Après une accalmie, Déluge revient.
Créé en 2013 en France, le groupe se compose de François-Thibaut Hordé (guitare), Maxime Febvet (chant), Frédéric Franczak (basse), Benjamin Marchal (batterie) et Richard de Mello (guitare, Dagoba). Après un EP en 2014 et un premier album l’année suivante, voici AEgo Templo, leur sophomore. Hélène Muesser (chant) participe à quelques titres.
C’est avec Metal Blade que ce deuxième album sort, et le groupe continue de suivre sa voie entre Post-Hardcore, “Untrue” Black Metal (comme l’a déclaré le groupe) et un chant viscéral en français. Soufre illustre d’ailleurs parfaitement ce mélange contrasté avec des leads perçants, une rythmique lourde et une dualité vocale étrange. La fureur se saisit parfois des riffs, puis c’est la quiétude qui domine, tout comme sur la sombre Opprobre. Le titre surprendra également grâce à ce lead en plein centre, mais reprend rapidement sur un Post-Hardcore mélancolique. La longue Abysses développera également plusieurs ambiances, de l’angoisse à la langueur, de la violence aux tonalités plus douces, mais en respectant toujours ce principe de dualité sonore. Des sonorités modernes et dissonantes se font entendre sur Frates, un morceau qui nous permet de respirer avant de prendre de nouveau la tornade de plein fouet sur Gloire au Silence. Le morceau est très intense dès le départ, et elle baissera à peine lors des passages plus calmes. L’apparition de Tetsuya Fukagawa (envy) viendra briser cette dynamique, qui reprend progressivement après, offrant un passage à la fois doux et angoissant.
AEgo Templo démarre lentement avec un son aérien et glacial, puis les musiciens renouent avec la furie, offrant une véritable vague déferlante de noirceur et de rage. Les cris accompagnés par quelques vocalises en arrière plan offrent un contraste sublime, tout comme les leads perçants de Baïne. Le chant se rapproche de plus en plus jusqu’à ce que la rythmique explose. Cette calme mélodie entêtante se mêle avec la rythmique saccadée du groupe, qui nous offre des moments planants. Digue, le titre suivant, mélange une introduction douce mais inquiétante ainsi que des riffs sombres et saisissants avec un chant aussi incisif qu’empli de peine. On sent une certaine progression jusqu’au point culminant, et la libération nous redirige sur ce clavier intrigant avant Beryl. Pour être honnête, je trouvais ce titre assez lent, puis il a révélé d’un seul coup toute sa saveur, de manière totalement inattendue. Place à Vers, le dernier titre. Une douce vague en guise d’introduction, puis c’est la tempête qui s’annonce. Lourde et imposante, la rythmique truffée de petites harmoniques lacérantes s’étend, freine, accélère, freine à nouveau puis nous offre un final violent avant de s’éteindre.
Bien que parfois surprenant, AEgo Templo est un pari réussi pour Déluge. Le groupe intègre toujours plus d’influences à sa base planante, et on se laisse porter par le courant, qu’il soit rapide ou lent.
80/100