Review 154 : Violence Mortuaire – Quidam

Mélanger des styles est monnaie courante dans le Metal, mais le résultat obtenu par Violence Mortuaire est étonnant.

Créé en 2016 par Colt Wiseman (guitare/basse/chant) et Clément Soubrouillard (batterie, Möhrkvlth), deux musiciens dont l’alliance improbable peut surprendre, le groupe sort rapidement un EP en 2017, puis s’attelle à son premier album. Nommé Quidam, il mêle avec brio des styles très opposés, comme le Screamo, la poésie, le Black Metal, le Jazz ou encore le Hardcore pour un son que vous allez découvrir tout de suite.

154 - violence mortuaire - quidam

On démarre cet album avec les pleurs samplés de Post Coma, un titre qui ne mettra pas longtemps à démarrer. Ponctué de petites explosions entrecoupées de passages plus calmes, le morceau avance, jusqu’à arriver à un sample qui récite un poème, puis les riffs violents reprennent le dessus. Impossible de réellement qualifier cette tornade tant les influences sont diverses et opposées. Alternant sensiblement entre les moments violents avec hurlements, breaks jazzy et sublimes vers, on ne se rend pas compte du temps qui passe jusqu’au bassdrop introductif de Post Emergency. Moins sauvage car moins irrégulière, la rythmique de ce morceau est parfois ornée de voix claires ou d’harmoniques tranchantes, et on sent la progression jusqu’à la note finale. Post Mortem débute par le bruit d’un électrocardiographe, qui amène à une douce guitare qui s’envole finalement avec un hurlement de terreur. Toujours très atmosphérique, la musique du groupe nous transporte lentement, rappelant cette violence sous-jacente grâce à des hurlements profonds. La reprise suite à cet extrait des Fables de La Fontaine est tout simplement transcendant. Le morceau s’arrête, repart, se calme…
Nouvelle ambiance avec Post Thana et des riffs inquiétants plutôt sombres nous amènent jusqu’à une récitation de vers de Charles Péguy avant un solo hypnotique. Les deux hommes reviennent sur une rythmique imposante avant de s’éteindre d’un coup. Post Burial débute cette fois-ci par un texte de Victor Hugo, mais les mots deviennent de plus en plus pesants, et les guitares peinent à se retenir, alors que c’est finalement la rythmique entière qui explose. Saccadée, torturée, vicieuse… Les riffs s’adoucissent avec le chant clair en arrière plan, puis écrase à nouveau tout sur son passage avant de mourir à petit feu dans l’obscurité. Beaucoup plus directe, Post Judgment débute avec un sample et attaque avec des riffs froids et rapides qui deviennent finalement quelques notes aériennes, s’appuyant beaucoup sur les différentes cymbales, et le chant saturé disparaît finalement. Une sorte d’intermède en quelque sorte.
Mais pas de panique, les hurlements sauvages sont de retour sur Post Pardon. A nouveau la rythmique est totalement déchaînée, et les rares passages où elle est contenue ne sont qu’un prétexte à une nouvelle explosion riche en harmoniques, en riffs saccadés et en notes intrigantes. Quelques claviers subliment les breaks avant que les autres instruments ne s’expriment, et c’est bien trop rapidement que nous arrivons à Post Break. Très court et très atmosphérique, ce titre nous emmène progressivement à une déclaration grave et surtout réaliste avant de lancer des riffs calmes qui nous permettent de nous préparer à la fin. C’est donc religieusement que démarre Post Heaven, juste avant une technicité folle. Le groupe voulait finir en beauté, et ce riff froid qui fond sur nous en est une parfaite illustration.

La chose la plus simple avec Violence Mortuaire, c’est de se laisser happer par l’univers transcendant de Quidam, un album riche et diversifié. La chose la plus difficile, c’est de ne pas le relancer une fois le dernier morceau fini pour tenter de saisir à nouveau toutes les nuances de leur musique. Un projet fou, peut-être même farfelu, mais qui marche à plein régime.

80/100


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