Après la sortie d’Erinyes, le premier album de Yarotz, Fabien Zwernemann (guitare/chant) et Vincent Perdicaro (basse) ont pris le temps le temps de répondre à mes questions.
Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de votre temps ! Comment présenterais-tu le groupe Yarotz sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Vincent Perdicaro (basse) : Salut, oui pas facile de ne pas utiliser l’étiquette “Metal” tant cela englobe bien l’ensemble de nos influences et inspirations. On nous classe plus précisément dans la catégorie “Punk Hardcore” pour notre facette agressive, ça nous convient mais je pense qu’on propose plus que cela notamment par l’intégration de plan mélodique et de riff plus extrêmes. Pour nous, le but est de faire ressortir une énergie qu’elle soit explosive ou mélancolique, on essaye de varier notre musique pour souligner différentes émotions.
Pourquoi ce nom et pourquoi en avoir changé ? Quelle est sa signification et son lien avec la musique du groupe ?
Vincent : On a décidé de changer de nom car on arrivait à un virage début 2020 avec l’arrivée d’Enzo à la batterie, cela nous a ouvert plus de perspective. Le groupe s’appelait The Third Eye avant cela. On en garde de très bons souvenirs et c’était en quelque sorte la version bêta de Yarotz, elle aura permis de poser les fondamentaux. Yarotz vient du mot yarost qui signifie “rage” en russe. Avec notre ancienne formation (General Lee) on a expérimenté une tournée en Russie et cela nous avait beaucoup marqué de voir comment les gens là-bas ont cette envie d’en découdre lors des concerts…
Erinyes, votre premier album, sort bientôt, comment pourriez-vous le décrire en trois mots ?
Vincent : C’est notre premier album qui sera donc sorti le 23 Mars. En trois mots, exutoire, émotion et détermination.
Comment s’est passé le processus de composition ? Était-il différent des débuts du groupe ?
Fabien Zwernemann (guitare/chant) : Avant l’arrivée d’Enzo, le groupe avait un fonctionnement plus routinier, une répète tous les vendredi soirs…Mais avec Yarotz nous avons voulu passer un cap et aller plus loin dans le travail. Pour la composition nous travaillons une partie à distance en enregistrant chacun de notre côté, puis nous nous retrouvons pour des sessions en mode résidence de 2-3 jours à bloc. Ça nous permet d’avoir du recul et en même temps d’être complètement focus pendant les sessions en collectif.
Vincent :A vrai dire il s’agit du premier vrai enregistrement du groupe. C’est Cyrille Gachet qui nous a suivis pendant tout le processus de production et c’était vraiment une super expérience. Pour la production, on a beaucoup travaillé le son à la prise en prenant soin des choix des instruments et cela c’est fait naturellement avec beaucoup de bon sens. Cyrille nous a permis de canaliser notre énergie pour la transmettre de la manière la plus directe qu’il soit sur l’enregistrement et dans le but d’avoir le plus de dynamique naturelle avant le mixage.
Y a t-il un concept sur cet album ? Les morceaux sont-ils liés entre eux ? Également, quel est le lien avec l’artwork ?
Fabien : L’album n’est pas conceptuel, nous n’avons pas choisi un sujet que nous avons essayé de traiter en musique. Mais nous avons eu une cohérence dans l’écriture des textes en souhaitant traiter de sujets sociaux plutôt engagés. Nous avons voulu réagir avec des phénomènes, des faits qui nous révulsent. Pour l’artwork, c’est une étape difficile dans la conception d’un album car tu dois représenter en une image, ta musique et ce que tu veux dégager comme impression… à ce moment-là, nous nous sommes posés sur les textes, nous pensons que tout se paye un jour ou un autre. D’ailleurs nous le voyons bien assez régulièrement dans les actualités avec le climat. Et nous aimions l’idée dans la mythologie égyptienne de la pesée de l’âme à la mort d’un individu, c’est ce que nous avons représenté avec l’aide de l’artiste japonaise Yuki Watanabe qui nous a proposé un diptyque représentant un monstre végétal tendant un coeur humain à un loup enragé.
Les influences du groupe sont très différentes, comment arrivez-vous à lier toutes vos racines pour créer votre son ?
Vincent : De manière naturelle, on se laisse avant tout guider par nos émotions, c’est vrai que de par nos diverses expériences on arrive à piocher dans un spectre assez large. Chacun s’approprie les riffs différemment. Le plus dur c’est de négocier les transitions entre les plans les plus contrastés mais en nuançant progressivement notre jeu, on arrive toujours par trouver une certaine fluidité.
Vous avez collaboré avec Christian Andreu de Gojira sur un titre, comment s’est passée la collaboration ?
Vincent : On a rencontré Christian en 2019 lorsque nous avons remporté le tremplin du XL Tour, une structure qui accompagne les artistes Landais, ça nous a permis d’être suivi pendant plus de 2 ans et Christian était notre “parrain”, on a pu profiter de ses précieux conseils tout ce temps et on a fini par sympathiser. C’est vraiment un mec en or et cela nous a paru logique de lui demander de jouer une partie pour l’album sur un passage où nous souhaitions poser un arrangement.
On lui a donc proposé et peu de temps après il nous a dit qu’il était chaud, on lui a donc envoyé le morceau en lui disant de se faire plaisir. C’est vraiment génial de dire que le mec de Gojira joue sur ton album, c’est pas rien car on respecte tellement ce groupe musicalement et également pour leurs qualités humaines.
Fabien : J’ai rarement rencontré quelqu’un avec une telle humilité, une des plus belle rencontre faite dans la musique.
Depuis 2020, le monde souffre du Covid-19. Comment avez-vous vécu les différentes périodes de restrictions en tant que groupe ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
Vincent : Evidemment comme tous les autres groupes on a annulé des tas de concerts, c’était vraiment pesant pour le moral mais on a réussi à se focaliser sur l’album et ne plus trop penser au concert, on a appris à travailler à distance ce qui est vraiment excellent pour prendre du recul sur le travail. On n’a pas vraiment évoqué le covid dans nos textes… probablement car on avait juste envie de penser à autre chose au moment de l’écriture.
Bien que le futur soit toujours incertain, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
Vincent : Et bien pour commencer on devrait pouvoir enchainer quelques dates à partir du mois d’Avril en commençant par le BetizFest à Cambrai et avec en ligne de mire le Hellfest. Ça va nous demander de faire une bonne préparation et on a tellement attendu ça qu’on a une terrible envie de déjà y être !! Ensuite on commence à composer des titres pour un prochain album mais ce n’est pas encore une priorité.
Fabien : Nous allons préparer également un troisième clip pour cet automne, nous aimons beaucoup cette phase artistique de développer en vidéo notre musique.
Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Metal ? Quel a été votre premier album de Metal ?
Vincent : Personnellement, un beau jour on m’a donné une cassette de Maiden No Prayers for the Dying que j’ai littéralement poncé puis bien d’autres groupes ont suivi par la suite. Je trouvais cette énergie hors du commun et en essayant de faire pareil derrière mon premier instrument j’ai découvert comment on pouvait évacuer ses frustrations, ses colères tout en éprouvant un sentiment de satisfaction. Rien d’autre ne me permettait ça à l’époque en tant qu’ado.
Fabien : Pour ma part, c’est un moment qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. J’avais découvert Nevermind de Nirvana à 11 ans et peut après j’avais un pote qui avait le fameux grand frère qui écoutait tous les trucs cool. Je me vois encore avec mon pote allez dans la chambre du grand frère, en mission espionnage pour écouter de la zik et là on trouve un CD tout noir, on met dans le lecteur et mon pote choisi la 4éme piste et c’était The Unforgiven de Metallica. Je n’avais jamais écouté un truc qui m’avait fait cet effet, au bout de 5 min, j’étais fan de Metallica ! De la hargne, de la mélodie mais teinté de mélancolie, tout ce que j’aime!
Quel est votre regard sur la scène française ? Et la scène internationale ?
Vincent : La scène française a beaucoup évolué depuis quelques années, les groupes ont plus de caractères, je pense aux mecs de Hangman’s Chair ou Birds in Row qui ont un son bien à eux. Certains complexes disparaissent et ça donne des trucs vraiment classe. On a toujours les yeux tournés vers les Etats-Unis, les UK et les pays scandinaves, on y trouve beaucoup d’influence et un renouvellement assez conséquent, je pense notamment à Turnstile qui a su enrichir son Hardcore de manière très intelligente et élaborée.
Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels vous aimeriez collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
Fabien : A vrai dire, il y a des producteurs avec qui on aimerait travailler, comme Kurt Ballou de Converge. Dernièrement il y a eu des albums qui sont sortis et qui sont le genre de collaborations que j’aimerai faire, par exemple Emma Ruth Rundle avec Thou ou le projet Bloodmoon avec Chelsea Wolfe. Si l’on fait une collab, j’aimerai utiliser les contrastes musicaux, par exemple travailler avec Agnès Obel ou Anna Von Hausswolf, mais bon ce n’est pas pour tout de suite.
Quels sont les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2022 selon vous ?
Vincent : Céleste nous a mis une petite fessée dernièrement, on n’a pas eu l’occasion encore de les voir en concert mais je pense que le travail doit être sacrément bien fait. Et puis nous pouvons en profiter pour parler de Junon car c’est notre autre groupe avec Fabien avec qui nous avons aussi prévu de tourner cette année.
Vous souvenez-vous de votre première expérience avec un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Vincent : Je crois que la première fois que j’ai touché un instrument c’était la guitare classique de mon père que j’ai réduite en miettes par inadvertance car trop jeune pour comprendre l’utilité de ce truc en bois. Bien des années plus tard on m’a offert une guitare sur laquelle j’ai écorché quelques morceaux Grunges de la belle époque, puis enfin il fallait un bassiste dans le premier groupe qu’on avait formé avec des potes de lycée donc je m’y suis collé pour assouvir l’égo des guitaristes bien trop fier déjà à cette époque.
Fabien : Je viens d’une famille d’origine polonaise où la musique a toujours été présente à la moindre réunion de famille. On m’a mis un violon dans les mains à 6 ans, mais avec la découverte de Metallica ma rébellion était née. J’ai eu le droit à une guitare “classique” pour mes 14 ans. J’avoue que pour la rébellion c’est pas l’arme la plus démonstrative mais elle a fait le job !
Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs en tant que musicien ?
Vincent : Meilleurs souvenir, ma première (et dernière) Mainstage au Hellfest avec Lyzanxia, c’était énorme de fouler ce plateau. Le pire souvenir, le van bloqué sur une autoroute enneigée en Allemagne pour une date avec General Lee qu’on a dû annuler… 24H passé dans la promiscuité, mais ça a permis de créer des liens.
Fabien : Il y en a beaucoup, et d’ailleurs les mauvais souvenir sur l’instant se transforment souvent en bon car souvent il y a souvent des anecdotes qui en font un super souvenir, comme les 24h passé en vanne que Vincent raconte.
Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que vous réussissez à vivre de votre musique, ou est-ce que vous avez un métier qui n’a pas de rapport avec la musique pour vivre ?
Fabien : Je suis un mordu de sport de plein air, je pratique le surf depuis de nombreuses années et tous les sports de montagne, j’adore ça. J’aime vraiment me confronter à la nature, ressentir la puissance qui s’en dégage. Après, nous ne vivons pas de notre musique même si ça reste un rêve de gosse. Enzo est encore étudiant pour justement, essayer de s’approcher le plus de ce rêve, et Vincent et moi avons chacun un travail qui nous permet de vivre et profiter pleinement de notre passion.
Si je vous demandais à quel plat français vous pourriez comparer la musique de Yarotz, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Fabien : Pas évident… une carbonade flamande vegan, avec des frites bien entendu ! Car éthique, terriblement efficace et mon dieu que c’est bon !
Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus Yarotz en ouverture.
Fabien : Alors, petite tournée sympa, Gojira, Tool, Converge et nous en ouverture. Très très gros kiffe en prévision !
Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
Fabien et Vincent : C’est nous qui te remercions pour ton intérêt et pour tes questions qui changent (voir la partie culinaire) ;). On se donne rendez-vous très vite sur scène et n’hésitez pas à venir à notre rencontre, car on fait de la musique pour ça, vivre des expériences et faire des rencontres. Suivez-nous sur Facebook, Instagram.
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