L’heure est venue pour Drudensang.

Créé en 2009 en Allemagne sous le nom de Blackhorned Wargoat, le groupe change de nom pour devenir Ravnsvart de 2010 à 2013, puis Drudensang. Après trois démos, trois splits, deux live albums et un EP, Krámpn (chant/basse, Hexenfluch, ex-Ravnsvart), Dragg (basse/choeurs, Aphelium Aeternum, ex-Schrat), Percht (guitare), Henker (claviers, Atronos, ex-Skilfingar, ex-Temple of Oblivion), Nefastus (batterie, ex-Belphegor, ex-Debauchery) et Lemarchant (guitare) annoncent la sortie de Tuiflsrijtt, leur premier album.

Bien que l’existence de Drudensang soit assez récente par rapport à certaines autres formations, le groupe sait parfaitement où se trouvent ses inspirations et comment en tirer profit pour créer un univers aussi torturé que mélodieux en neuf morceaux.

Ancré dans un style Old School brut, les riffs rapides du groupe sont nuancés par des claviers majestueux couplés à des leads tranchants mais toujours très mélancoliques et entêtants, ce qui crée un mélange aussi agressif qu’apaisant sur lequel les hurlements rocailleux du vocaliste, parfois accompagnés de choeurs, viennent nous guider, avant de nous laisser nous perdre dans ce vent froid.

L’enchaînement entre les morceaux est très fluide, et j’ai pour ma part été particulièrement séduit par la glaciale Rutengang – Ritus der Habergoaß, suivi par l’énergique Von Druden zerfetzt qui nous offre des vagues de rage assez régulières, ainsi que par Raserey der Krampen et ses racines Pagan qui s‘intègrent à la perfection à un Black Metal Mélodique brut. Le groupe viendra finalement nous surprendre avec Marterfeld – Seelenzug ins Totenreich, une outro composée de claviers planants et de samples, qui collent parfaitement à la noirceur de leur univers, rappelant Krampen erwacht – Aufbruch, l’introduction malsaine.

Il aura fallu presque dix ans à Drudensang pour nous dévoiler un album studio, mais notre attente est récompensée. Tuiflsrijtt est un album mélodieux, intense, tranchant, imposant et glacial qui mélange des influences diversifiées au nom de la noirceur pure, en faisant une véritable perle pour qui sait l’apprécier.

90/100

English version?

Quelques questions à Krámpn, leader du groupe Drudensang.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Peux-tu présenter le groupe Drudensang sans utiliser les étiquettes « Metal » habituelles ?
Krámpn (chant) : Drudensang existe depuis 2013 et vient de la forêt bavaroise, le triangle frontalier entre l’Allemagne, l’Autriche et la République Tchèque. « Drudensang » est un monde que nous avons créé pour nous-mêmes. La quintessence concerne des objectifs plus élevés, franchir les frontières et les abattre pour se détacher complètement des chaînes des influences habituelles et extérieures et tourner le dos à la réalité. Drudensang est la flamme qui est notre source et notre feu lorsque nous pénétrons dans des mondes inconnus. Le « groupe » Drudensang est une forme matérielle de ce que nous avons créé. Avec les tunnels étroits que nous avons ouverts, elle permet aux gens un certain accès à cet endroit. Mais en général, les gens doivent comprendre que ce monde nous appartient et qu’il est fermé aux étrangers.

Quel est le lien entre le nom du groupe et la musique que vous jouez ?
Krámpn : Le nom Drudensang est composé des mots « Drude », une créature magique de la forêt bavaroise, une sorte d’elfe nocturne, et « Sang », un vieux mot allemand pour “malédiction”, aujourd’hui utilisé en tant que « chant » et « gémissement ». Drudensang représente le culte du diable en combinaison avec les anciens mythes et traditions diaboliques de Bavière et d’Autriche. L’accent est mis sur le culte du Krampus et le culte du Perchten, la sorcellerie et les mauvais esprits des douze nuits entre les années (Rauhnächte). Les diables et les démons de notre patrie ont pour nous un effet magique extrême, qui est vécu musicalement au Drudensang. Nous sommes profondément ancrés dans ces traditions et nous pratiquons avec passion les rites de cet ancien héritage – c’est aussi un aspect central de notre vie. Cela nous a donc guidés de plus en plus vers ce nom de groupe.

Tuiflsrijtt, votre premier album studio, est sorti il y a quelques mois. Que ressentez-vous à son sujet ? Que signifie son nom ?
Krámpn : Eh bien, c’est assez difficile à décrire, parce que lorsque vous avez lutté et saigné contre quelque chose pendant environ deux ans et qu’il est enfin sorti, il est difficile d’exprimer un sentiment clair à son sujet. Je dirais que nous avons l’impression d’avoir créé quelque chose de très, très puissant avec cet album. Le titre Tuiflsrijtt signifie « la chevauchée du diable » en dialecte bavarois et a plusieurs significations pour nous. D’une part, il reflète la figure diabolique du Krampus furieux et la rage de la chasse sauvage au cours des douze nuits entre les années (Rauhnächte). D’autre part, il représente notre propre chevauchée diabolique, notre propre chasse sauvage avec le Drudensang lui-même.

Pour moi, vos compositions sonnent à la fois assez brutes mais aussi très mélodiques. Comment parvenez-vous à créer un tel équilibre entre tous ces éléments ?
Krámpn : La seule chose que nous cherchons à « satisfaire », ce sont les objectifs auxquels notre musique s’adresse. Drudensang n’est pas un concept prédéterminé basé sur des modèles et des intentions, mais plutôt une éruption magique de passion, de violence et de libération. Au final, l’œuvre complète doit être mise en œuvre de telle sorte qu’elle reflète Drudensang à tous les égards, qu’il s’agisse de l’atmosphère, des mélodies, de la rugosité, etc… Nous avons toujours des idées et des visions claires dans nos têtes et chaque petit détail est réfléchi et a sa pertinence.

Qu’est-ce qui vous inspire pour créer votre musique ? Même question pour les paroles.
Krámpn : Le diable et ses fils. Pour moi, c’est le meilleur moyen d’accéder à l’énergie de l’inspiration, les rites des esprits diaboliques entre les années, les cérémonies de Krampen et Perchten, pour ainsi dire. Dès que je me glisse dans ce rôle en hiver, que je mets le masque et que j’entame cette chevauchée diabolique, la puissance et les idées affluent en moi. Le bon environnement est en fait toujours autour de nous, notre environnement d’origine, la forêt bavaroise et la région alpine, avec les mythes et légendes sombres plutôt inconnus qui y sont associés, déclenchent en nous quelque chose que rien d’autre ne créé dans la vie quotidienne. Et nous essayons d’incarner, de traiter, d’intensifier et, d’une certaine manière, de préserver et de rendre accessibles ces humeurs et ces pensées dans notre musique.

J’ai vu quelques vidéos sur YouTube de concerts de Drudensang, notamment au Sinister Howling 2022 et Under The Black Sun 2019, mais comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes sur scène ?
Krámpn : Les concerts sont une partie très fondamentale de tout ce que nous faisons. Ils sont comme l’essence du feu – nous en avons besoin pour préserver l’énergie qui circule dans Drudensang, et ce sont des moments où nous sommes juste complètement détachés et ne faisons qu’un avec ce que nous faisons, et c’est une chose très, très importante pour nous. C’est ce qui nous motive à bien des égards. Avant de monter sur scène, nous nous sentons envoûtés, furieux et profonds pour nous rappeler tout ce dont nous avons besoin pour la cérémonie, un moment très mystique. Et sur scène, nous sommes complètement libérés, ravis et immergés dans notre monde, très puissant, énergique et plein de magie.

Pensez-vous que vos tenues de scène, votre maquillage et vos éléments de décor sont importants pour améliorer l’ambiance de la musique ?
Krámpn : Oui, sans aucun doute. Cela fait partie de la philosophie de Drudensang, que nous personnifions, une telle performance fait partie de la déshumanisation et soutient l’état de ravissement pendant les cérémonies. En outre, chaque cérémonie a besoin d’accessoires spécifiques pour être célébrée en tant que telle. Une cérémonie implique de se concentrer sur un objectif spécifique que quelqu’un veut atteindre. Il s’agit également d’être capable de percevoir les éléments de Drudensang avec tous ses sens, de les voir, de les sentir, de les ressentir et, bien sûr, de les entendre. Chaque élément a sa signification et sert un but spécifique et sont très importants en combinaison avec la musique de Drudensang.

Avez-vous des projets pour l’avenir du groupe ? Qu’il s’agisse de concerts, de nouveau matériel, ou même d’autre chose.
Krámpn : Une tournée européenne avec Total Hate, Whiskey Ritual et Amystery est prévue pour Février 2023. En même temps, nous créons constamment du nouveau matériel. Nous n’avons pas vraiment de plans ou quelque chose comme ça. Nous écrivons parce que nous le devons. Parce que nos cœurs nous le disent, que nous explosons si nous n’écrivons pas. C’est pourquoi nous écrivons, parce que nous existons pour ça.

Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, un album…
Krámpn : Je dirais des musiciens ou des groupes qui ont une philosophie similaire à la nôtre et qui sont capables de la reconnaître.

Dernière question : avec quels groupes aimeriez-vous faire une tournée ? Je vous laisse créer une tournée (ou juste un seul concert) avec Drudensang en première partie et trois autres groupes !
Krámpn : Sans aucun doute des groupes qui ont une certaine philosophie derrière leur musique. Il y a des groupes avec lesquels nous jouerions, mais aussi beaucoup avec lesquels nous refuserions. Pour moi, cela représente tout ce que je suis et j’attends la même chose des artistes que j’apprécie.

C’était la dernière question pour moi, donc merci beaucoup pour votre temps et votre musique, les derniers mots sont pour vous !
Krámpn : Restez morbides ! Rouhnåchtsgeyster & Krampenfeyr