La complainte d’Opprobre continue.
Créé en 2015, dans le sud de la France, le groupe sort une démo en 2016 puis un premier album en 2017. Olivier Dufresnoy (guitare/basse/chant clair), Clément Roig (guitare, Antropofago, Mysticisme, Sunnudagr) et Vincent Lievre (chant, Mysticisme) recrutent Vincent Causse (batterie), Baptiste Belot (claviers) et François Arbogast (basse) afin de donner vie à Fragments de Destinées, leur deuxième album.
L’album débute avec les deux parties du titre Vertige. La première est une douce introduction planante au clavier, alors que la seconde nous propose un Post-Black fantomatique aux hurlements viscéraux en français, complété par une rythmique aérienne et des chœurs plus doux. Le contraste et la complémentarité de ces deux types de chant est aussi effroyable que les paroles elles-mêmes, dont la sombre beauté nous mène droit à Renouveau, un titre intense et lancinant. La noirceur est éclaircie par le chant clair, qui se retrouve soudainement obscurci à nouveau par les hurlements, et la dualité offre un spectacle majestueux avant la mélancolique et lourde Reddition. La batterie occupe une place importante dans ce morceau, entre jeu de cymbales et changements de rythme incessants, puis c’est la voix qui achève le titre.
La dissonante Absence prend la suite, entre ce chant pesant et les riffs majestueux qui tourbillonnent autour de la rythmique agressive. Le morceau s’apaise avant que le vent ne se lève de nouveau, créant à nouveau un contraste avant l’explosion finale qui laisse place à Steppes. Le morceau est très doux, laissant d’abord le rôle principal au chant clair. Même si j’ai d’habitude du mal avec le français, le morceau n’aurait pas eu la même saveur sans lui, et les hurlements reviennent à la charge, accompagnés de la rythmique envoûtante. L’Epreuve prend la suite, et les tonalités mélancoliques créent une sorte de chemin entre désespoir, noirceur et oppression douloureuse, dévoilant plusieurs nuances musicales. Les riffs aériens d’Indifférence nous annoncent immédiatement une composition assez massive, truffée de ces harmoniques glaciales. Les passages d’accalmie permettent au chant clair de s’installer sur des mélodies douces, avant que la tempête ne refasse surface, apportant hurlement et déchéance. Cendres, le dernier titre, débute par un piano, qui sera rejoint par l’ensemble des instruments. Quelques mots, puis l’entêtante rythmique prend vie, alternant entre accalmie profonde et rage viscérale, qui se mêlent avant de laisser la douceur refaire surface, jusqu’à la fin.
Opprobre tisse son univers en piochant dans un Post-Black viscéral et des tonalités atmosphériques douces, faisant de Fragments de Destinées un album très riche. Les neuf compositions ont toutes leur identité propre, qui gravite autour d’un noyau de mélancolie glaciale.
85/100