We Are Nøt Okay, le nouvel EP d’Oceans, est sur le point de sortir. J’ai eu l’opportunité de poser quelques questions à son sujet à Thomas Winkelmann, le bassiste du groupe.
Bonjour et tout d’abord merci de prendre de ton temps ! Pourrais tu vous présenter, le groupe Oceans et toi, pour quelqu’un qui n’aurait jamais entendu parler de vous ?
Thomas Winkelmann (basse) : Salut, c’est Thomas. Je suis le bassiste du groupe Oceans. Si vous cherchez un groupe qui représente un large panel de styles, vous avez trouvé le bon. On fait une sorte de melting pot de Post Rock, Nu-Metal, Death Metal, et quelques éléments un peu plus core ici et là.
Que signifie le nom Oceans pour toi ?
Thomas : Je suppose que le meilleur moyen de décrire ça c’est d’imaginer un océan et ses caractéristiques. Il peut être reposant et paisible, mais aussi destructeur et ravageur. Nous voulons canaliser les peurs de toute une génération et les exprimer dans notre musique et nos vidéos. Notre musique s’apparente beaucoup aux émotions.
Votre nouvel EP We Are Nøt Okay est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous à ce sujet ? Êtes vous confiants à propos de ce que vous avez fait dessus ?
Thomas : Nous sommes vraiment contents de la manière dont les gens ont reçu notre EP jusqu’ici, et nous sommes curieux des retours de l’excellent dernier titre qui sort le 30 avril. Bien sûr qu’on est confiants, sinon on ne l’aurait pas sorti 😀
Quelle est l’histoire des morceaux ? Est-ce qu’ils sont directement liés à la situation mondiale à laquelle nous sommes forcés de faire face depuis plus d’un an ?
Thomas : Nous avons mis en place une collaboration avec l’ONG Allemande The Ocean In Your Mind qui tiennent un blog sur lequel les personnes avec des maladies ou problèmes psychologiques peuvent partager leurs histoires et trouver du soutien. Les paroles sont inspirées par leurs histoires, mais également basées sur des expériences personnelles avec des troubles mentaux. La situation actuelle rend plus importante encore la santé mentale et la sensibilisation. Les gens qui se battaient déjà ont besoin de soutien. Maintenant plus que jamais.
Vous avez récemment beaucoup parlé de dépression, et par extension de suicide, qui sont des sujets très sérieux. Est-ce que c’est important pour vous d’aborder ces sujets avec votre public ? Est-ce que vous sentez que vous avez une mission en tant que musiciens ?
Thomas : C’est un sujet important pour nous depuis les premiers instants de ce groupe. Nous avons tous ou avons tous eu des expériences avec des problèmes de santé mentale. A un niveau très personnel également, tout comme dans nos boulots ou qui ont touché nos amis ou notre famille. Le nombre de cas sérieux de santé mentale en déclin uniquement dans notre entourage proche fait que ce problème mérite une attention très sérieuse et un changement de perception dans la société, mais aussi au niveau professionnel en terme de système de soins adaptés à la santé mentale.
Parlons un peu des morceaux maintenant, quelle est votre méthode pour créer des paroles et/ou de la musique ? Est-ce que la crise du Covid a changé quelque chose à votre processus de création ?
Thomas : Nous vivons tous dans des endroits différents, et même des pays différents. Donc le Corona n’a pas changé grand chose dans notre processus de travail. D’habitude nous enregistrons des choses chez nous puis nous les partageons par téléchargements avec le reste du groupe. Pendant quelques semaines nous avons utilisé Zoom et Twitch pour travailler sur la musique et les paroles, ce qui marche vraiment bien.
Vous accueillez un invité sur chaque titre de l’EP, jusqu’ici vous avez révélé Andy Dörner de Caliban, Lena Scissorhands d’Infected Rain et Christoph Wieczorek d’Annisokay, qui est le dernier ? Comment avez-vous demandé à chaque invité de participer à votre projet ?
Thomas : J’ai bien peur que ce ne soit une surprise. Mais il n’y a plus que deux semaines à attendre avant que tout le monde ne le sache. Disons que le dernier artiste avec qui on collabore est celui pour lequel on a eu le souffle totalement coupé. Quand il a dit “ouais, j’aime le morceau, on le fait”, on avait un putain d’énorme sourire sur le visage. Nous les avons contactés via notre management, Monster Artists, et nous leur avons envoyé le concept de l’EP et à chacun le titre sur lequel on pensait qu’ils s’accorderaient le mieux. Nous sommes vraiment contents que tout le monde ait pu participer.
NDLR: Robb Flynn (Machine Head) a été annoncé le 28/04 sur la chaîne YouTube de Nuclear Blast.
Est-ce que vous avez un titre préféré sur cet EP ? Ou est-ce que l’un d’eux est plus important pour vous, en fonction de votre vécu ?
Thomas : Je ne peux parler que pour moi, mais je préfère un peu le titre qui est différent des autres. Nous avons une sorte de mélange des styles que j’ai mentionné et Everyone I Love is Broken est le son d’Oceans que je préfère personnellement, par rapport à ceux qui sont plus orientés -core ou Nu Metal.
Vous décrivez votre musique comme du “Post Death Metal”, ce qui ressemble à un mélange entre Post-Metal et Death Metal, pourquoi avoir choisi ces éléments pour supporter votre message ?
Thomas : C’est venu assez naturellement avec la musique qui nous influence et que nous aimons entendre nous-mêmes. Je pense que Post Death Metal est une façon de nous décrire, mais il peut y en avoir dix de plus. Nous n’appartenons pas à une certaine catégorie de toute façon, mais les gens aiment avoir une sorte de description.
Que pouvez-vous citer comme vos inspirations ? Ca peut être des groupes que vous aimez, de l’art en général, ou même quelque chose d’autre.
Thomas : Ça peut vraiment être tout en fait. Souvent juste des expériences de vie en général, mais aussi de la musique, des livres ou des histoires comme des films. Tu peux trouver des influences assez évidentes dans notre musique. Par exemple, Timo est le plus grand fan de Korn et ça devient parfois évident dans son chant ou son phrasé.
Votre premier album est sorti il y a seulement un an, et la situation mondiale vous a contraints à seulement faire quelques concerts début 2020. Comment vivez-vous la situation en tant que groupe ? Est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur que vous pouvez nous révéler ?
Thomas : Ouais, ça a été un moment très chiant et ça l’est toujours. Mais de toute façon, nous sommes tous dans le même bateau, et gémir ne nous mènera à rien alors nous avons utilisé ces temps morts forcés pour écrire un tas de nouveaux titres. En ce moment même nous sommes en plein milieu de la phase finale de pré-production des paroles pour le prochain album. En fait on a presque fini avec ça. Nous allons entrer en studio cet été et nous sommes super motivés à sortir un prochain album très travaillé. Les premiers concerts pour 2022 sont déjà bookés et tous les festivals reportés se feront également en 2022. Au moins on espère que ça pourra enfin avoir lieu.
Pendant que nous parlons du futur, est-ce que vous avez quelque chose de prévu pour célébrer la sortie de l’EP ?
Thomas : Nous prévoyons actuellement un événement en streaming. Mais il semblerait que ça se passe en allemand cette fois. Jetez un œil à nos profils sur les réseaux sociaux et rejoignez-nous. Même si vous ne parlez pas allemand 😉
Tous les membres du groupe ont eu quelques expériences passées dans d’autres groupes avant Oceans, penses-tu que vos travaux passés vous ont aidé à forger votre identité actuelle ?
Thomas : Je répondrai par un grand oui. Trois d’entre nous se connaissent depuis un moment maintenant. Au moins la moitié, ou dans le cas de Patrick et Timo, ils se connaissent depuis quasiment leur vie entière. Nous jouons ensemble depuis un moment aussi, et quand on a décidé de monter Oceans, Timo a trouvé Jakob, notre batteur, pour compléter ce gang de tarés 😀
Te souviens-tu de la toute première fois où tu as pris un instrument ? Comment et quand est-ce que ça s’est passé ?
Thomas : Ouais, c’était la vieille guitare acoustique à moitié cassée de ma mère quand j’avais environ 13 ans, j’écoutais une cassette de Toy Dolls qu’un ami plus âgé m’avait donnée et j’essayais de jouer aussi vite.
Même si vous avez sorti deux EPs en indépendant en 2019, vous êtes entrés chez Nuclear Blast très tôt dans l’histoire du groupe, pensez-vous que ça vous a aidé à grandir ou à améliorer quelque chose ?
Thomas : Signer avec Nuclear Blast était notre premier grand but depuis que nous avions lancé le groupe. Vu que trois d’entre nous jouaient ensemble depuis des années, nous n’étions pas vraiment nouveaux dans l’industrie musicale et nous savions ce que nous voulions. Notre attitude DIY est toujours aussi forte que jamais, et nous avons pour ainsi dire tout entre les mains. Nous nous sentons vraiment chanceux d’avoir eu ce genre de contrat très tôt cela dit, et puis les opportunités de poursuites avec notre vision sont différentes avec un label fort derrière nous.
Quels sont vos hobbies à côté de la musique bien sûr ? Est-ce que vous avez toujours un travail à côté de votre carrière musicale ?
Thomas : J’aime cuisiner. Ça me calme vraiment, alors j’essaye de préparer quelque chose chaque jour. A part ça, j’aime les sports comme l’escalade de blocs ou aller à la salle. Malheureusement c’est en attente en ce moment bien sûr, mais nous faisons tous pas mal d’exercice à la maison depuis le corona. Nous avons un groupe de discussion avec tous les membres du groupe et de l’équipe, et chacun poste ses stats. Ca nous garde motivés, parce que personne ne veut être dernier 😀
On bosse dur dans nos boulots, pas de soucis avec ça. Mais sérieusement, ça va. Tu peux même dire qu’on est chanceux de nos jours, puisque le corona a arrêté l’intégralité de l’industrie musicale et les boulots qui s’y rapportent. Ca ne nous a pas vraiment frappés aussi dur que d’autres qui dépendent des revenus de leur musique.
Vous venez d’Allemagne et d’Autriche, est-ce que c’est difficile d’être séparés pour un groupe ?
Thomas : On est habitués et nous avons trouvé notre manière de travailler autour de ça. Mais bien sûr on adorerait être au même endroit et aller répéter dans une salle de manière régulière. Peut-être un jour.
Est-ce que vous connaissez la scène française ? Est-ce que vous écoutez des groupes français ?
Thomas : Pas très bien pour être honnête. Mais personne ne peut ignorer Gojira n’est ce pas ! Ils sont géniaux. J’aime Alcest et Blut aus Nord aussi par exemple.
Quels sont vos meilleurs et vos pires souvenirs live en tant que musicien ?
Thomas : Les meilleurs souvenirs sont les premiers concerts joués avec Oceans il y a quelques années. Parce qu’on sentait qu’on faisait les choses bien et que ça devait arriver. Beaucoup de frustrations de nos précédentes expériences ont été balayées et nous savons tous que c’est ça, c’est ce que nous allons faire à présent. Des moments très reposants 😀
Les pires haha… il n’y en a pas beaucoup qui me viennent en tête. Une fois Patrick m’a un peu fissuré le nez sur scène en faisant un mouvement assez soudain avec sa guitare que je n’avais pas du tout anticipé. Depuis ce moment, il lui manque un bout de sa tête de guitare. J’ai presque perdu connaissance et ça a immédiatement commencé à saigner. Donc j’ai été pas mal occupé avec cette chose là pour le reste du set haha
Est-ce qu’il y a d’autres musiciens que vous voudriez inviter pour les prochaines sorties du groupe ?
Thomas : Bien sûr, des tas. Mais nous n’avons pas encore de plans concrets. Je pense qu’on discutera de ce sujet une fois que la pré-production de l’album sera faite et ensuite on verra qui collera à certains titres.
A quel plat ou boisson comparerais-tu Oceans ? Pourquoi ?
Thomas : Du Jameson Black Barrel. Bon, doux et accessible, mais il peut aussi te filer un sacré coup au cerveau.
Avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec Oceans en première partie et trois autres groupes en tête d’affiche.
Thomas: Oceans, Katatonia, Opeth, Gojira.
C’était ma dernière question, une fois encore merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps ! Je te laisse les mots de la fin !
Thomas : Merci de m’avoir reçu. En bas dans les abysses, nous sommes légions !