Tassi veut à nouveau s’exprimer avec Northland III, son nouvel album.
L’an dernier, le projet mené par Dryad (chant/tous instruments, Bliss-Illusion) nous avait offert un double album entre Post-Black, Shoegaze et musique aérienne.
Avec dix nouvelles compositions pour une durée d’une heure, le musicien nous fait à nouveau plonger dans l’univers débuté sur les compositions précédentes, qui nous avaient menés dans un univers onirique et planant. On le constate immédiatement avec Star Palace, un titre qui propose un contraste entre Black Metal brut et éléments très doux, complétés par cette voix viscérale. Cris fantomatiques et chant clair se relaient jusqu’à Fog of the Bleak Sea, un titre entêtant et très contrasté sur lequel le musicien nous noie sous son oppression apaisante. Equilibrium Reincarnation prend la suite avec une douceur éthérée, des harmoniques lentes, mais également des effets progressifs qui nous lâchent sur Fairy, une composition qui nous laisse entrevoir l’énergie sombre dans sa quiétude. Le son est principalement calme, mais on sent que le son brut veut exploser avec la base de Shoegaze mélodieuse, qui crée un contraste avec les patterns énergiques, mais aussi avec Nostalgia et ses harmoniques groovy mais dissonantes. Le chant saturé et le blast sont totalement opposés aux mélodies douces et aux murmures, tout comme sur Merkabah et ses influences plus modernes. Des tonalités automatiques orientées Electro se font entendre sur le début du morceau, mais elles sont rattrapées par le déluge de douceur et par les tonalités mystérieuses de Lake of Fire, qui se montrent de plus en plus pesantes et angoissantes. La saturation se montre naturellement, laissant les hurlements hanter la rythmique avant que Memoir Of Eerie Fantasies II ne vienne imposer des éléments déchirants aux influences DSBM. Les pleurs se mêlent à la mélancolie majestueuse, qui se dessine autour des riffs bouleversants et de la noirceur, pendant que The Adventures Of Ethernet propose une approche plus calme et pesante de ce son aérien. Les harmoniques paisibles continuent jusqu’à ce que The Voice Of The Luna, le dernier morceau, ne propose une modernité perturbante. Le chant s’adapte parfaitement aux tonalités planantes, tout en conservant une mélancolie lente jusqu’au dernier moment.
Une fois de plus, Tassi nous invite au voyage. Pas celui du corps malheureusement, mais celui de l’esprit. Northland III poursuit son pèlerinage à travers des paysages apaisants, pesants et sombres, mais il permet au musicien de faire sortir ce qui vit en lui, que ce soit à travers les riffs planants ou les sonorités sombres.
95/100