Vildhjarta s’est réveillé.
Créé en 2005 en Suède, le groupe attire l’attention dès son premier EP, en 2009. Après un album en 2011 et un EP en 2013, le groupe reste dans les ténèbres. 2018 marque leur retour sur scène, mais ce n’est qu’en 2021 que Daniel Bergström (guitare), Calle Thomer (guitare, Humanity’s Last Breath), Vilhem Bladin (chant) et Buster Odeholm (batterie, Humanity’s Last Breath) nous révèlent la sortie de masstaden under vatten.
Pendant plus d’une heure, le groupe va déployer son Djent super efficace composé d’une froideur imposante, de patterns complexes et surtout d’une lourdeur saccadée. On commence avec l’oppressante lavender haze, un titre instrumental qui reste sombre même lors de ce passage envoûtant en son clair, rapidement rejoint par la puissance. när de du älskar kommer tillbaka från de döda introduit ces hurlements massifs sur des riffs aussi sombres que saisissants qui passent d’une énergie brute à des parties oniriques. Les claviers en arrière plan offrent une ambiance mystique, alors que kaos2 joue à nouveau avec un groove sombre à l’accordage très bas. A nouveau, les harmoniques aériennes créent un contraste entêtant, puis toxin reviendra briser la quiétude avec une lourdeur pachydermique, soutenue par une ambiance oppressante, mais également quelques parties en chant clair pour aller avec les hurlements. Les éléments techniques refont surface, tout comme sur brännmärkt et ses influences Prog. Le titre sait aussi bien créer des moshparts épileptiques qu’une ambiance étouffante, ou même mélanger les deux, puis c’est la mélancolie qui frappe sur den helige anden (under vatten) et sa rythmique lancinante. Le titre deviendra parfois plus brut, mais les mélodies perdurent, tout comme sur la mystérieuse passage noir et ses notes enivrantes. Le final conserve cette lourdeur explosive, puis måsstadens nationalsång (under vatten) nous enveloppe à nouveau dans une spirale de noirceur et de sonorités mystiques, qui accueille des riffs tranchants et dissonants.
Le chant refait surface sur heartsmear, un titre qui sera probablement responsable de nombreuses douleurs à la nuque, tout en offrant technicité et tranquillité, puis c’est l’angoisse que le groupe développe sur vagabond, le titre suivant. Les mélodies entêtantes accompagnent les hurlements, les riffs massifs et le chant clair avant une partie instrumentale, puis mitt trötta hjarta nous accroche avec un son aussi surprenant que contrasté. Aucune transition n’est nécessaire pour mélanger les différents éléments, tout comme sur detta drömmars sköte en slöja till ormars näste, un titre qui privilégie l’oppression et la lourdeur, saturation ou non. On croît la quiétude revenue sur phantom assassin, mais des éléments agressifs sont toujours présents, tapis dans l’ombre jusqu’à ce que leur heure soit venue, offrant une transition cohérente avec la dissonance de sunset sunrise. Après un début très énergique, le son se brise, puis de petits éclats de rage nous parviennent à nouveau sous ce calme mélodieux, qui vole à nouveau en éclats avec la complexe sunset sunrise sunset sunrise. Le son est lourd et lancinant en permanence, laissant parfois place à des parties mystiques, voire inquiétantes, avant l’énergique penny royal poison. Le titre a quelque chose de majestueux, mais aussi quelque chose de déroutant, puis paaradiso vient clore l’album avec dix minutes de son aussi complexe, imprévisible, envoûtant et assommant.
Si vous connaissez Vildhjarta, vous savez à quelle folie vous attendre. Si cependant le groupe vous est inconnu, vous allez entrer avec masstaden under vatten dans un très long labyrinthe de complexité, de lourdeur et de noirceur intense qu’il est difficile d’égaler, ou même de comprendre.
85/100