Live Report Mennecy Metal Fest 2021
Samedi 11 septembre
Enfin ! Après un an d’absence, les concerts reprennent. Quoi de mieux pour reprendre en douceur que cette édition 2021 du Mennecy Metal Fest ? Pour raisons professionnelles (eh oui, paraît-il qu’il faut payer sa nourriture), je n’ai pu assister au premier jour du festival. Après avoir mis sur pied une organisation dantesque, je retrouve à nouveau le chemin du pit photo.
On débute avec Waking the Misery et ses tonalités Nu Metal énergiques. Le public n’est malheureusement pas encore très présents, mais ceux qui s’aventurent à la barrière semblent réceptifs à cette alternance entre chant saturé et clair, tout en remuant la tête en profitant du groove des riffs, jusqu’à ce que le groupe ne nous présente un invité, qui apportera des parties rapées. Les breaks sont efficaces, faisant bouger les musiciens, mais le set est court et c’est après quelques titres que le show prend fin.
Après une courte pause, c’est au tour de Fatima de jouer sur la scène principale. Le ton change radicalement avec un mélange de Stoner et de Grunge au chant rocailleux. Des pointes d’énergie, des tonalités plus lancinantes et un peu de dissonance se glissent dans les riffs. Le chanteur salue rapidement le public qui commence à arriver avant de relancer la machine, qui durera quelques morceaux avant de prendre fin sous des applaudissements.
Après un changement de plateau rapide, le sample introductif de Barabbas débute, puis c’est la lourde et lancinante masse sonore qui s’abat sur nous. Un Doom pesant, couplé à quelques tonalités Stoner plus groovy qui font remuer à la fois les membres et le public. Le son est malsain, et le chant hurlé en français de Saint Rodolphe nous permet d’être impliqués dans cette noirceur malsaine. “Foutez moi le bordel !” lâche le vocaliste à une fosse éparse qui remue la tête au son de leurs riffs. Il ira même jusqu’à descendre dans le pit photo pour nous inciter à bouger, ce qui aura son effet sur les présents, qui le suivent dans sa folie sombre jusqu’au dernier titre.
Le son brut et gras de Mercyless est le suivant à frapper le parc de Mennecy avec sa violence Old School. Aussi énergiques que lourds, les riffs forment une base parfaite pour accueillir les hurlements du vocaliste, qui pose parfois sur le devant de la scène en plaçant des leads tranchants. “Merci les amis, on va monter en puissance !” annonce Max Otero avant que le son ne s’écrase à nouveau sur nous. Le set explore la discographie du groupe, qui fait partie des légendes du Death à la française, avec trois morceaux du premier album. On constate avec plaisir que leurs riffs sont restés toujours aussi consistants, et que le live leur rend particulièrement hommage, tout en profitant de la maîtrise des musiciens. “Ami de la musique sombre, est-ce que tu vois les anges tomber ?” demande le vocaliste avant que les riffs ne viennent nous saisir à la gorge, motivant le public à remuer au rythme de cette noirceur musicale. La setlist n’autorise aucun temps mort, et elle nous tiendra en haleine jusqu’à la dernière note.
Setlist: Infamy – Substance of Purity – Christianist – God is Dreaming – Without Christ – Eucharistic Adoration – Rival of the Nazarene – Abject Offerings – I Vomit This World
Slave One entre sur la petite scène pour proposer un Death Metal solide qui mélange des harmoniques assez mélodieuses et des patterns plus techniques pour créer un son assez Old School. Leur set est très court, et Tarvos Brádach ne tardera pas à motiver la fosse. “On va se casser la nuque à mon signal !” lâche t-il avant un break épais qui fera des émules dans le public, qui savourera chaque seconde de ces riffs violents.
Corrosive Elements sont les prochains à assaillir la scène principale avec leurs riffs énergiques et tranchants. On sent les membres très motivés malgré leur concentration, et cette motivation est communicative. “Allez Mennecy, ça fait deux ans !” lâche Brice Moreau. “Bon, j’ai tenu deux ans sans baiser, c’est pareil !” plaisante-t-il alors que la rythmique repart déjà. Au son du blast et des riffs remuants, la fosse n’hésite pas à se mettre à courir, offrant un excellent spectacle pour leur iconique titre Burn the Preachers. Quelques parties en son clair viendront temporiser la rage du groupe avant de la laisser repartir, puis clore le set sous des acclamations méritées.
Deuxième set pour Slave One, qui reste aussi constant qu’à leur premier passage. Les riffs sont gras, puissants et bien agencés, offrant une deuxième dose de leur Death Metal aussi technique et puissant que mélodieux. La fosse lancera d’ailleurs un circle pit sous les hurlements massifs du vocaliste, qui motivera jusqu’au dernier moment la fosse.
Alors que Misanthrope s’apprête à monter sur scène, la foule prend déjà place devant les barrières. Le son unique et entraînant du groupe ne tarde pas à nous enchanter, mêlant mélodies et éléments complexes. “Mennecy ça fait longtemps !” lâche S.A.S. de l’Argilière avant de reprendre son chant menaçant en français. Si le groupe reste principalement campé sur ses positions, les orchestrations rendent le concert majestueux et le public est très réceptif. “C’est la première fois ce soir qu’on joue ce morceau !” lâche le vocaliste avant de nous offrir des hurlements perçants sur cette rythmique imposante, soutenue par des samples entêtants. Tout au long du set, le groupe explore sa discographie en proposant une intensité croissante et progressive, qui passe par leurs mélodies et la gestuelle du frontman, qui vit sa musique jusqu’à ce que les derniers applaudissements referment leur performance.
Place à une autre figure de proue du Death Metal à la française, Loudblast monte sur scène sous une intro oppressante. Et immédiatement après, les riffs sont d’une efficacité incroyable, proposant un parfait équilibre sonore entre puissance brute et harmoniques sanglantes, qui participent à cette ambiance pesante et sombre. “Mennecy faites un putain de bordel !” lance Stéphane Buriez avant de continuer à asséner ses riffs en compagnie de ses camarades. Pas de pause ou presque, un changement très rapide d’instrument pour le frontman, et la tornade reprend. La fosse répond évidemment présent à chaque demande du vocaliste, offrant même un circle pit et quelques slams, ce qui motivera encore plus le groupe à nous offrir des riffs sombres et malsains. Le contraste entre le large sourire, témoignant de la joie de remonter sur scène après tout ce temps, et la rage évidente de ce son si violent est saisissant, et l’intensité de fera qu’augmenter, en particulier sur les deux derniers titres, dont l’enregistrement est séparé de 25 années. Heureux, les membres du groupe auront le droit à une ovation unanime !
Setlist: Intro – The Promethean Fire – Taste Me – Turn the Scales – Presumption – Wisdom… (Farther on) – Shaped Images of Disincarnate Spirits – From Dried Bones – The Horror Within – Disquieting Beliefs – Emptiness Crushes My Soul – Todestrieb – Cross the Threshold
Petite pause Doom avec Conviction et sa lourdeur étouffante sur la deuxième scène. Un chant entêtant nous envoûte pendant que le bassiste, corde de pendu au cou, nous propose ce groove malsain et pesant qui sert de base aux harmoniques infernales des guitares. “Mennecy ça fait deux ans ! On est contents d’être là !” déclare Olivier “Amduscias” Verron, maître du projet, entre deux titres. Mais à nouveau le set est très court, et c’est avec une reprise des maîtres Cathedral que le groupe refermera sa prestation, avant que le public ne les acclame.
La fosse se remplit pendant que les musiciens d’Impureza terminent leurs préparatifs avant d’investir la scène principale. Si le son est immédiatement très axé Brutal Death avec des lumières explosives, les parties Flamenco teintées de Progressive Death ne sont jamais loin, et elles fédèrent rapidement la fosse. Les musiciens enchaînent très rapidement les titres, conjuguant violence Old School avec maîtrise. Entre deux morceaux, Esteban Martin en profite pour reprendre son souffle avant de nous haranguer en espagnol. Très réceptive malgré la barrière de la langue, la fosse lui répond immédiatement. “Esta muy muy bien! Vale, entra el infierno!” lâche l’homme avant que le son ne reprenne. Le set sera coupé par un long passage qui met en avant les influences Flamenco dansantes du groupe, et force est de constater que le public est séduit. Le Death Metal refait surface à pleine puissance, et c’est dans cette optique que le groupe conclura son set, aidé par une fosse désireuse d’en découdre jusqu’au dernier titre.
Conviction reprend avec la lenteur de son Doom pesant, proposant quelques morceaux tout aussi oppressants et sombres que les premiers pour nous envoûter quelques minutes. Le son est toujours aussi malsain et entêtant, laissant le vocaliste déverser sa majestueuse rage avant de nous laisser sous des applaudissements.
La nuit tombe, et c’est à Dagoba de monter sur scène. Le groupe est immédiatement très énergique, et les marseillais semblent attendus puisqu’il ne faut pas plus de temps à la fosse pour se mettre à remuer au rythme de leurs compositions efficaces. Au centre, Shawter ne cesse de motiver la foule entre deux parties de chant clair ou saturé, lançant les premiers slammeurs. “Putain ça fait du bien Mennecy !” lâche le vocaliste en reprenant son souffle, avant d’enchaîner avec The Hunt, leur dernier single. “On la connaît pas encore très bien…” ironise-t-il avant que Richard de Mello (guitare) et Kawa Kageshiro (basse) nous proposent des riffs lourds soutenus par la très efficace batterie de Théo Gendron. Le frontman ira jusqu’à descendre pour grimper sur la barrière et tendre son micro aux spectateurs qui ne manquent pas de hurler avec lui les paroles. L’ensemble de la foule est motivée à la fois par les compositions très efficaces, mais également par les ordres du chanteur, qui nous remerciera une dernière fois d’être présents avant d’entamer le dernier titre du set, sur lequel l’énergie brute ne redescendra pas. Les applaudissements qu’ils reçoivent sont mérités.
Setlist: Inner Sun – Abyssal / Face the Colossus – Black Smokers – The Hunt – The Infinite Chase – When Winter… – Epilogue – The Sunset Curse – Stone Ocean – Vantablack – The Great Wonder – The Things Within
Dernière pause Old School avec le Death Metal gras de Tales of Blood. Des riffs bruts, des leads sanglants et un son assez brouillon vont de pair avec ces traditionnelles lumières rouges, mais le son va soudainement s’améliorer pour nous laisser apprécier une rythmique épaisse. Le chant devient également plus audible, créant de l’agitation au niveau de la fosse, et on retrouve quelques patterns Grind/Death dans les titres du groupe. L’énergie des morceaux et des membres est communicative, offrant des mouvement de foule demandés par le chanteur lors de parties lead particulièrement efficaces. Après quelques titres, le groupe quitte la scène en ayant convaincu.
L’heure est assez tardive, et on constate malheureusement que la fosse est moins remplie pour l’arrivée de Moonspell. Pourtant, l’entrée en scène des portugais est applaudie, et le show débute avec une composition du dernier album. Les lumières théâtrales nous révèlent tout à tout Ricardo Amorim (guitare) et Aires Pereira (basse), alors que Fernando Ribeiro (chant) s’accroche à son pied de micro en chantant. Derrière eux, Pedro Paixão (claviers) se charge du côté majestueux alors que Hugo Ribeiro (batterie) propose une base rythmique très efficace. La fosse est conquise, et le français du chanteur contribue à cette communion accentuée par une fumée mystique et mystérieuse. Le groupe explore sa discographie, permettant au vocaliste de nous proposer ses hurlements massifs. “Maintenant on retourne dans le passé avec Wolfheart !” annonce-t il après quelques titres théâtraux pour introduire l’un des plus grands classiques du groupe. Le groove dissonant des compositions laissent très peu de temps morts, même entre les morceaux, et même si l’on constate un contraste entre les titres récents aux sonorités très douces et les anciens morceaux qui sont plus sombres, plus occultes et plus énergiques, le groupe tient son public, qui chante les refrains en choeur, dans sa main. Et les musiciens le savent, motivant toujours plus le public, avant de nous offrir une magistrale Alma Mater. Après quelques remerciements, c’est la mélancolique et puissante Full Moon Madness qui vient clore ce set dans la tradition des performances du groupe, qui partira de scène dans une ovation générale.
La journée se termine, et même si la fatigue est présente, j’en ressors heureux. Heureux d’avoir retrouvé le chemin de la musique live, d’avoir assisté à une grande diversité musicale, mais également heureux d’avoir pu ressentir à nouveau cette énergie et cette intensité qui m’avaient tant manqués.