Motocultor 2022 – Jour 2

“C’est plus d’mon âge”, me dis-je après quelques heures de sommeil. Mais peu importe, le festival entend bien continuer, et pour ma part, j’ai un bon nombre de groupes à voir ! Donc après une courte nuit de sommeil et une belle douche, nous voici de nouveau sur le site de Kerboulard.

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Alors que j’avais prévu un début très calme, The Dahli Thundering Concept annonce remplacer l’un des deux groupes de la matinée. Soit, l’expérience de fin 2019 m’avait plu, alors j’y retourne. Et je n’ai pas eu tort, car il n’est même pas treize heures, et les quatre franciliens se sont donnés pour mission d’exploser la scène principale, d’abord avec une instrumentale technique mais efficace, puis en compagnie des hurlements de Sylvain (chant), qui nous motive en permanence tout en faisant sa séance de sport sur la scène. On ne pouvait rêver meilleure mise en jambe.

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On continue dans l’expérience sportive avec Ten56, un nouveau “supergroupe” français qui réunit des visages connus de la scène Metalcore/Djent française avec à sa tête Aaron Matts (chant), qui semble être dans une forme olympique. Les musiciens ne sont pas en reste, car même si les riffs restent assez basiques, les breaks s’enchaînent et il ne faudra pas longtemps à la fosse pour se mettre à remuer en rythme, incités par le chanteur qui fête son anniversaire. Mais il n’est pas le seul à prendre de l’âge, car Luka (guitare) est dans le même cas, et c’est après une douche de champagne que les riffs reprennent, accompagnés par des slammeurs et un mosh quasi-incessant. Le groupe est né pour démonter des scènes, et ça se sent.

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C’est au tour de Gohrgone, un autre groupe français, de retourner la Mainstage. Le groupe a prévu le coup, et ils exposent fièrement un parpaing (dédicacé, bien entendu) sur le devant de la scène. Brutal, n’est-ce pas ? Eh bien c’est également le mot que j’utiliserai pour décrire ce concert, qui retournera également une fosse déjà conquise et prête à continuer d’en découdre. Le groupe demandera également un circle pit, qui se lancera immédiatement en soulevant une quantité incroyable de poussière, mais le groupe redouble d’efforts pour se mêler à l’énergie ambiante en alignant des riffs aussi efficaces qu’agressifs jusqu’à la toute fin.

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Restons chauvins avec l’arrivée de Nature Morte, dont le dernier opus m’avait enchanté, un trio beaucoup plus dissonant et un peu moins mobile, mais qui a visiblement envie de nous écraser sous des riffs chaotiques empruntés au Post-Black et au Sludge. Face à face, Chris Richard (basse/chant) et Stevan Vasiljevic (guitare) développent leur crasse musicale sous les frappes pesantes de Vincent Bemer (batterie) pour un show que je qualifierai d’intimiste, et qui sera observé attentivement par un public extrêmement réceptif à cet art malsain mais accrocheur. Les hurlements viscéraux ajoutent une touche brute à leurs riffs épais, ce qui confirme mes premières impressions : le groupe est promis à un bel avenir.

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Changement total d’ambiance avec l’arrivée de Schammasch, un groupe au visuel perturbant mais mystique. Deux guitaristes au visage peint en noir avec une tenue ornée de dorures, un guitariste et un bassiste qui headbanguent en permanence, portant les mêmes tenues et un batteur, souvent caché par des lumières agressives, voilà de quoi est composé le quintet mystérieux qui enveloppe la scène principale dans son Black Metal à la fois massif et mélodieux. A la fois majestueux et minimaliste, le groupe affichera un silence pesant entre les titres, renforçant cette ambiance ritualistique.

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On reste dans le Black Metal avec la performance très brute de Wiegedood, trio Belge et membres du collectif Church of Ra, qui va sans surprise nous proposer un show aussi lourd et dissonant que millimétré. Les guitares de Gilles Demolder (guitare) et Levy Seynaeve (guitare/chant) mêlés aux frappes violentes de Wim Sreppoc (batterie) pèsent sur le public qui encaisse les vagues inarrêtables en remuant le crâne en rythme avec le son lancinant et imposant, qui étouffera parfois quelque peu les hurlements déchirants. Un groupe à ne pas rater.

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Une autre formation que je n’avais aucune envie de rater, c’est Lost Society et son Metalcore plus moderne qui aura tôt fait de conquérir la Dave Mustage, non sans compter sur une surdose de charisme. Car outre les incitations de Samy Elbanna (guitare/chant), les poses de Mirko Lehtinen (basse) et Arttu Lesonen (guitare) ainsi que les grimaces de Tapani Fagerström (batterie), le groupe dégage une énergie communicative indéniable. Si pour ma part je suis assez peu réceptif aux styles les plus modernes, le groove des finlandais est incroyablement bien géré, et la fosse le ressent immédiatement ! Slams, moshs et reprises des refrains, tout y passe, même sur les parties les plus douces où le chanteur se met en avant. J’ai sincèrement passé un excellent moment.

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Les festivals ont toujours été sources de ces fameux clashs entre deux groupes que l’on aime, et cette édition 2022 n’échappera pas à la règle. Mais il existe une stratégie dans tout celà, et c’est pourquoi je me dirige immédiatement vers la Supositor Stage pour l’arrivée de la violence pure de Benighted et son Brutal Death/Grind incroyablement efficace mené par les hurlements massifs de Julien Truchan (chant). Même à quatre, suite au récent départ de leur deuxième guitariste, le combo va ravager la fosse à grands coups de blasts et de riffs vifs.

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Je traverse donc le festival pour observer également la performance plus ritualistique de Regarde Les Hommes Tomber et leur Post-Black/Sludge dirigé d’une main de maître par la fureur de T.C. (chant) qui vocifère dans son micro tout en jouant avec le pied. Très motivés et maquillés de noir, les musiciens nous offriront leurs riffs sans aucun faux-pas, faisant de ce concert un mélange entre recueillement et agressivité abrasive. Le peu de temps morts donnera lieu à des acclamations, qui cesseront dès que le son s’enflammera à nouveau, laissant le groupe nous conter sa terreur viscérale.

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Changement total d’ambiance avec le son moderne de Tesseract, groupe dont j’entends très souvent parler, mais que je n’avais jamais pris le temps d’écouter. C’est aujourd’hui chose faite, et je découvre un mélange entre Metalcore, Metal Progressif et de superbes jeux de lumières qui encadrent des musiciens motivés, ainsi que Daniel Tompkins (chant) qui arpente la scène en permanence tout en hurlant. Chaque riff est millimétré, et leur précision accrochera une bonne partie de la foule, qui soulève un peu de poussière. A revoir en fin de soirée pour profiter pleinement de l’ambiance lumineuse.

Setlist: Concealing Fate, Part 1: Acceptance – Concealing Fate, Part 2: Deception – Concealing Fate, Part 3: The Impossible – Natural Disaster – Dystopia – Of Mind – Nocturne – King – Juno

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Retour dans les sonorités Old School avec le show de Vader, que je n’avais pas vu depuis 2016. Comme dans mes souvenirs, les hurlements bruts de Peter (chant/guitare) sont massifs, Spider (guitare) harangue la fosse à grands coups de grimaces entre deux leads perçants et Hal (basse) headbangue en ajoutant ses touches grasses aux frappes de Michal Andrzejczyk (batterie), qui vient de rejoindre le line-up. Le groupe, qui affiche bientôt quarante années d’existence, est toujours aussi motivé et rodé, alignant des riffs efficaces et des solos aux influences Heavy avant de repartir sur leurs rythmiques entre Thrash et Death qui feront remuer les premiers rangs. Les polonais nous ont donné une leçon.

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Place à la douceur à présent avec un concert d’Alcest… visuellement complexe. La fumée, la poussière des concerts précédents et les lumières parfois tamisées, parfois aveuglantes, peinent à découper la silhouette de Neige (chant/guitare) au centre, entouré d’Indria (basse) et Zero (guitare) qui nous offrent cependant un son impeccable. Inutile de dire qu’il sera également complexe d’entrevoir Winterhalter (batterie) sous ce rideau opaque, mais il suffit de fermer les yeux, et de se laisser porter par le son majestueux et apaisant, parfois fougueux et furieux, qui nous enveloppera du début à la fin.

Setlist: Protection – Sapphire – Écailles de lune – Part 2 – Autre temps – Oiseaux de proie – Kodama – Délivrance

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C’est à nouveau la violence qui m’appelle, car c’est Belphegor, un de mes groupes favoris, qui prend place sur la Supositor Stage à la tombée de la nuit. Encens, os, signes impies et lumières chaotiques, tous les artifices sont bons pour nous mettre dans l’ambiance lorsqu’Helmuth (chant/guitare) et sa bande montent sur scène. Dès les premières secondes, les vagues de leur Death/Black massif surmonté de hurlements aussi fous que puissants nous frappent de plein fouet, laissant les autrichiens développer leur univers agressif. Serpenth (basse/chant) s’avance régulièrement pour nous toiser de son regard malsain pendant que le guitariste headbangue en retrait en alignant ses riffs, laissant les regards se porter sur le frontman dont la démarche possédée m’impressionnera toujours. Entre les titres, seuls quelques mots seront prononcés pour présenter le prochain massacre, rendant le show encore plus solennel.

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Retour en scène principale pour Cult of Luna, dont les silhouettes se distinguent légèrement plus que le groupe ayant précédemment foulé ces mêmes planches. Pourtant, les suédois nous captivent et nous fascinent autant par leurs riffs imposants et aériens qu’avec leurs jeux de couleurs vives, liant la dissonance de leur musique à un visuel inquiétant. L’une des silhouettes s’avance parfois pour haranguer un public qui répond évidemment présent pour donner un souffle énergique à ce show massif qui capture quiconque s’aventure sous la tente ce soir. Une expérience saisissante.

Setlist: Cold Burn – Nightwalkers – I: The Weapon – In Awe Of – Blood Upon Stone

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Dernière communion de la soirée, et c’est en compagnie de Krzysztof Drabikowski’s Batushka qu’il débute. Pour avoir déjà vu le groupe à l’oeuvre, je savais à quoi m’attendre, mais comme à chaque fois, le cercueil au centre de la scène, combiné à l’encens, aux bougies, aux crânes et aux toges noires des membres me fera toujours de l’effet. Les membres s’installent calmement et le son débute. S’il est aisé d’observer les guitares à l’oeuvre, impossible de savoir d’où vient exactement le chant tant les membres sont immobiles et solennels, renforçant encore plus cette oppression permanente, à peine rompue par une main levée ou un livre de prières tenu. Le public est conquis par le show, qui se veut autant visuel que musical, malgré quelques petites harmoniques mâchées par le mix.

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C’est avec Apocalyptica que je termine la soirée, et même si j’étais content de revoir les quatre finlandais (dont un batteur), je suis à nouveau un peu déçu. Car après tant de saturation et d’intensité, les violoncelles ne me font que peu d’effet. Combinez cela à un rideau bleu qui laisse à peine passer leurs silhouettes, à un son un peu hésitant, passant de leads surmixés à des harmoniques inaudibles, et je ne parviendrai pas à rentrer dans leur show. Pourtant, les musiciens se donnent du mal, et inviteront même des chanteurs. Au vu de l’heure, nous préférons rentrer.

 

Ainsi s’achève le deuxième jour du Motocultor 2022, par un trajet en voiture plutôt calme qui nous mène à notre hébergement. Une fois de plus, tous les groupes que j’ai pu voir se sont donnés énormément de mal pour offrir des concerts de haute qualité. Mais le plus dur est à venir, et la nuit sera courte.

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