Dix jours après la fin du fastidieux et épuisant Motocultor, me voilà à nouveau sur la route, fièrement assis dans mon RER C pour rejoindre la capitale française afin de me rendre au Klub, cette cave sombre qui s’apprête à devenir le lieu d’un concert placé sous le signe du Black Metal. Présidée par Groza, la soirée accueillera également Houle (qui remplacent Raven Throne, dont l’un des membres ne peut voyager) et Aegir, deux formations locales.
Aegir est chargé d’ouvrir les hostilités avec son Black/Death aux racines Viking. Et même si la salle se remplit lentement, on peut dire que leur mélange énergique séduit rapidement, provoquant même quelques mouvements de tête sous ces lumières rouges. “Merci à tous, pour ceux qui ont pu le remarquer on s’appelle Aegir !” lâche Hermod (basse/chant) entre deux morceaux avant d’annoncer le suivant. Entre les frappes solides de Barbatos (batterie) et les harmoniques mélodieuses mais tranchantes d’Antoine (guitare), dont c’est le deuxième concert avec le groupe, les franciliens prennent le soin de lancer des riffs efficaces, qui leur attire des applaudissements mérités. On retrouvera des nuances intéressantes dans leurs titres, entre la mélancolie de Ringhorn ou la rage de Tormentor of Giants qui laisse le vocaliste nous proposer des hurlements massifs, mais l’heure du dernier titre a sonné, et c’est Those Who Choose, un tout nouveau morceau, qui vient refermer ce court show dans la fureur brute.
Setlist: Fenrir – The Fire of Muspellheim – Ringhorn – Last Battle – Tormentor of Giants – Thought and Memory – Those Who Choose
C’est au tour de Houle de nous dévoiler son univers, qui est tourné vers l’océan, à en juger par les marinières et autres cirés des musiciens, dont le visage est également assombri. Après l’arrivée de la vocaliste, lanterne à la main, leurs nuances de Black Metal nous prennent aux tripes, alternant hurlements possédés et mélodies incisives sous une vague de blast ravageuse. Malheureusement, les guitares semblent légèrement trop fortes au début, ce qui aura pour effet d’occulter certaines parties de la rythmique, mais la tempête s’apaise légèrement, nous permettant de profiter de leurs multiples influences, qui passeront même par le DSBM avec des hurlements viscéraux poussés par une vocaliste à genoux sur la scène. Le manque de place se fait sentir pour les cinq musiciens, qui remuent la tête en haranguant comme ils le peuvent, mais leur set est également court, et c’est après un dernier ouragan de mélancolie et de rage mêlés qu’ils rendent les armes sous les applaudissements.
Setlist: Le Continent – Au Loin La Tempête – La Dernière Traversée – Derrière L’Horizon – Mère Nocturne – Sous L’Astre Noir
Place maintenant à Groza, qui installe des lumières supplémentaires ainsi qu’un pied de micro orné d’un arbre. A l’instant où les quatre allemands se tiennent sur scène, dos à nous, et que la fumée envahit la scène, l’atmosphère s’assombrit radicalement. Le sample introductif laisse place à une douce mélodie, rapidement écrasée par ce mélange lancinant et massif qui ne cesse de prendre de l’ampleur jusqu’à cette explosion furieuse sur laquelle les hurlements de P.G. (guitare/chant) prennent vie. Des flashs lumineux viennent parfois illuminer la masse lumineuse bleue ou rouge, créant un univers apocalyptique dans lequel les riffs de U.A. (guitare) et M.S. (basse) s’ancrent sur les blasts de T.H.Z. (batterie) et enchantent littéralement le public. Entre deux titres, les musiciens encapuchonnés prennent le temps de souffler, mais la déferlante repart très rapidement, nous offrant une nouvelle déferlante de mélancolie brute nourrie par quatre musiciens engagés et extrêmement impliqués. Les titres s’enchaînent sans le moindre mot, laissant fumée et flashs rythmer les parties les plus intenses des morceaux aussi mélodieux qu’agressifs, et c’est une fosse compacte qui ne manque pas d’acclamer chaque pause que le groupe s’accorde pendant son heure de concert. Infatigables, les musiciens nous offrent une performance parfaite à chaque instant, et les applaudissements qu’ils reçoivent après un dernier titre épique ne sont que justice.
Setlist: Sunken in Styx – Part I : Submersion (sur bande) – Sunken in Styx – Part II : Descent – Elegance of Irony – The Redemptive End – Unified in Void – Ouroboros – Thanatos – Nil – Homewards
La soirée s’achève avec un stand de merch pris d’assaut par les spectateurs, qui ne manquent pas de remercier les musiciens présents en dehors de la salle. Je remercie Hell Frog Promotion pour nous avoir offert l’excellente charge guerrière d’Aegir, la déferlante de Houle et surtout la communion mélancolique avec Groza, qui aura motivé les spectateurs à venir remplir au complet Le Klub en plein milieu de semaine. Une véritable réussite à tous points de vue.