Tragedy in Hope nous ouvre les portes de son univers onirique.
Créé par Sasha Giller (tous instruments/chant) en 2017 en Russie, le one-man band nous propose aujourd’hui Sleep Paralysis, son premier album.
Aidé par Alexander Dovgan à la batterie, illustré à nouveau par Alexander Moroz et mixé par Vladimir Lehtinen (Second To Sun, Vintergata, Voivotus, ex-Epoch Crysis), l’album se base sur un Black Metal Symphonique mais pioche son inspiration dans d’autres styles, tels quel que le Black Mélodique, le Doom ou le DSBM, pour illustrer le parcours du protagoniste de cet album, plongé dans un rêve…
L’album débute avec le son inquiétant de Lucid Dream, un titre envoûtant et dérangeant. Le vocaliste est régulièrement sujet à quelques accès de démence, jusqu’à cette explosion qui révèle la pleine puissance du Black Metal, grâce à des hurlements possédés. L’ambiance majestueuse vient contraster avec la rage, tout comme les sonorités épiques qui accompagnent The Celebration Of Despair And Woe. Les deux parties jouent ensemble, s’affrontent et se mélangent dans un flot incessant de violence malsaine, sans jamais empiéter sur la place de l’autre. Plus lente et mélancolique, Fighting With The Rain nous propose des tonalités plaintives entêtantes pour compléter ce tableau de noirceur et cette complainte de désespoir, puis la rythmique accélère sans jamais oublier ces douces mélodies. La glaciale et terrifiante Winter Wedding Ceremony prend la suite, et c’est dans une danse cauchemardesque que nous suivons notre personnage. Les riffs tournent, les harmoniques virevoltent, puis une accélération soudaine surprend.
The Mistress Of Dark Art nous offre quelques secondes de répit avant de relancer des riffs rapides, criards et malsains, accompagnés de hurlements terrifiants. A nouveau, la dualité musicale nous fascine, et nous violente, puis la douce Nightmare Lullaby nous berce. Entre passages effrayants, claviers inquiétants et rythmique dérangeante, le morceau nous projette au plus profond de cet imaginaire torturé, multipliant les parties oppressantes, puis le calme revient avant Insomnious Autumn Night. La rythmique entêtante se joint à des claviers majestueux pour illustrer à merveille ce moment troublant, cette douce fureur et ces tonalités lourdes mais perturbantes. Chant clair, hurlements et complaintes laissent finalement place à Sleep Paralysis, le dernier morceau. Ceux qui connaissent cet état entre le rêve et la réalité reconnaîtront l’oppression qu’il procure, la démence qu’il provoque, et c’est cette impuissance qui est parfaitement retranscrite ici. Le morceau est long, permettant à l’atmosphère de s’assombrir, de nous envelopper puis finalement de frapper, nous laissant après une dernière phase violente.
L’aventure onirique que propose Tragedy in Hope est déroutante. Sleep Paralysis nous est contée par un narrateur fou, entre atmosphère terrifiante, ambiance malsaine, hurlements déments et une créativité sombre.
95/100