir devant lui s’il continue sur cette lancée. Si pour le moment ils se sont cantonnés à leur pays, des shows à l’international seraient une excellente nouvelle pour les indiens.
80/100