Après le silence, Ghost Bath se réveille.
Créé en 2012 aux Etats-Unis (et non en Chine, comme déclaré précédemment), le groupe se compose de Dennis “Nameless” Mikula (chant/guitare/claviers, If I Could Kill Myself), Josh Jaye (basse, Stone Marrow), Jason Hirt (batterie, Nothingness), Tim Church (guitare, Stone Marrow) et John Oliver (guitare, Stone Marrow). Self Loather, leur quatrième album, sort en 2021, accompagné par quelques invités, dont Chewie (Detraktor) au piano.
On débute avec Convince Me to Bleed, une composition qui dévoile immédiatement noirceur, dissonance et des leads aériens malsains, ainsi que des hurlements fantomatiques que l’on peut parfois comprendre, mais également ces pleurs déchirants. Les larmes de Yasmyn Bonifacio s’intensifient sur la pesante Hide from the Sun, où le groupe accueille CJ McMahon (Thy Art Is Murder) au chant, en faisant l’un des morceaux les plus saisissants et impénétrables de l’album. Les harmoniques entêtantes laissent parfois place à une rythmique saccadée étouffante, alors que Shrines of Bone fait rapidement émerger un nuage de noirceur qui nous entoure et nous assomme avec des riffs lancinants sur un blast fou. Les seuls moments où le morceau ralentit, il devient plus angoissant, tout comme l’écrasante Sanguine Mask, une composition aux saveurs d’apocalypse qui place la lourdeur au premier plan. Les harmoniques dissonantes font également partie de ce paysage désolé, tout comme les violons angoissants de John Ryan (ex-Cruachan) sur la partie finale, puis l’énergie refait surface sur A Crystal Lattice, un titre aussi abrasif que mélancolique. Le chant alterne entre ces cris de désespoir et des rugissements caverneux, puis Sinew and Vein, un titre assez lent, débute. Le son pénètre immédiatement notre esprit, puis il finira par accélérer avant que Graf (Psychonaut 4) ne rejoigne le groupe pour un final glacial, qui nous laisse avec I hope death finds me well, une interlude au piano qui ne fera que croître jusqu’à un point culminant qui cesse brusquement pour nous mener à For it is a Veil. La composition est majestueuse, aussi brute que travaillée, et sa rythmique nous hante autant qu’elle nous émerveille en abritant des leads perçants, puis Unbearable vient une fois de plus nous accabler avec un son pesant. Si la première partie du morceau est très imposante, le piano qui rejoint les riffs lui donne une touche d’angoisse supplémentaire avant Flickering Wicks of Black, le dernier titre. Plus court, plus brut, plus direct que les autres, mais tout aussi intense et saisissant.
Sans surprise, Ghost Bath nous délivre l’un des albums les plus noirs de l’année. Self Loather dévoile un paysage désolé, une réalité brute et un son qui ferait passer la mort pour une promenade de santé.
95/100