Crippled Black Phoenix ne sait pas rester inactif.
Créé en 2004 en Angleterre par Justin Greaves (guitare/batterie/basse), le groupe annonce en 2022 son douzième album, Banefyre, chez Season Of Mist, accompagné par Belinda Kordic (chant/percussions), Helen Stanley (claviers/monocorde/trompette), Andy Taylor (guitare) et Joel Segerstedt (chant/guitare), ainsi que d’autres musiciens en live.
Pendant plus d’une heure et demie, le groupe va laisser ses influences infuser son mélange de Post-Metal, Rock Progressif et Dark Rock avec des touches surprenantes. On pourra noter cette introduction vocale effrayante sur Incantation For The Different, qui délivrera par la suite un message engagé pour l’être humain sur fond de tonalités minimalistes avant de laisser Wyches And Basterdz nous envoûter avec des sonorités psychédéliques sombres et inquiétantes. Le chant alimente cette noirceur incertaine avec des sonorités mystiques, quelques hurlements en arrière-plan, puis Ghostland vient nous hanter avec des choeurs pesants et oniriques. La régularité de la rythmique couplée à des sonorités électroniques nous enveloppe dans une atmosphère lancinante, tout comme sur The Reckoning qui semble faire appel à des tonalités primitives ou des racines Folk pour développer son mélange sombre et inquiétant. On notera l’alternance vocale entre douceur et intensité, alors que Bonefire propose une lourdeur étouffante qui se traduit par des choeurs fantomatiques, laissant la longue Rose Of Jericho proposer une progression dans ce chaos dissonant et saisissant. Le titre est long, et il permet au groupe de dévoiler peu à peu toutes ses influences, les faisant exploser ou se chevaucher selon le moment entre les choeurs mystiques et la rythmique macabre. Blackout77 nous dévoile un son presque apaisant, préférant laisser le mystère s’installer avant de dévoiler chant, saturation et même lourdeur oppressante avant Down The Rabbit Hole et ses éléments aériens nous apaiser. La lenteur du titre propose des sonorités imposantes qui conservent les tonalités aériennes, qu’elles soient saturées ou non, mais l’ambiance changera sur la deuxième partie du morceau qui se montre plus accrocheur, laissant Everything Is Beautiful But Us nous dévoiler une mélancolie entêtante empreinte de douceur. Pourtant, la saturation est présente, tout comme les différentes voix qui nous mènent à The Pilgrim et son ambiance apaisante. On retrouvera les explosions d’énergie onirique qui habite les compositions du groupe ainsi qu’un groove inquiétant pour placer des parties vocales plus calmes, créant un véritable fossé avec I’m OK, Just Not Alright, qui plongera aux confins de la noirceur. La fausse douceur s’installe lentement tout en nous piégeant avec ses sonorités aériennes et une basse ronflante avant la tornade finale, puis The Scene Is A False Prophet, le titre le plus long, ne nous inonde avec sa mélancolie évidente tout en faisant écho à un titre bien connu d’un duo américain. Le titre reste lent avant de proposer des influences groovy et une intensité lancinante qui croît jusqu’à ce point d’orgue, qui laisse place à No Regrets, un dernier titre bien plus abrasif et pesant que les autres pour clore l’album dans la noirceur la plus complète et les influences Black Metal.
Que Banefyre soit votre premier contact avec Crippled Black Phoenix ou non, vous ne pouvez pas vous douter de ce qui vous attend. Pourquoi ? Car le groupe cultive le mystère, les sonorités dissonantes et malsaines tout comme des parties plus imposantes et majestueuses, qui alimentent une atmosphère unique.
90/100