Review 1515 : Xathrites – No Room For Another Wound

Intéressons nous au quatrième album de Xathrites.

Créé en 2005 en Iraq, le projet est mis en pause l’année suivante, puis se reforme en 2007 lorsque les deux membres se rejoignent en Egypte. Toujours mené par Lord Basher (guitare/basse), le groupe accueillera différents vocalistes, puis il sera rejoint en 2022 par Whirlwind à la composition, et sort No Room For Another Wound.

Profondément ancré dans un mélange mélodieux mais oppressant de DSBM, l’album comporte huit titres, et fait la fierté du groupe. On y trouve immédiatement un mix Old School qui colle parfaitement à No Room For Another Wound, le titre éponyme, et son chant torturé, mais qui crée également un contraste avec les claviers très doux et clairs, mais Ready to Surrender revient dans les tonalités plus brutes et glaciales du Black Metal, avec notamment des leads acérés et agressifs. La mélancolie et la douceur refont leur apparition dans l’apaisante Frozen Veins, qui laisse principalement place à cette instrumentale sombre mais assez lente et aérienne, suivie par My Journey To The Morgue qui reprend des éléments similaires tout en ajoutant des sonorités épiques et entêtantes. On y trouvera également quelques interventions en chant clair fantomatique pour accompagner les hurlements inquiétants, puis le growl caverneux, avant que les grognements sombres ne reviennent nous hanter jusqu’à Trapped in a Coffin of Anxiety et ses harmoniques dissonantes. Le chant devient plus oppressant et plus contrasté, puis la rythmique finira par exploser avant de laisser place à Shaped With Lies et ses sonorités apaisantes qui ne demandent qu’à s’enflammer pour devenir majestueuses avant d’accueillir les murmures en arrière-plan. Les leads mélancoliques nous mènent à la calme Bear your Sufferings et son chant clair étrangement apaisant avant d’accueillir à nouveau les hurlements oppressants pour finalement exploser pour nous mener à Collapsed in Desperation, la dernière composition, qui débute avec quelques mots calmes. La saturation refera rapidement surface pour laisser les différentes voix s’exprimer tout à tour ou se chevaucher jusqu’à la tempête finale qui mêle mélancolie et rage.

La mélancolie de Xathrites s’exprime de manière très fluide à travers des riffs parfois bruts, parfois apaisants, mais toujours surmontés de ces interventions vocales sombres et pesantes. No Room For Another Wound laissera assurément sa marque chez les initiés.

90/100

English version?

Quelques questions au groupe Xathrites.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de votre temps ! Pourrais-tu présenter le groupe Xathrites sans utiliser les étiquettes « Metal » habituelles ?
Whirlwind : Je n’aime pas rentrer dans les cases. Nous faisons de la musique. Les gens la prennent comme ils le veulent. La façon dont on nous appelle n’a pas d’importance. Il faut juste apprécier la musique. Nous sommes catégorisés comme un groupe de DSBM mais si vous écoutez d’autres groupes de ce style, nous nous distinguons par la qualité du son. Un gars a fait cette remarque, qu’il aurait aimé que les chansons soient plus brutes et moins produites, et je comprends tout à fait son point de vue. Nous avons essayé d’apporter quelque chose de plus à ce que Xathrites a été dans le passé. Nous écrivons un nouveau chapitre pour le groupe. 

Quel est le lien entre le nom du groupe et la musique que vous jouez ?
Xathrites : L’histoire du nom de Xathrites : Xathrites était un chef assyrien. Dont le nom propre était Phraortes. Il incita les Assyriens à se rebeller contre Darius Hystaspes mais sans succès. Comme il a été vaincu et tué par Vomises, le général de Darius dans la ville d’Achitu. Et certains disent que c’est un démon qui incite les gens à se monter les uns contre les autres et les encourage à s’entretuer. Il n’y a donc pas beaucoup de relation entre le nom et la musique, Xathrites est plus comme un symbole de rébellion.

No Room For Another Wound, votre quatrième album, est sorti il y a quelques semaines. Comment le ressentez-vous ? Avez-vous eu des retours ?
Whirlwind : Ça sonne différemment des autres, les gens ont l’air d’aimer jusqu’à présent, nous avons eu de bons commentaires en privé mais les médias sociaux n’ont pas été d’une grande aide ces derniers temps à cause des thèmes de nos chansons, ce qui n’a en fait aucun sens car d’autres groupes font la même chose ou pire et ils ne sont pas bannis ou interdits de promotion, donc nous faisons de notre mieux pour que notre musique soit diffusée et entendue contre toutes les chances et tous les obstacles.

Comment avez-vous abordé le processus de composition de cet album ? Y a-t-il eu des changements par rapport à vos premières sorties ?
Xathrites : Il y a une chanson (Bear your Sufferings) est vraiment un ovni dans notre discographie et c’était l’idée de Whirlwind, pour essayer de livrer une chanson qui pourrait être un point d’entrée à notre musique pour les étrangers à ce genre. Elle ne ressemble en rien au reste des chansons, mais elle a certainement sa place dans l’album.

Qu’est-ce qui vous inspire pour créer votre musique, qui est une fusion froide de Black Metal Old School et Atmosphérique sous la bannière de sons dépressifs et mélancoliques ? Même question pour les paroles.
Whirlwind : Je n’écris de la musique que lorsque je me sens mal. Je ne peux pas me forcer à écrire, j’ai besoin que ce soit aussi sincère que possible. Alors souvent, quand je suis déprimé, je prends une guitare ou j’improvise au piano. C’est ainsi que j’ai écrit la première chanson du nouvel album. Qui est d’ailleurs le titre de l’album. A part ça, j’ai tendance à être un peu sinistre et à ne pas dire les mots exacts qui me viennent à l’esprit. De cette façon, les gens peuvent comprendre les mots de la façon dont ils veulent, et combler les lacunes et s’approprier les paroles en fonction de leur situation.

Le groupe est né en Irak, puis s’est déplacé en Égypte. Comment avez-vous décidé de créer un groupe de Metal ?
Alex : Saqer Vashkigalix et moi étions amis depuis l’école primaire et nous étions tous deux intéressés par la musique Metal mais nous avons toujours aimé ce côté sombre du Metal (le Black Metal) car il reflète énormément les vibrations que nous avons vécues, la guerre et la destruction. Mais le DSBM n’était pas notre truc parce qu’à l’époque, nous ne savions même pas qu’il existait, alors nous avions l’intention de jouer du pur Raw Black Metal pur, et nous avons composé quelques chansons dans ce genre mais il y a eu ce changement… dans notre vie, dans notre routine…. dans les yeux des gens…. il y avait la guerre, et qu’est-ce que c’était de vivre dans une ville fantôme. de vivre tous les jours le chagrin de la mort d’un être cher. Imaginez que vous marchiez dans la rue et que le changement était vraiment évident. L’air était difficile à respirer, le ciel était gris et l’atmosphère dépressive se lisait sur tous les visages. C’est à ce moment-là que j’ai su que personne ne serait plus jamais heureux. À ce moment-là, ma vision est devenue noire et blanche et j’ai concentré toute ma tristesse, ma haine, mon chagrin et ma dépression dans ma musique. Les riffs sonnaient plus sombres et plus tristes, les paroles parlaient du thème que je vivais et c’est ainsi que le Black Metal pur est devenu le Black Metal dépressif.

Il y a eu un écart de sept ans entre votre deuxième et votre troisième album. Comment avez-vous retrouvé la motivation pour créer à nouveau ?
Alex : Oui, il nous a fallu 7 ans pour sortir Hope is a Mental Illness et je vais vous en donner les raisons. Il était très difficile de jouer ce genre de musique en raison de la situation à laquelle mon pays était confronté et je vais mentionner quelques éléments qui ont rendu les choses difficiles.
1- Il était super difficile de trouver de bons instruments et équipements pour améliorer le son que je souhaitais pour l’album. et j’en trouvais, c’était 10 fois plus cher que dans d’autres pays.
2- Il n’y a en fait aucun label et aucun sponsor pour tout type de musique Rock/Metal et il n’y a aucun concert qui puisse nous motiver pendant le processus d’enregistrement.
3- Je n’étais pas installé à un seul endroit, je voyageais beaucoup, mon matériel n’était pas toujours avec moi à cause de la guerre dans mon pays.
4- Nous ne pouvions pas trouver à l’époque un studio disposant de tout le matériel dont nous avions besoin.
5- Et le plus important, c’est que j’étais dans un très mauvais état mental qui m’éloignait de tout. J’ai dû prendre du temps pour tout repenser et je suis heureux que les choses se soient passées comme je le voulais.
Je ne vais pas mentir et dire que j’ai tout fait par moi-même, je vais être totalement honnête avec vous sur ce point. La meilleure motivation que j’ai eue, c’est la communauté de Xathrites (les fans). Ces gens sont incroyables. Ils ont toujours soutenu le groupe, n’ont pas cessé de poser des questions sur le nouvel album et ont partagé les sorties précédentes. Ce qui m’a fait réaliser que ces gens ont besoin de ma musique et qu’il est de mon devoir de surmonter tout cela et de le faire. Ils ont même fait un don pour améliorer notre matériel ! Je n’en croyais pas mes yeux… et depuis ce jour j’ai fait la promesse de ne jamais m’arrêter et de ne plus jamais disparaître et de faire de mon mieux pour toujours être présent dans la scène et fournir la meilleure musique, qualité et communication.

Xathrites accueille Whirlwind, et est maintenant un groupe de trois musiciens. Comment cela a-t-il amélioré votre processus de création ?
Alex : Whirlwind a beaucoup apporté à Xathrites, nous avions un nouveau membre avant qu’il n’arrive et nous avions presque fini un album, puis le membre n’était pas très sérieux. Parce que lorsque nous avons commencé à parler de tournée et de faire passer le groupe à l’étape suivante, à ce moment-là, il a dit qu’il ne pouvait pas faire plus que jouer et composer et qu’il n’était pas prêt pour les concerts. Avant le départ de ce membre, j’avais déjà discuté avec Whirlwind car j’avais vu sa vidéo de reprise de notre chanson phare My Last Day Story. Nous parlions de faire un nouveau projet ensemble et nous étions déjà en train de travailler sur ce projet. Mais pendant la composition, notre nouveau membre a décidé de partir et de ne pas terminer le nouvel album. Nous avons décidé de ne pas utiliser la plupart de ce que nous avions composé car il y avait son travail et le mien ensemble et il a dit qu’il voulait juste laisser un riff dans la chanson Frozen Veins pour qu’on s’en souvienne et j’ai accepté.
J’ai demandé à Whirlwind de faire un essai pour Xathrites et de mettre en pause notre travail sur le nouveau projet sur lequel nous travaillions. Il s’est très bien débrouillé ! J’ai été surpris par la fluidité de notre travail ! Nous nous sommes compris si facilement, et il comprend le style de Xathrites plus que n’importe quel membre précédent, donc il savait exactement quoi faire et quoi ne pas faire ! Et plus important encore, il a ajouté sa propre touche, ce qui est quelque chose que j’aime vraiment. Parce que chaque nouveau membre doit apporter son âme au travail, je ne veux pas qu’il se contente de suivre mon exemple et que le groupe sonne principalement comme Xathrites. Au contraire, j’aime que le musicien y mette sa propre âme et sa propre touche.

Avez-vous des projets pour l’avenir du groupe ? Qu’il s’agisse de concerts, de nouveau matériel, ou même d’autre chose.
Whirlwind : Nous espérons pouvoir enfin faire monter le groupe sur scène. Les fans l’attendent depuis des années et nous travaillons pour pouvoir le faire le plus tôt possible. Nous devons d’abord travailler sur la sortie de l’album, puis nous nous concentrerons sur les répétitions et la recherche de concerts. S’il y a des promoteurs intéressés, nous pourrions avoir besoin d’aide ! 

Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, un album…
Whirlwind : Nocturnal Depression. Cheerful Depression et Inverna sont les groupes qui m’ont fait découvrir le DSBM, mais le groupe que j’ai le plus suivi est Nocturnal Depression. Donc j’aimerais naturellement faire n’importe quoi avec eux.
Alex : Nocturnal Depression, Apati, Coldworld. Même si je me suis mis au Black Metal Dépressif avant de savoir que ce genre existait. Comme je l’ai déjà dit, j’aimais le Black Metal. À l’époque, je composais plutôt des morceaux Doom mélangés à des racines Black Metal. Ensuite, j’ai commencé à composer dans ce style. Après cela, j’ai découvert ce genre et je m’y suis mis. 

Dernière question : avec quels groupes aimeriez-vous tourner ? Je vous laisse créer une tournée (ou juste un seul concert) avec Xathrites en première partie et trois autres groupes !
Xathrites : Nocturnal Depression, Forgotten Tomb, Psychonaut 4.

C’était ma dernière question, merci beaucoup de m’avoir accordé de votre temps et pour votre musique, je vous laisse les mots de la fin !
Xathrites : Nous aimerions vous remercier pour votre interview réfléchie. Surtout que nous avons du mal à nous exprimer et à donner des nouvelles à nos fans, puisque nous n’avons plus accès à la gestion de notre page Facebook. Les médias sociaux nous ont mis beaucoup d’obstacles pour poster et promouvoir. Nous vous remercions donc pour cette opportunité. Et un grand merci particulièrement à nos fans qui nous ont toujours soutenus, nous ne serions pas allés aussi loin sans vous. Regardez-nous sur YouTube, Tiktok, Instagram et si vous voulez rester en contact, nous vérifions toujours notre adresse xathrites@gmail.com. La dernière chose que nous aimerions dire. Notre attention pour la prochaine étape sera concentrée sur la préparation des concerts et la rencontre de tous les fans en personne.

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