Il est arrivé ! Le temps des concerts en 2022 ! Pour la reprise, qui semblait compromise il y a quelques semaines encore, j’ai choisi d’aller fêter avec Sylvaine sa sortie d’album. Pour l’occasion, ELR et Sang Froid se chargeront de poser les bases d’une soirée qui s’annonce planante avec trois styles différents qui envoûteront ma première au Nouveau Casino de Paris. Un léger retard décale l’ouverture des portes, mais nous pénétrons enfin dans la salle.
Soudainement, les lumières s’éteignent pendant que les quatre musiciens de Sang Froid entrent en scène. Dès que le son nous parvient, la quiétude accrocheuse de la Cold Wave du groupe emplit la pièce, nourrie par la basse de Youenn, la guitare de JJ, et les claviers de Ben, mais également l’énergie hypnotique du chant de Thomas. La fosse est encore clairsemée, mais les quelques spectateurs sont très attentifs et se laissent prendre au jeu dévoilé par les ombres des musiciens qui restent très silencieux entre les titres. Les influences sombres et glaciales de leur son finira par conquérir l’intégralité de l’assemblée, qui augmente de minute en minute, et qui contemplera le mélange du quatuor sublimé par les lumières éthérées. Mais malheureusement, leur temps de jeu est assez court, et les musiciens sont contraints de raccrocher leurs instruments après une demi-heure d’un show très ambiant.
Après une pause obligatoire, il est temps pour E-L-R, un autre trio d’entrer en scène en scène pour une séance de Doomgaze pesant. Les frappes régulières de M.K. (batterie) accompagnent la rythmique abrasive et sombre de S.M. (guitare) et I.R. (basse), qui proposent parfois quelques parties vocales planantes. Le son dévoile également des éléments imposants qui rythment la vague dissonante et entêtante, qui s’apaisera entre les morceaux pour nous permettre de reprendre notre souffle avant d’être à nouveau noyé par ce son envoûtant. Très impliqués dans leur rituel qui présente principalement leur nouvel album, les musiciens accompagnent le son lancinant de tout leur corps, et l’énergie est pesante semble communicative puisque j’ai pu observer quelques spectateurs en transe. Le blast furieux rencontre des harmoniques aériennes mystérieuses, et le show avance lentement jusqu’à ce que les musiciens y mettent un point final, tout en restant aussi distants que lorsqu’ils nous arrosaient de leurs riffs aériens, clôturant cet océan lancinant.
Setlist: Opiate the Sun – Three Winds – Seeds – Fleurs of Decay – The Wild Shore
Le dernier changement de plateau fera place à la prestation de Sylvaine, qui débute avec une quiétude apaisante. Accompagnée par Florian Ehrenberg (guitare), Maxime Mouquet (basse) et Dorian Mansiaux (batterie), Katherine Shepherd (guitare/chant) se place au centre et nous offre sa voix douce et claire, parfois transformée en hurlements fantomatiques, qui donnera une âme à cette ambiance froide et majestueuse, qui sera illustrée par les silhouettes des musiciens qui se détachent des lumières changeantes. Très effacés, les musiciens laissent la vocaliste nous remercier et présenter son art. “Hey Paris… It’s been a long time to go… But we’re here…” lâche-t-elle avant que Mono No Awake, un titre de son dernier album, ne vienne poser une vague aussi planante et entêtante qu’addictive et lancinante. Les titres aériens laissent parfois place à des passages plus doux et minimalistes, qui seront respectés par le silence de l’assemblée qui participe littéralement à la transe contemplative du son, et qui continuera même lorsque la musicienne sera seule pour nous transmettre son art. Si la majorité du concert est concentré sur Nova, dont le groupe fête la sortie ce soir, mais quelques titres des précédents opus se font également entendre, comme Atoms Aligned ou A Ghost Trapped in Limbo, qui viendront hanter la salle avec leurs tonalités pesantes. Les lumières participent énormément à cette sublime ambiance, comme cette couronne aveuglante qui apparaît vers la fin du show, juste avant que la musicienne ne nous offre un dernier titre très ambiant, qui est une reprise d’un titre norvégien. Sa fin sera saluée par l’ensemble de la salle.
Setlist : Nova – Delusions – Mono No Aware – Thrajar (solo) – I Close My Eyes So I Can See – Atoms Aligned, Coming Undone – Nowhere, Still Somewhere – Earthbound – Abeyance – A Ghost Trapped in Limbo – Mørklagt – Eg Er Framand (solo)
Pour une reprise, je ne pouvais rêver mieux ! Si Sang Froid et ELR ont chacun créé et nourri une ambiance qui leur est propre tout en plaçant des éléments très doux, Sylvaine nous a littéralement envoûtés avec des titres majestueux et sincères. Merci à Black Speech Production pour ce moment hors du temps.
Sang Froid est un quatuor en live. 😉
JJ : guitare
Ben : Claviers
Thomas : chant
Youenn : basse.