Ricky Lee Roper, chanteur et membre fondateur du groupe anglais de Technical Deathcore Osiah a répondu à mes questions concernant Loss, le troisième album du groupe.
Bonjour et tout d’abord, merci de me consacrer de ton temps ! Pourrais-tu nous présenter Osiah avec tes propres mots s’il te plaît ?
Ricky Lee Roper (chant) : Salut et merci de me recevoir ! Osiah est un groupe de Deathcore du sinistre nord du Royaume Uni !
Loss, le nouvel album d’Osiah, est sorti il y a quelques semaines. Comment vous vous sentez ? Comment sont les retours sur ce nouvel album ?
Ricky : La réponse par rapport à l’album est incroyable, nous n’avons jamais eu une telle réaction par rapport à notre musique, et savoir que ça aide les gens d’un point de vue personnel c’est une toute autre sensation, c’est plutôt un honneur de savoir que ta musique est importante pour quelqu’un, et c’est une expérience tellement gratifiante pour nous tous jusqu’ici.
Est-ce qu’il y a une histoire derrière cet album ? Que signifie Loss pour toi ?
Ricky : Loss est une digression du concept linéaire que nous avons établi depuis nos deux premiers albums. il y a des thèmes en vrac qui concernent une majorité des morceaux mais cet album est essentiellement un aperçu du temps, dédié à 2020. C’est la première fois depuis longtemps que j’ai écrit à propos du présent et non de mon passé, et je pense qu’avec des thèmes aussi pertinents, ils ont permis à beaucoup de s’identifier sur un point personnel, c’était incroyablement cathartique pour moi, et de savoir que d’autres le ressentent aussi, la douleur (et la perte) en valaient la peine.
Comment s’est passé le processus de composition ? Était-il différent des albums précédents ?
Ricky : Pas du tout, mis à part le fait que j’ai laissé la guitare et que je n’ai pas du tout été impliqué dans le processus de composition. Mais tout comme Kingdom of Lies, Andy (Andy Mallaby, ndlr) et Keepin (Chris Keepin, ndlr) me donnaient des instrumentales sur lesquelles écrire des paroles, et Noah (Noah Plant, ndlr) a été impliqué dans le processus d’écriture de la batterie, pour que ça colle à son flow personnel avant d’entrer en studio pour enregistrer tout ça. Nous connaissons tous le son d’Osiah à présent, et je sens qu’Osiah en lui même est sa propre entité, c’est notre travail en tant que musiciens de le nourrir et nous faisons tout ce que nous pouvons pour l’aider à grandir à nos côtés.
Qu’est-ce qui t’inspires pour écrire musique et paroles ? Seulement de la musique, ou d’autres choses ?
Ricky : Personnellement je sens que mon but dans la vie est d’être un artist, et la musique c’est la chose pour laquelle j’ai été mis sur cette planète. Avoir cette vie me connecte vraiment avec mon âme, ça l’alimente, et j’ai toujours trouvé refuge dans la musique, ça m’aide à faire sortir ces émotions profondes, et les gens que j’ai rencontrés sur ce chemin m’inspirent à continuer, et je ne pourrais imaginer vivre sans eux, tout particulièrement mes gars d’Osiah. Avant à la guitare, je me perdais dans tout ça, et je me sentais en paix, mais il y a quelque chose de plus profond à utiliser sa voix, mon corps entier est mon instrument et je ressens cette purge et cette croissance à chaque je la laisse sortir. Peu importe ce que je ferais d’autre dans la vie, je graviterai toujours autour de la musique.
Sur cet album, vous avez invité deux chanteurs, Jason Evans d’Ingested et Ben Duerr de Shadow Of Intent / Hollow Prophet. Comment se sont passées ces collaborations ?
Ricky : Ben devait à la base être sur le premier album, mais il a été tellement conceptuel que ça l’a rendu incroyablement compliqué à terminer dans les temps, cette fois le timing était parfait et nous nous connaissons depuis un moment dans la musique, et honnêtement, c’était tout simplement le bon moment pour le faire, et dès que je l’ai contacté il était d’accord. Jason, d’un autre côté, c’est comme s’il faisait partie de notre famille. Ingested et Osiah ont partagé la route quelques fois de façon différentes, Jason a été invité sur un de mes projets solo et j’ai été invité sur The Level Above Human d’Ingested. En 2019, j’ai également pris la route avec Ingested en tant que chanteur de tournée, car Jason avait des choses importantes à faire chez lui. Nous voulions que Jason apparaisse sur un album d’Osiah depuis un moment, et encore une fois on l’a bien senti. Je ne pourrais être plus fier de leur boulot sur cet album, et l’attente en a clairement valu le coup.
Sur l’album, je ressens évidemment beaucoup de violence, quelques parties techniques, mais également de la mélancolie et de la noirceur, comme sur Loss, le titre éponyme, ou The Ominous Mind (Jaded Inside). Est-ce que tu ressens la même chose ? Comment avez-vous réussi à créer cet équilibre ?
Ricky : Ouais je suis d’accord, mais je suppose que c’est simplement la beauté d’Osiah. Depuis le début il y a toujours eu ces éléments mais avec le temps nous avons évidemment affiné le son, et c’est ce que je veux dire quand je dis qu’Osiah existe en tant qu’entité propre, car malgré que les compositeurs et instrumentalistes aient changés, et que nous ayons également grandi en tant que personnes, Osiah a grandi avec nous et n’a jamais vraiment dévié de son noyau, au niveau du son ou du ressenti. Ca en dit beaucoup sur nous au niveau du ressenti, le nord est dur, et il y a beaucoup de batailles qui se sont enracinées en nous, mais nous ne sommes pas des bêtes, nous sommes juste des mecs cools qui essayent d’écrire sur ce qui se passe vraiment, de manière énervée, et je suppose que c’est comme ça qu’on obtient ce son, c’est juste nous, qui sommes nous mêmes et qui laissons la musique couler de nous.
Quand Osiah a été créé, c’était un projet solo, puis c’est redevenu un groupe. Quelles sont les différences entre créer de la musique seul et avec des membres ?
Ricky : Eh bien techniquement, Osiah était un groupe avant le projet solo, mais beaucoup ne savent pas ça. Nous avons formé à la base notre ancien groupe Humanity Depraved et écrit de nouveaux titres, on a pris la route et on a fait quelques trucs plutôt décents, mais le timing était mauvais, et nous n’avons pas pu lui rendre justice. Donc au lieu de l’abandonner, on a tous pris des chemins différents dans d’autres groupes et je l’ai gardé en hiatus un petit moment, mais c’est le moment où les gens ont commencé à s’y intéresser et évidemment c’est le moment que les gens définissent comme le début. Rien n’a vraiment changé, Perennial Agony est pour beaucoup le départ d’Osiah, mais on a sorti des trucs bien avant, et le processus d’écriture n’a pas vraiment changé depuis, la plupart du temps on écrit tous en solo de toute façon, Keepin et Andy vont simplement bosser bosser sur une instrumentale et des fois ils s’accordent entre eux pour le parfaire, et avant j’écrivais des titres entiers, ou je chantais des riffs aux gars comme ça ils pouvaient comprendre à quoi je pensais. Je ne peux honnêtement pas mettre de mots sur ma fierté quand à Osiah, et même avec ces “changements” ça n’a jamais dévié, et ça a toujours mûri pour devenir ce que c’est aujourd’hui.
Le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses depuis l’an dernier, comment avez vous vécu la situation en tant que groupe ? Est-ce que la crise a eu un quelconque impact sur Loss ?
RIcky : C’était horrible mec, on est là dedans depuis tellement de temps et juste quand on commence à prendre de la vitesse ça arrive, Loss est à 100% dirigé par cette émotion, nous avons perdu toutes nos tournées, on a regardé nos rêves se faire écraser et on a tout balancé dans cet album. C’est énervé, c’est triste, c’est claustrophobe, mais c’est tellement puissant. Loss est vrai, il n’y a pas d’artifices, on ne prétend pas être des gros durs, pas de facteur de choc, juste de la vraie douleur. Nous nous sommes tous manqués les uns les autres, ça faisait plus d’un an que je n’avais pas vu mes amis les plus proches, mais nous avons créé quelque chose de spécial à partir de ça, et faire cet album m’a vraiment aidé, ça m’a probablement sauvé pour être honnête. Je sais que les gars pensent la même chose de cet album, c’est incroyablement personnel et les retours ont été grandement appréciés.
Même si le futur est toujours empli de doutes, est-ce que vous avez des plans pour le futur dont tu pourrais nous parler ?
Ricky : Nous voulons juste poster une tonne de contenu sur nos réseaux sociaux jusqu’à ce qu’on ait l’opportunité de prendre la route, nos options sont limitées quand à ce que l’on peut faire à cause du Covid-19, mais nous faison tout de même tout ce que nous pouvons pour soutenir cet album, alors merci de prendre de ton temps et de nous à faire ça.
Vu qu’Osiah est basé au Royaume-Uni, est-ce que le Brexit a eu un impact sur le groupe ?
Ricky : Oh mec je pense, mais pas en ce qui me concerne. Je vois tout le monde dans mon groupe de potes se plaindre de ça et comment ça affecte leur art, mais pour moi c’est encore trop tôt et nous ne sommes pas en capacité de tourner maintenant de toute façon (c’est ce qui me préoccupe le plus), les choses changent tout le temps, et je suis l’un de ceux qui attendent jusqu’à ce qu’il ait l’image entière, des règles ou régulations vont changer de toute façon avec le temps, et si ça ne se fait pas, eh bien nous, nous ferons ce que nous avons à faire. Au-delà de ça, le merch a pris un léger coup au niveau du profit je pense, mais ça ne nous a pas massivement impactés en même temps.
Osiah a signé avec Unique Leader depuis quelques années maintenant, comment vous vous sentez par rapport à cette coopération avec votre label ?
Ricky : On les adores, la meilleure chose avec Unique Leader c’est qu’ils sont eux-mêmes musiciens, donc ils connaissent le truc, et Unique Leader comprend Osiah et nous permettent notre liberté créative pour être nous-mêmes. Au dessus de tout ça, il y a des trucs vraiment incroyables qui sortent de ce label, et nous pensons réellement que c’est la Renaissance du Deathcore, avec Unique Leader en tant que figure de proue. Nous sommes fiers d’en faire partie.
Tu te souviens de ce qui t’a mené dans l’univers du Deathcore/Metal extrême ?
Ricky : Ca a toujours été dans mon radar, j’ai grandement été dans le Thrash quand j’étais plus jeune, et j’écoutais du Death Metal Old School avec quelques amis mais ça a toujours manqué d’un petit quelque chose pour moi, quand j’ai vu pour la première fois All Shall Perish au Headbangers Ball, puis Suicide Silence sur MySpace c’était ça, j’ai totalement accroché. J’ai joué dans un groupe de Metalcore avec Andy à l’époque, et on a rapidement changé pour le Deathcore une fois que ça a commencé à émerger. Il n’y a pas d’énergie comparable.
Te souviens-tu de la première fois que tu as essayé de chanter ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Ricky : J’ai grandi en écoutant du Blues avec mon père et ses amis dans notre cuisine, j’ai été élevé dans un environnement très musical car mon père était musicien, donc j’ai toujours eu un peu d’expérience dans le chant. Puis j’ai entendu Hatebreed, et j’ai pu faire un peu comme ça. Pas très longtemps, mais assez pour commencer à affiner mes compétences, et doucement avec le temps en jouant de la guitare et en faisant des choeurs dans un groupe de Metalcore, puis plus tard dans un groupe de Deathcore j’ai découvert que j’avais une voix, je n’ai jamais vraiment pris le temps de faire ça parce que j’étais beaucoup plus guitariste jusqu’à ce qu’Osiah ne démarre, puis j’ai du m’entraîner et apprendre à faire ça correctement. Ca a été fun, il y a toujours des tonnes de choses que je veux attendre mais en ce moment c’est surtout une question de trouver le temps et je suis assez Old School de toute façon, donc ces nouvelles techniques sonnent un peu exagérées pour moi, même si j’apprécie le talent que ça demande, je ne suis pas certain que ça ait sa place dans Osiah, je suppose que je suis juste vieux.
Qu’est-ce que tu aimes dans ta musique que tu ne trouves pas dans les autres groupes ?
Ricky : La diversité, je trouve ça tellement intéressant que nous puissions mélanger tant de themes et de styles et de quand même trouver une façon d’écrire des paroles significatives… ou d’être totalement sauvage. Tu ne sais jamais comment un titre va sonner quand on le démarre, et c’est ce que j’aime le plus à propos du développement, même quand on l’écrit, il a vraiment une mentalité propre.
Est-ce que tu as des hobbies à côté de la musique ? Est-ce que tu as également un boulot, ou est-ce que tes revenus musicaux te permettent de vivre ?
Ricky : J’aime aller au sport, et j’aime l’aventure ainsi que les jeux vidéos. Je travaille à plein temps en tant que manager pour une entreprise de tatouage maintenant, mais avant je vivais entièrement de mes revenus musicaux, je travaillais dans la scène tribute, et même si l’argent était là et qu’il m’a permis d’accroître mon travail, tout le reste était à chier et par manque d’un meilleur terme, c’est de la prostitution musicale.
Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Ricky : Comme je disais mec, la scène tribute ça craint. C’était incroyablement dégradant pour moi en tant que musicien et en tant que personne, mais ça paye les factures en fait, et ça m’a appris un nombre incroyable de leçons. Bien que l’argent soit cool, avec le temps la scène est morte lentement et on avait de moins en moins de concerts, jusqu’à ce que je sois finalement fauché, mais si je voulais continuer à fonder Osiah je devais simplement tenir jusqu’à pouvoir trouver un meilleur travail. C’est quelque chose qui nous touche tous dans ce groupe, nous avons dû trouver des carrières que nous pouvons mener en parallèle d’Osiah, car beaucoup de boulots ne nous permettent pas d’avoir du temps pour tourner, ou soutenir une décision qui pourrait mener à partir. Mais avec cette lutte vient du répit, honnêtement, jouer dans les festivals Européens est incroyable, j’ai rêvé dans toute ma vie de pouvoir faire ce que je fais maintenant, et chaque pas pour en arriver là en vaut le coup quand je monte sur scène et que je fais ce que j’aime avec des gens que j’aime à mes côtés. L’Amérique et le Japon ensuite s’il vous plaît.
Est-ce que tu as déjà entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes français connais-tu ?
Ricky : Je vais être honnête, je ne me tiens pas vraiment au courant de la musique, surtout dans le Metal, je n’écoute pas trop de musiques extrêmes en ce moment, sauf si c’est le groupe d’un ami, ou un groupe avec qui j’ai tourné qui sort un nouveau truc. Je sais qu’Andy adorait The Bridal Procession et Betraying the Martyrs, qui sont fous ! Il faut qu’on joue en France, il faut qu’on voie la scène locale et il faut qu’on ressente les les salles, c’est quelque chose que nous avons encore besoin de faire et j’espère que ce sera réalité très bientôt, parce que c’est comme ça que je prends personnellement connaissance de la scène.
Et si je te demandais de comparer la musique d’Osiah avec un plat anglais ? Lequel choisirais tu et pourquoi ?
Ricky : Des frites au fromage et du Blue Pop. C’est la nourriture de base de Newcastle et Sunderland et si tu es un jour en notre présence, on est évidemment très nordiques.
Dernière question : avec quels groupes rêverais-tu de tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Osiah et trois autres groupes !
Ricky : Ooooof, d’accord. Metallica en headline, Slipknot en support principal, Whitechapel puis nous. C’est mon line-up de rêve.
C’était ma dernière question ! Merci d’avoir pris de ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Ricky : Merci d’avoir pris ce temps, vu qu’on ne peut pas prendre la route, c’est bon d’avoir l’opportunité de promouvoir notre album de cette façon, si tu lis ceci et que tu n’as pas encore écouté Loss (ou n’importe quoi d’autre que l’on ait fait), dans ce cas s’il te plaît prends un moment pour nous écouter sur n’importe quel service de streaming, et si tu aimes, parles-en à un ami et on adorerait vous voir tous les deux. On vous aime tous pour votre soutien, et on a hâte de reprendre la route.