A l’occasion de la sortie d’Arkivet, le troisième album de Wormwood, Nine, le chanteur et parolier du groupe, a accepté de répondre à mes questions.
Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Comment présenterais-tu le groupe Wormwood sans utiliser l’étiquette “Metal” ?
Nine (chant/paroles) : Wormwood est un voyage cinématique à travers les émotions, la nature et la Scandinavie. Nous avons du mal à nous coller une étiquette de toute façon. Nous sommes ce que l’auditeur souhaite que nous soyons, mais nous restons fidèles à nous mêmes à chaque fois que nous sortons quelque chose de nouveau. Une expérience est ce que nous voulons révéler au monde, et comment ils voient l’expérience, ça leur appartient.
D’où vient le nom Wormwood et quel est son lien avec votre musique ?
Nine : Dans la Bible, ils parlent d’une étoile appelée Apsinthos (ou également Wormwood) qui est tombée sur Terre et qui a rendu l’eau amère. Les gens sont tombés malades malades et sont morts, et les trompettes ont résonné depuis le paradis. Nous sommes la nouvelle fin, et à la place des trompettes nous venons avec notre musique et notre poésie. Nous sommes les annonciateurs de l’apocalypse venus du Nord.
Arkivet, votre troisième album, est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous au sujet de cet album ?
Nine : Nous avons hâte, mais nous nous sentons très bien à ce sujet. C’est un album produit différemment par rapport aux précédents. Nous n’avons pas eu une approche “courante” pour un album de Metal. Pas que nous pensons que le son du Metal est mauvais, mais nous voulions faire quelque chose de différent. Par ailleurs, nous dévions un peu de notre son. Les gens qui sont tombés amoureux avec Ghostlands ou Nattarvet seront surpris par celui-ci. L’essence de Wormwood n’a cela dit pas disparu.
Comment s’est passé le processus de composition ? Était-il différent des précédents albums ?
Nine : Rien n’est vraiment différent, excepté le fait que nous ayons eu plus de temps pour nous concentrer sur l’écriture des morceaux. Le processus n’a pas été obstrué. Il n’y avait pas de concerts (malheureusement). D’habitude ça commence avec T.Rydsheim (guitariste, ndlr) qui trouve un riff, une mélodie ou un morceau entier et nous l’écoutons collectivement afin de trouver des idées. Rien n’est écrit dans la pierre et il n’y a pas de règles, ce qui rend le processus d’écriture réellement intéressant et fluide.
Sur cet album, l’équilibre entre mélodies majestueuses et rythmique brute a été poussé à son paroxysme. Qu’est ce qui vous inspire pour créer cet univers ?
Nine : Nous nous attachons au fait de faire la musique que voulons écouter et qui n’a pas été faite auparavant. Ça ne veut pas dire que nous allons avoir une approche ou un état d’esprit avant-gardiste, mais ça la rend plus fascinante. Comme je l’ai dit auparavant, nous voulons créer quelque chose de cinématique, emmener l’auditeur dans un voyage où la destination est inconnue. L’expérience sera différente pour chacun mais c’est une aventure cependant.
Il y a également une grande diversité vocale, entre le chant viscéral, les cris intenses et même les parties en chant clair, comment décides-tu de quel chant colle avec quelle parole ?
Nine : Quand j’enregistre ou que je répète le morceau, je fais en sorte que ça vienne naturellement. Lorsque le morceau est terminé musicalement parlant, je n’ai pas de vision claire à propos de quel type de chant ça doit être. Je me mets dans le bon état d’esprit, et j’essaye de transmettre aux paroles que j’écris quelque chose que je peux transmettre avec mon chant. Ce que nous savons, c’est qu’il ne doit pas y avoir “trop” de chant clair, ou de hurlements. L’aspect brut ne disparaîtra jamais, et c’est un besoin de toujours avoir ce ressenti viscéral.
A propos des paroles, il y a un point de vue très pessimiste sur cet album, qu’est-ce qui t’a conduit à écrire de cette façon ?
Nine : Ce n’est pas difficile d’écrire quelque chose de pessimiste quand il te suffit de lire le journal, scroller les réseaux sociaux ou ouvrir la fenêtre et voir la destruction que nous avons causé. Même quand tu vis au milieu de nulle part, les empreintes de l’apathie de l’homme est partout.
Mais pour en revenir au sujet, j’ai senti que je voulais écrire à propos du dernier cri des planètes avant que nous ne foutions trop les choses en l’air. Je voulais expliquer comment la destruction de la planète se passe partout et qu’elle vient de tout le monde. Ca parle d’effondrement personnel et du viol collectif de notre planète. A la fin, heureusement, la Terre héritera de ce qui reste, sans nous. Réclamer ce qui par le passé était à elle.
Le morceau le plus intrigant de l’album est sans aucun doute The Gentle Touch of Humanity, le dernier. Quelle est son histoire ? D’où viennent les voix au centre du titre ?
Nine : Comme beaucoup l’auront deviné, le titre est plutôt ironique. Pour en revenir à ce que j’ai écrit précédemment, nos empreintes se trouvent partout sur la Terre. C’est lourd et destructeur. Pour créer quelque chose nous devons détruire quelque chose. C’est un cercle sans fin, du moins tant que les humains existeront.
Les voix sont une collection de clips d’informations à travers le monde, mais nous souhaitions que ce soit un peu plus concentré sur la Suède. Chaque jour quelque part il y a des cauchemars insupportables, de la destruction et de la mort. Nous voulions que cette partie soit un peu trop longue. Presque pour ennuyer les gens. Nous sommes habitués à prendre des informations réduites, des titres et des articles d’une minute. Nous ne pouvons nous cacher de la force cataclysmique appelée humanité.
Le monde a été mis en pause l’an dernier par la crise du Covid-19, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ? Est-ce que la crise a eu un impact sur la création de l’album ?
Nine : Ce qu’a fait la crise du Covid a fait, c’est nous donner plus de temps pour créer cet album, donc nous remercions l’épidémie pour ça. La plupart des titres et des paroles étaient déjà finis avant que ça ne devienne réellement une épidémie, mais nous n’avons pas eu à nous presser. Nous avons pris notre temps pour créer quelque chose dont nous sommes vraiment fiers.
Même si le futur est toujours incertain, est-ce que vous avez des plans pour la sortie de l’album, ou même pour après ?
Nine : La machine musicale appelée Wormwood ne restera pas en sommeil. Nous avons de plus grandes ambitions pour les prochaines sorties.
Le groupe a développé sa propre identité sonore du Black Metal et de la scène Metal suédoise, comment avez-vous créé l’identité visuelle du groupe ?
Nine : Tout comme le thème des paroles et les émotions musicales de chaque album, nous souhaitons avoir un aspect différent aussi. Nous ne voulons pas avoir l’air trop spectaculaires car ça enlèverait ce que la musique veut transmettre. Nous nous préoccupons avec soin de notre aspect visuel. Quand nous sortirons notre quatrième album nous aurons un look différent également, mais nous ne savons pas comment. Nous laisserons la musique parler en premier, puis nous déciderons.
Est-ce que vous avez des hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que vous avez un travail, ou est-ce que les revenus de votre musique vous permettent de vivre ?
Nine : Chacun de nous dans le groupe a un travail, mais la musique est notre priorité principale. Cela signifie que même si les ventes sont mauvaises, ou disons que si une épidémie mondiale sévit sur la Terre, ça ira toujours pour nous. Mais que l’on se comprenne bien, nous voulons que les gens apprécient ce que nous faisons, et qu’ils achètent notre merch. Et oui, nous avons tous nos hobbies. Nous sommes plus que partenaires dans le groupe, nous sommes une petite famille qui se voit et qui fait des choses ensemble en dehors de Wormwood.
Quel a été ton premier album de Metal ? Que tu l’aies acheté toi-même ou qu’il t’ait été offert. Qu’est-ce qui t’a conduit au Metal extrême ?
Nine : Vers 1996 j’ai emprunté un album appelé Beauty in Darkness Vol 1 à mon frère aîné. C’était une compilation avec des groupes sous la bannière de Nuclear Blast. C’est là où j’ai entendu Therion, Sentenced, Dissection, Cradle of Filth, Amorphis, In Flames et d’autres, ainsi de suite. Donc dès le début j’ai eu une grande variété de goûts musicaux extrêmes. J’ai préféré ça à Iron Maiden, Metallica. J’aime toujours tous ces groupes de nos jours, même si je préfère leurs anciennes sorties. Mais en tant que suédois, ce n’est pas difficile de rentrer dans la musique extrême, car les meilleurs groupes viennent définitivement d’ici.
Qu’est-ce que vous aimez dans votre musique que vous ne trouvez pas dans la musique d’autres groupes ?
Nine : J’aime que nous n’ayons aucune règle lorsque nous créons notre musique, et nous racontons toujours une histoire. Tout a une importance égale pour nous. Les paroles, le ressenti, la musique, l’approche. J’aime également que des gens différents puissent avoir une expérience différente quand ils rejoignent une de nos aventures sonores.
Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Nine : La pire serait les deux dernières années où nous n’avons pas pu jouer en live, traverser des pays différents et rencontrer des fans. Donc nous espérons que l’année prochaine sera différente. L’une des meilleures expériences serait la sortie prochaine d’Arkivet. Le point culminant de mois d’attentes, de sang, de sueur et de larmes. Nous en sommes très fiers et nous avons hâte de montrer au monde notre création.
Est-ce que tu as déjà entendu parler de la scène Metal Française ? Quels groupes connais-tu ?
Nine : Ce sont plutôt des groupes que j’aime, plus que ceux que je connais. J’aime les anciens Anorexia Nervosa, la plupart de Blut Aus Nord et quelques albums d’Alcest.
Et si je te demandais de comparer la musique de Wormwood avec un plat ou une boisson, lesquels choisirais-tu et pourquoi ?
Nine : Un plat traditionnel suédois rustique fait d’élan, de pommes de terres et de plaquebière. Les proportions sont propres au lecteur.
Est-ce qu’il y a des musiciens ou des groupes avec lesquels tu voudrais collaborer sur un morceau, ou plus ?
Nine : Je suppose que l’un de mes rêves serait de collaborer avec Dan Swanö, pour qu’il chante sur l’un de nos titres. Mais à part ça, je ne suis pas sûr. Nous avons de bons contacts avec beaucoup de groupes suédois et tu ne sais jamais ce qui peut se passer dans le futur.
Dernière question : avec quels groupes voudriez-vous tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Wormwood et trois autres groupes !
Nine : D’un point de vue amical, j’aimerais faire une tournée avec nous, Månegarm, Netherbird et Paara. Quatre groupes différents qui délivrent une expérience extraordinaire pour les fans. D’un point de vue d’exposition, ce serait intéressant de voyager avec Opeth, pour atteindre un public plus large.
C’était ma dernière question ! Merci de m’avoir accordé de ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Nine : Pas de souci. Pour les lecteurs, regardez nos deux clips musicaux pour The Archive et The Gentle Touch of Humanity, et marquez le 27 août. C’est le moment où Arkivet va sortir.