J’ai eu le plaisir d’interviewer Guillermo Izquierdo, guitariste et chanteur du groupe de Thrash Metal espagnol Angelus Apatrida, pour la sortie du sixième album du groupe, Angelus Apatrida.
Bonjour et tout d’abord, merci pour le temps que tu m’accordes ! Pourrais-tu vous présenter, Angelus Apatrida et toi, avec tes propres mots s’il te plaît ?
Guillermo Izquierdo (chant/guitare) : Salut, c’est Guillermo. Je suis chanteur et guitariste d’Angelus Apatrida, groupe de Thrash Metal espagnol. Ca fait 20 ans qu’on est ensembles, on a sorti six albums (le septième, éponyme, arrive le 5 février) dont les cinq derniers avec Century Media Records, notre famille depuis 2009. Et c’est un plaisir de répondre à tes questions !
D’où vient le nom du groupe ? Est-ce que sa signification a changé au cours des années pour toi ?
Guillermo : On était gamins quand on a commencé à jouer ensemble, on avait besoin d’un nom pour participer à un concours local et jouer notre premier concert, notre ancien batteur (mon frère Alberto) a choisi ce nom avec un logo cool, un mélange d’espagnol/langue latine. Ça se traduit par ange sans patrie, anges apatrides, un truc comme ça. On a beaucoup gagné en popularité très rapidement, d’abord dans notre ville natale, puis quelques années plus tard dans tout le pays, ce qui était très très difficile dans ces temps là, donc on a décidé de garder ce nom, original et étrange ! Je dirais qu’on a jamais aimé le nom, mais on s’y est habitués, et au fil des années il a pris de plus en plus de sens à nos yeux.
Angelus Apatrida est sur le point de sortir Angelus Apatrida, l’album éponyme et le septième du groupe. Vous en êtes satisfaits ?
Guillermo : Absolument. C’est l’album le plus puissant, énervé et agressif que l’on ait écrit. Droit dans ta face, un parfait carton d’invitation pour ceux dont c’est le premier contact avec le groupe. C’est la première fois que l’on travaille avec le gourou américain Zeuss et on ne pouvait pas être plus heureux de ce résultat final et de la puissance brute de l’album. C’est de la musique hostile pour des temps hostiles.
Comment s’est passé le processus de composition ? Était-il différent des précédents albums ? Est-ce que le Codiv-19 a changé quelque chose à vos plans pour cet album ?
Guillermo : A la base ça devait être un court EP : nous avions pas mal de tournées et festivals pour 2020 alors nous avons réalisé que nous n’aurions pas le temps d’enregistrer un nouvel album, mais la pandémie est arrivée et tout a été annulé. Notre manière de le composer et de l’enregistrer est toujours la même. Nous aimons composer seuls à la maison, chacun chez soi, puis on se partage ça par internet (nous vivons dans des villes différentes) puis chacun de nous, quand les titres sont terminés et approuvés par tous, le répète seul à la maison jusqu’à ce qu’on rentre en studio. Cette fois disons que la pandémie a “aidé” à être 100% concentré sur le nouveau matériel. Les tournées sont notre job à plein temps et depuis que nous ne pouvons plus continuer à tourner, nous avons pu nous concentrer exclusivement sur l’écriture de nouvelle musique, à la produire puis à l’enregistrer facilement, doucement et de manière confortable.
Vous avez collaboré à nouveau avec Gyula Havancsák pour l’artwork, comment la pochette peut-elle être reliée aux titres ?
Guillermo : Gyula travaille avec nous depuis trois albums, y compris Angelus Apatrida. C’est un mec super talentueux, et une personne très cool, il comprend parfaitement notre musique et nos sentiments, et il est capable de retranscrire tout ça à la perfection dans ses artworks. Il a toujours voulu faire une image de nature morte, alors nous lui avons donné totale liberté concernant sa propre perception du concept de l’album. Il a choisi ce portrait “révolutionnaire”, une vraie œuvre d’art remplie d’easter eggs de nos précédents albums, de vieux titres et d’autres trucs. On aime vraiment, et ça rend vraiment bien sur la version vinyle.
J’ai remarqué que les noms des titres sont très vindicatifs, qu’est-ce qui vous a inspirés pour écrire la musique et les paroles sur cet album ?
Guillermo : Nous aimons toujours écrire à propos d’enjeux sociaux, d’injustice, de défense des droits de l’Homme, etc… des choses que nous voudrions encenser dans la société et des choses que nous souhaitons attaquer concernant la société également. On est un groupe de Thrash Metal très influencé par l’esprit Punk et Crossover, on aime parler d’histoire, de philosophie et d’autres choses intéressantes également. Cette fois, pendant l’année dernière, la pandémie elle-même nous a fait avoir un tas de mauvais sentiments et émotions, alors on a couché ça sur le papier et dans la musique.
A propos de votre son, j’ai senti plus de racines Thrash Old School sur cet album, et des fois je jurerais entendre des touches à la Chuck Billy de Testament, est-ce que tu ressens ça aussi ?
Guillermo : Ouais, comme je l’ai dit avant nous sommes très influencés par le Thrash brut et l’esprit Punk/Hardcore, cette fois vu qu’on est sur des compositions plus agressives, tu peux trouver des formes plus Old School pure, et des touches un peu Punk. Ouais, Testament est une grande influence et la voix de Chuck a toujours été l’une de mes favorites, des fois c’est très difficile de ne pas laisser ces influences apparaître dans le son.
Le line-up d’Angelus Apatrida est pratiquement le même depuis le tout début, ce qui est très rare. Avec vous un secret pour garder cette cohésion au sein d’un groupe de Metal ?
Guillermo : Depuis le tout début, c’était ce que nous voulions faire. Peut-être que ce petit “secret” est que nous appliquons ce que nous prêchons. Dans tous les sens. C’est un groupe de quatre personnes, il n’y a pas de leader, on est tous dedans de la même manière, nous sommes potes depuis qu’on est gamins et nous regardons tous dans la même direction. Nous avons grandi ensemble, personnellement et musicalement. La plupart d’entre nous disent qu’on ne jouerait pas d’un instrument si nous n’étions pas dans ce groupe. Pour moi, c’est un privilège total de partager plus de la moitié de ma vie avec ces mecs.
Comment se passe votre collaboration avec Century Media maintenant ? Est-ce différent de quand vous avez commencé à travailler avec eux ?
Guillermo : C’est mieux que jamais, à vrai dire. Depuis le tout début, ils ont cru dans le groupe et fait un tas d’efforts pour contribuer à faire que le groupe devienne plus gros en Espagne et plus connu en dehors de l’Espagne. C’est notre cinquième album avec eux, c’est comme un nouveau départ, nous sommes très heureux de faire partie de leur famille et très fiers, nous n’imaginons pas actuellement travailler avec un autre label qu’eux. Nous avons une relation très proche, c’est presque de l’amitié en quelque sorte. Ce sont des gens géniaux.
Je sais que le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses en 2020, y compris le vingtième anniversaire du groupe, mais peut-être que vous avez déjà des plans pour le fêter l’an prochain dont vous pourriez nous parler ?
Guillermo : Actuellement nous ne savons pas ce qui viendra ensuite. Nous vivons une troisième vague de pandémie en Espagne, très difficile, peut-être plus difficile que la première vague alors… rien n’est clair, on ne fait pas de plans actuellement. Nous travaillons à mettre en place quelques concerts avec distanciation sociale dans de grandes salles en Espagne, peut-être pour fin Février ou début Mars si les choses s’améliorent, mais à ce stade c’est la merde partout. Nous avons vraiment besoin de nous remettre au travail aussi vite que possible !
D’ailleurs, comment la crise du Covid vous a affectés personnellement ?
Guillermo : Aucun de nous n’a directement été affecté par le virus, enfin aucun de nous n’a été infecté jusque là je veux dire, mais nous vivons ça de très près. Ma petite amie travaille dans deux hôpitaux différents en soins intensifs, et c’est fou, il y a des centaines d’histoires tristes et très mauvaises… Je pense que lorsque tout ça sera terminé, il y aura énormément de problèmes psychologiques qui arriveront. Le groupe est également notre travail principal, notre travail à plein temps, et économiquement nous atteignons le point de non retour. Nous sommes une toute petite entreprise, et nous utilisons toutes nos économies, nous avons des tas de factures et de crédits auxquels nous devons faire face, nous devons nous remettre au travail, ça fait déjà 11 mois sans travailler.
A côté de la musique, est-ce que vous avez des hobbies ? Quel travail auriez vous voulu faire si vous n’étiez pas devenus musiciens ?
Guillermo : Ouais, comme toute personne jeune je suppose, j’aime les jeux vidéos, les livres, la musique, voyager (ok, pas tant que ça pendant la pandémie, mais…), la nourriture, la bière… J’étais web designer/graphic designer avant d’arrêter pour me dédier à 100% au groupe, Jose (J. Izquierdo, basse, ndlr) travaillait dans une usine d’éoliennes, et Victor (Valera, batterie, ndlr) travaillait dans une usine métallurgique. David (G. Álvarez, guitare, ndlr) enseigne la guitare depuis qu’il a terminé le lycée, et il le fait toujours. Victor est également professeur de batterie. Nous avons tous quitté nos emplois en 2010 et sommes tombés dans le néant en dédiant notre vie à la musique uniquement.
Te souviens-tu de la toute première fois que tu as pris un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Guillermo : Ouais, je pense que j’avais 10 ou 11 ans peut-être ? Je ne me souviens pas si c’était une guitare Espagnole ou déjà une guitare électrique, mais je suis certain que j’ai appris à jouer avec une guitare Espagnole classique totalement foutue, avec seulement quatre cordes, ma main entière pouvait passer entre les cordes et les touches du manche. Je ne pouvais pas mettre plus de cordes car elle aurait explosé. Puis j’ai eu ma première guitare électrique à 16 ans je crois, après une campagne de dur labeur à ramasser du raisin, ma première Jackson Randy Rhoads !
Quel était le tout premier titre de Metal que tu aies écouté ? Quel est le titre qui t’a fait penser “je veux créer un groupe et jouer sur scène” ?
Guillermo : Je ne suis pas sûr de me souvenir si c’était Aces High ou un autre titre d’Iron Maiden. J’avais 8 ans je crois, j’ai mis la VHS du Live After Death d’Iron Maiden de mon frère et j’ai été complètement hypnotisé. J’aimais ça, chaque son, chaque image, tout. Depuis ce moment, j’ai voulu faire du Heavy Metal et jouer dans un groupe. C’est comme ça que je m’en souviens.
Et si je te demandais de comparer la musique d’Angelus Apatrida avec un plat ? Lequel choisirais tu et pourquoi ?
Guillermo : Hahaha, je ne sais pas… peut-être un plat bien épicé et très fort avec des fruits de mer, mais très épicé. Si c’était une boisson, ce serait sans aucun doute une bière, une IPA ou quelque chose de fort et amer, mais frais et savoureux.
Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Guillermo : J’ai des centaines de super expériences, l’une d’entre elles pourrait être de signer avec Century Media, ou de jouer au Rock Al Parque (le plus grand festival d’Amérique du Sud), ou jouer au Download Madrid juste après Ozzy Osbourne, en fermant la Mainstage. Je ne me souviens pas d’une mauvaise expérience, j’essaye toujours de tirer une chose positive de chaque expérience, donc je n’en garde aucune qui soit vraiment mauvaise. J’espère rester ainsi dans le futur.
Dernière question : avec quels groupes aimerais-tu tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Angelus Apatrida et trois autres groupes !
Guillermo : J’aimerais tourner avec Pantera, un de mes groupes préférés, mais évidemment c’est plus qu’impossible. Chaque groupe que j’aime, Testament, Exodus, Anthrax, Machine Head… j’adorerais tourner avec. Alors pourquoi pas : Anthrax, Testament, Overkill, Angelus Apatrida…?
C’était la dernière question pour moi, un grand merci à toi pour le temps que tu m’as accordé, je te laisse les mots de la fin !
Guillermo : Merci à toi de ton temps ! C’était un plaisir et une interview vraiment fun, j’espère que vous apprécierez notre nouvel album et que vous deviendrez de nouveaux fans si vous ne l’étiez pas déjà avant ! Vous pouvez nous suivre sur Instagram et Facebook pour beaucoup de posts journaliers et d’informations, et s’il vous plaît prenez tous soin de vous !