Le Hellfest. Terre de Metal depuis… eh bien quinze ans cette année ! Enfin quinze éditions pour être précis, après deux années blanches pour des causes que nous connaissons tous.
Forcé de manquer le premier week-end, j’entends bien me rattraper avec ce deuxième week-end de quatre jours qui s’annonce tout aussi imposant. La pose des bracelets effectuée, je pars à la conquête d’une biè… des scènes d’un pied vaillant.
Les galeries complètes arriveront au fil de l’été.
Mais avant tout, petit passage par la conférence de presse de Steve Vai, qui répondra avec simplicité et surtout un naturel impressionnant à quelques questions concernant ses récentes tournées, la chaleur qui sévit actuellement, ou encore la manière dont il perçoit et utilise ses instruments. “Finding inspiration in the melody is only about you” dira-t-il très sérieusement, et venant d’un tel virtuose, ce conseil est à appliquer immédiatement.
Premier concert de ce jour, c’est Phil Campbell and the Bastard Sons qui ont l’honneur d’ouvrir les hostilités sur la Mainstage ! Et pour l’occasion, les anglais nous ont concocté un set de reprises de Motörhead, tout en nous rappelant que le guitariste rendra un hommage à Lemmy, dont la nouvelle statue au style très différent nous attend, en fin de soirée. Côté son, on reste sur un mélange solide et efficace de Hard/Heavy gras et accrocheur, qui laissera les musiciens placer des parties lead perçantes pendant que le vocaliste s’en donnera à coeur joie tout en déambulant sur la scène pour haranguer la fosse en reprenant comme il peut les morceaux légendaires.
Setlist: Iron Fist – Damage Case – Rock Out – Born to Raise Hell – Ace of Spades – Bomber – Going to Brazil – Killed by Death – Overkill
Retour sur l’une de mes deux scènes préférées pour écouter le son occulte de Lili Refrain, qui m’était totalement inconnu jusqu’à lors. Seule sur scène, la jeune femme nous envoûte lentement, avec ses claviers et sa guitare, qu’elle alterne avec une douce facilité, samplant l’un ou l’autre pour permettre au deuxième d’entrer en jeu, accompagné par des percussions et sa voix mystique. Les titres sont assez longs, plutôt longs et ambiants, permettant une certaine diversité tout en restant ancrés dans la noirceur, et la performance attirera quelques curieux.
On passe à ma deuxième scène de prédilection pour la découverte de Crown, qui est tout aussi intrigante que la précédente. Des touches Industrial, des nappes de claviers, mais aussi des parties rythmiques plus solides et un chant intense qui rappelle à la fois la tête d’affiche du lendemain, mais aussi des projets plus obscurs. On remarquera que l’espace de jeu est rapidement occupé par les musiciens, qui laissent le public entrer progressivement dans leur univers sonore lancinant, qui se prête parfaitement à un show sous tente.
Première valeur sûre connue, puisque j’étais déjà devant The Ruins Of Beverast trois mois auparavant. Et bien que je connaisse très bien le groupe, les allemands m’ont à nouveau impressionné avec ce mélange de Black Atmosphérique intense et de Doom pesant. Cette fois-ci accompagnés par un claviériste, les musiciens headbanguent en rythme avec ces riffs sombres et les hurlements terrifiants d’Alexander von Meilenwald (chant/guitare) qui habitent l’instrumentale abrasive, et qui aura conquis en un rien de temps son public.
Setlist: Ropes Into Eden – Daemon – Anchoress in Furs – Between Bronze Walls
Étant habitué de leurs prestations, il me tardait de revoir Tribulation après leur changement de guitariste, et c’est maintenant chose faite. Force est de constater que Joseph Toll n’a pas pu être présent, et qu’il a laissé son poste à Tobias Alpadie (guitare), qui a parfaitement repris le flambeau aux côtés de Johannes Andersson (basse/chant) et Adam Zaars (guitare), et c’est avec une aisance naturelle que le quatuor suédois nous distille son Metal Gothique/Progressif sous les frappes toujours aussi précises d’Oscar Leander (batterie), qui n’hésitera pas à toiser un public acquis à leur cause. Nous voilà donc rassurés sur le futur du groupe, qui nous inonde d’encens sous leurs sonorités aériennes et dissonantes.
“Et pourquoi pas ?”, c’est ce que je me suis dit en constatant que Zeal and Ardor passait sous la Temple. Et bien que sur album, les créations de Manuel Gagneux (guitare/chant), je ne peux que reconnaître que l’univers si particulier du musicien, accompagné par deux choristes, fait mouche. La rythmique est solide et conforme aux différentes influences qui s’étalent du Black Metal au Negro spiritual (style que je viens donc de découvrir) en passant par le Blues et le Gospel, mais c’est ce mélange de voix aussi différentes que complémentaires qui fait la force du projet. C’est donc validé, et je me pencherai à nouveau avec plaisir sur l’univers des suisses.
Setlist: Church Burns – Götterdämmerung – Ship on Fire – Row Row – Blood in the River – Gravedigger’s Chant – Run – We Can’t Be Found – Trust No One – Death to the Holy – Don’t You Dare – Devil Is Fine – J-M-B – Feed the Machine – I Caught You – Baphomet
On ne présente plus Insomnium, mais on retourne les voir à chaque fois, et cette édition 2022 du festival ne fera pas exception à la règle, puisque je me retrouve dans le pit photo pour attendre Niilo Sevänen (chant/basse) et ses compères. L’installation est rapide et sans fioritures, le quintet nous entoure rapidement de ses mélodies aériennes et les premiers rangs sont déjà en pleine séance de headbang. Le contraste entre la voix claire de Jani Liimatainen (guitare/chant) fonctionne toujours aussi bien avec les hurlements du frontman, qui accompagne les frappes de Markus Hirvonen (batterie), laissant les leads et autres solos à Markus Vanhala (guitare), qui se balade tout souriant sur scène. La setlist est assez peu surprenante, mais elle reste diablement efficace, alternant des parties plus violentes avec cette atmosphère envoûtante qui continue de faire ses preuves au vu du nombre de personnes présentes ce soir.
Setlist: Karelia – Valediction – Mortal Share – Revelation – And Bells They Toll – Heart Like a Grave – Unsung – Pale Morning Star – The Primeval Dark – While We Sleep – Ephemeral
J’avais été déçu des lumières accompagnant les islandais de Solstafir lors d’un autre festival breton en 2019, mais laissez moi vous dire que ce soir, le groupe a largement changé la donne ! Entre les grimaces d’Adalbjörn Tryggvason (guitare/chant) qui arpente la scène, la quiétude de Saepór Maríus Saepórsson (guitare), les frappes douces d’Hallgrímur Jón Hallgrímsson (batterie) et le son réconfortant de la basse de Svavar Austmann, le groupe est entouré d’une aura mystique qui représente parfaitement leur musique. Harmoniques planantes côtoient les cris viscéraux et les racines Post-Metal pour une performance qui restera dans les annales.
Faute aux clashs horaires, je me rue en Mainstage pour la performance d’Helloween que je sais déjà grandiose, en raison de leur récente (enfin… récente pour la longévité des allemands) réunion. Si la setlist est bien évidemment réduite en raison de leur temps de jeu, on remarque qu’Andi Deris (chant), Michael Kiske (chant) et Kai Hansen (guitare/chant) sont toujours aussi à l’aise pour se partager les parties de chant et se retrouver pour se taquiner. De leur côté, Michael Weikath (guitare), Markus Grosskopf (basse) et Sascha Gerstner (guitare) sont plus modérés, alignant leurs riffs motivants sous les frappes de Dani Löble (batterie), qui n’ont pas mis longtemps avant de mettre tout le monde d’accord : Helloween sait faire les choses en grand.
Setlist: Eagle Fly Free – Dr. Stein – Save Us – Walls of Jericho (sur bande) – Metal Invaders / Victim of Fate / Gorgar / Ride the Sky – Heavy Metal (Is the Law) – A Tale That Wasn’t Right – Best Time – Power – Future World – How Many Tears – I Want Out
Retour sous les tentes pour l’arrivée de Septicflesh, qui devient le groupe que j’ai le plus vu sur scène. Petite surprise : la présence de Sotiris Vayenas (chant) pour délivrer le chant clair aux côtés de Spiros “Seth” Antoniou (basse/chant), rendant les parties planantes encore plus intenses. A leur habitude, les grecs nous captivent immédiatement, laissant les samples orchestraux côtoyer les guitares de Christos Antoniou et Psychon, sous l’agressivité de la batterie de Kerim « Krimh » Lechner. Une fois de plus, le combo frappe très fort, laissant le public les acclamer à la moindre occasion entre deux séances de headbang, suivant les “France, ladies and gentlemens, go!” du frontman qui tient le public au creux de sa main. Les titres s’enchaîneront avec une fluidité incroyable jusqu’à la fin de leur set, qui sera lourdement applaudi.
Setlist: Hierophant – Pyramid God – Portrait of a Headless Man – Neuromancer – The Vampire from Nazareth – A Desert Throne – Martyr – Communion – Anubis – Dark Art
Changement d’ambiance avec le rituel d’Heilung qui a visiblement réuni une bonne partie du festival sous la Temple. Après que la scène ait été enfumée de sauge par Kai Uwe Faust (chant/percussions), on verra donc les musiciens se joindre à la cérémonie, vêtus de leur tenue de scène, avec visiblement un engouement particulier pour le costume de Maria Franz (chant/percussions) à en croire les acclamations. Christopher Juul (chant/percussions) ne sera pas en reste, joignant sa voix et ses frappes à celles de ses collègues pour offrir un trio aussi inquiétant, pesant et sombre que majestueux, hypnotique et saisissant, laissant le public apprécier le spectacle, complété par divers joueurs d’instruments traditionnels qui laissent la place d’honneur aux trois vocalistes. Comme lors de leur précédente performance à Clisson, il n’y aura pas de communication entre les titres, laissant la magie opérer du début à la fin, à peine interrompue par une audience conquise qui félicite des musiciens très impliqués à chaque instant.
Setlist: Opening Ceremony – In Maidjan – Alfadhirhaiti – Krigsgaldr – Hakkerskaldyr – Traust – Hamrer Hippyer
Il est temps de passer au dernier groupe de la soirée que j’ai toujours réussi à louper depuis des années, les suédois de Therion et leur énergie mystique. Les voix de Thomas Vikström, Rosalía Sairem et Chiara Malvestiti alternent leur présence sur la rythmique de Christofer Johnsson (guitare), Sami Karppinen (batterie), Christopher Davidsson (basse) et Christian Vidal (guitare) surmontée de samples majestueux, et si le public se montre timide, les présents apprécient le spectacle ! Les guitaristes se rejoignent pour jouer ensemble, les vocalistes déambulent sur scène en haranguant la fosse ou en se croisant de manière très théâtrale, avec malgré tout de très légères faiblesses au niveau du son des guitares, mais le tout sera bien vite corrigé par une équipe technique très réactive. Le groupe prendra peu la parole, et les morceaux s’enchaînent, alternant par ailleurs les différentes ambiances que le groupe est capable de créer pour notre plus grand plaisir, et même si j’ai entendu des fans de la première heure se plaindre de la setlist, je suis heureux d’avoir enfin pu voir le groupe sur scène !
Setlist: The Rise of Sodom and Gomorrah – Tuonela – Birth of Venus Illegitima – Leviathan – Ginnungagap – Son of the Sun – Lemuria – Asgård – Wine of Aluqah – Cults of the Shadow – To Mega Therion
Une première journée qui s’achève pour moi, suivie d’une longue route jusqu’à mon hébergement, d’une recharge de batteries en règle (autant les miennes que celles de l’appareil), et c’est une courte nuit de sommeil qui m’attend !