TRNA sort à nouveau de l’ombre.
Depuis 2013 en Russie, le groupe développe son Post-Black instrumental, et c’est aujourd’hui avec Istok, leur quatrième album, que Anton Gataullin (basse, Pwyll, ex-Show Me a Dinosaur), Andrey Novozhilov (guitare, Olhava) et Timur Yusupov (batterie, Olhava, Somn) sont prêts à nous envoûter.
L’album débute avec la lancinante Istok, qui propose un son pesant et pourtant assez majestueux. Le son glacial des leads hantent cette masse rythmique, qui s’apaisera pour devenir plus douce avant de renouer avec une mélancolie épique, puis Echoes of the Past déploie une noirceur pénétrante et intense. Le titre est plus énergique, mais également plus agressif, proposant un son rugueux mais également aérien, qui laisse entendre très distinctement la basse. Une accalmie est à prévoir, mais la tempête ne tardera pas à faire rage à nouveau, puis le groupe s’associe aux portugais de Gaerea pour Shining, un long titre sur lequel le vocaliste apparaît. Le morceau nous fait passer par une tornade d’intensité et de noirceur avant de nous faire rejoindre l’œil du cyclone, qui devient plus mélancolique, en particulier avec les hurlements de désespoir, puis la violence nous saisit à nouveau. La longueur du morceau n’est absolument pas un souci, et le torrent de noirceur s’apaisera une seconde fois avant de marcher lentement avec nous jusqu’à Burning Bridges, Shattered Dreams. Le morceau est dissonant, offrant des mélodies entêtantes qui se propagent rapidement tout en restant dans cet univers sombre et majestueux, et la froideur renforce cet aspect imposant. Le morceau accélère jusqu’à un point culminant avant de ralentir, puis il s’éteint pour donner vie à Hearts Turn To Stone. Le morceau semble parfois s’éloigner un peu de ces racines Black, mais il ne tarde jamais à y revenir, créant un contraste entre noirceur et tonalités aériennes, puis Rebirth prend la même direction, proposant même des sonorités douces et joyeuses en introduction. La rage et la saturation rencontrent des tonalités majestueuses, voire mystiques, et c’est avec la version instrumentale de Shining que le groupe referme son album. Le cyclone de noirceur est toujours présent, offrant les mêmes accalmies et les mêmes explosions, et malgré l’absence de voix le titre est toujours magnifique.
La beauté de TRNA passe par sa noirceur. Si comme moi vous redoutez les groupes instrumentaux, Istok vous fera à coup sûr changer d’avis, déployant des ambiances saisissantes et une intensité aérienne pour compléter son panel de tonalités puissantes.
90/100