Il est temps pour …And Oceans de se déchaîner à nouveau.

Créé en 1995 en Finlande par Timo “T” Kontio (guitare, Festerday, Magenta Harvest) et Teemu Saari (guitare, Festerday) le groupe connaîtra une évolution musicale avant de changer de nom pour Havoc Unit entre 2005 et 2013, date où le groupe s’arrête.

Mais en 2017, les deux guitaristes s’unissent à nouveau pour faire renaître …And Oceans, qui compte en 2023 sur Kauko Kuusisalo (batterie, Aegrus, Gloria Morti, Gorephilia), Antti Simonen (claviers, Morian, ex-Alghazanth), Mathias Lillmåns (chant, Dispyt, Festerday, Finntroll…) et Pyry Hanski (basse, Before the Dawn, Gloria Morti, ex-Aeonian Sorrow…) pour la sortie d’As in Gardens, so in Tombs, son sixième album.

L’album débute avec As in Gardens so in Tombs, le titre éponyme, qui nous capture rapidement dans sa tempête aussi violente que majestueuse, alliant avec facilité mélodies imposantes, blast et hurlements viscéraux. Le titre se coupe avec le break central entêtant avant de nous écraser à nouveau, puis The Collector and His Construct démarre à toute allure en reprenant une construction similaire qui se montre également très efficace, que ce soit dans les parties les plus brutes ou dans les accompagnementstravaillés. Les vagues de son nous conduisent à Within Fire and Crystal où l’ambiance se montre légèrement plus martiale avant que les claviers et hurlements n’apportent une touche lancinante et mélancolique, qui sera magnifiée par Carried on Lead Wings, une composition aux racines Old School très marquées. Le contraste intense entre les différents éléments rythme le morceau qui nous laisse naviguer sur ses riffs rapides avant que la mystérieuse Likt Törnen Genom Kött ne prenne la suite en nous lacérant avec des leads perçants. La rythmique solide n’est pas en reste, puisqu’elle apporte une base brute aux parties vocales ainsi qu’aux orchestrations sombres et inquiétantes, tout comme sur Cloud Heads qui ne mettra pas longtemps à nous étouffer avec des riffs agressifs. Les break surprenant viendra faire ralentir la tornade avant de lui laisser toute sa liberté pour nous mener à Wine into Water, un titre à l’ambiance beaucoup plus calme que les autres, qui use de sonorités lentes et lourdes avant de renouer avec la rapidité, qui sera également une des caractéristiques d’Inverse Magnification Matrix, le morceau suivant. Le break théâtral donne au groupe une puissance supplémentaire lorsque la rythmique revient à la vie pour nous frapper en compagnie des claviers envoûtants, puis The Earth Canvas dévoile des tonalités plus sombres et pesantes qui collent parfaitement à l’atmosphère mélancolique et maussade. Ambivalent God, le plus long titre, renoue avec des leads tranchants Old School contrastés par des claviers aériens et majestueux qui permettent à la rythmique de freiner ou d’accélérer à sa guise en compagnie de parties vocales surpuissantes. Le son s’éteint progressivement avant d’être ramené à la vie par la courte Samlarens Valv et ses riffs accrocheurs, qui se retrouvent parfois accompagnés de claviers occultes, puis par Third Eye Catalyst, le dernier morceau, qui vient refermer ce sixième chapitre de l’histoire du groupe avec un mélange aussi agressif que fascinant.

Tous les groupes ne réussissent pas un retour aussi maîtrisé qu’…And Oceans. As in Gardens, so in Tombs s’inscrit parfaitement dans la lignée de leur excellent album précédent, qui mélange habilement Black Metal dévastateur avec des orchestrations grandioses.

95/100

English version?

Quelques questions à Timo et Mathias, respectivement guitariste et chanteur du groupe …And Oceans.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de votre temps ! Pourriez-vous vous présenter, le groupe …And Oceans et vous, sans utiliser les « étiquettes » musicales habituelles ?
Timo : Bonjour, merci pour cette interview ! Je suis Timo, l’un des guitaristes et membres fondateurs de …And Oceans. …And Oceans est un groupe qui n’a pas peur d’explorer différents mondes sonores et qui fait ce qu’il veut, vous pouvez donc plus ou moins vous attendre à l’inattendu.
Mathias : Salut, je suis Mathias, le chanteur. …Oceans a tout fait, du Black Metal Symphonique classique à la musique électronique pure, donc il n’y a pas de limite !

As in Gardens, So in Tombs, votre sixième album, sortira bientôt. Comment vous sentez-vous par rapport à l’album ? Avez-vous déjà des retours ?
Timo : Nous en sommes évidemment très heureux. On le dit souvent et on le remet aussi souvent en question, mais pour être honnête, nous sommes convaincus que c’est le meilleur album que nous ayons fait jusqu’à présent. Je pense personnellement que chaque aspect de cet album est à sa place, les chansons, le son et l’artwork. Nous avons reçu d’excellentes réactions de la part des journalistes. Les critiques sur les médias commencent tout juste à apparaître, mais les quelques unes que nous avons vues étaient également excellentes.

Comment résumerais-tu As in Gardens, So in Tombs en seulement trois mots ?
Timo : Agressif, mélodique, équilibré.

Comment avez-vous abordé le processus de composition de cet album ? Qu’en est-il de son nom et de l’artwork ?
Timo : Eh bien, pour moi, ça commence toujours par écrire des riffs autant que possible. Puis j’essaie de les arranger pour en faire une chanson complète. Les mélodies et les leads peuvent, comme la guitare principale ou rythmique, venir en premier. J’essaie d’inclure des leads et des mélodies dans les chansons, mais ce n’est pas nécessaire. Elles doivent être au service de la chanson. Normalement, j’ai l’aide de notre claviériste Antti qui est un magicien avec les outils d’enregistrement etc… donc il fait aussi des suggestions d’arrangements pour mes riffs ou ceux de Teemu pour faire une chanson. Une autre façon d’écrire des chansons est qu’Antti fait un titre avec des claviers et ensuite nous ajoutons des guitares dessus. Cela fonctionne très bien. Il y a quatre chansons de ce type sur ce nouvel album. Le nom vient de Mathias. Il a écrit toutes les paroles et notre graphiste Adrien a fait la pochette et toutes les autres illustrations en fonction des paroles et de son interprétation. Mathias a cependant donné quelques indices sur la signification des paroles.
Mathias : Je ne peux pas vraiment dire s’il y a un processus particulier pour cela de mon côté. En général, j’écris simplement les phrases qui me viennent à l’esprit à un moment donné. Cela peut être pendant la nuit quand je me réveille, en conduisant pour aller au travail ou dans un avion à l’étroit. Je rassemble généralement ces phrases sous différentes catégories, donc si elles ne rentrent pas dans le cadre d’un certain concept, je les garde pour un autre album ou même un autre groupe. Comme l’a dit Timo, nous avons toujours des versions démo des chansons pour que tous les membres puissent donner leur avis. Parfois, certaines de mes phrases dans ma banque de phrases s’associent à un riff et j’écris alors le reste de la chanson dans un état de frénésie et de transe.

Qu’est-ce qui vous inspire pour créer votre musique ? Même question pour les paroles. Ressentez-vous des changements par rapport aux premières années du groupe ?
Timo : Question difficile. On pourrait penser qu’après toutes ces années, plus rien ne m’inspire. Pour une raison étrange, je continue à le faire. Pour moi, il n’y a pas de source d’inspiration particulière. Il a toujours été ainsi : je prends juste ma guitare et je commence à jouer. Normalement, j’essaie de faire des riffs agressifs et/ou mélodiques. Ensuite, si je parviens à écrire une partie rythmique avec un super lead mélodique avec une vraie émotion et un vrai sentiment, c’est quelque chose qui m’inspire et me fait avancer. On pourrait aussi dire que le résultat final avec tous les ingrédients et le mixage final de la chanson. C’est une chose qui me fait avancer. C’est toujours un sentiment particulier lorsque le puzzle est terminé, que toutes les parties sont prêtes et que l’on a bien réfléchi en les réalisant, et que l’on entend cela pour la première fois dans le studio. Rien n’a changé dans ma façon d’écrire de la musique depuis les premiers jours. En tant que groupe, il y a un changement dans l’écriture, Antti écrit aussi de la musique avec des claviers de sorte qu’il n’y a pas seulement une partie, mais toute la chanson prête.
Mathias : Comme je l’ai déjà dit, l’inspiration peut frapper n’importe où. À l’époque, j’avais besoin d’être dans un état d’esprit très sombre pour être capable d’écrire quelque chose qui vienne du cœur. Pour le nouvel album, j’étais à la maison, je me sentais bien reposé et je vivais sainement parce que je ne pouvais pas voyager et partir en tournée. J’ai donc dû changer le processus et, au début, me forcer à écrire même si j’étais de bonne humeur. Il m’a fallu de nombreuses tentatives pour faire sortir de mon stylo quelque chose dont j’étais satisfait, mais quand les vannes se sont ouvertes, rien ne pouvait les arrêter !

Avez-vous une chanson « préférée » sur cet album ? Ou peut-être la plus naturelle que vous ayez écrite ?
Timo : Normalement, j’ai toujours une idée de ma chanson préférée avant d’entrer en studio. Après avoir quitté le studio, cela peut être différent. En les jouant en live, cela peut encore changer. Cette fois, je pense que Likt Törnen Genom Kött est l’une de mes préférées.
Mathias : Pour moi, c’est probablement Within Fire and Crystal. J’aime vraiment la façon dont cette chanson progresse et va de l’avant, avec la première moitié qui est presque une chanson différente de la deuxième moitié et pourtant ça fonctionne. C’est aussi très nostalgique pour moi, ça me ramène à In Times Before the Light de Covenant et Drep De Kristne de Troll, qui étaient mes albums préférés à la fin des années 90.

Comment parvenez-vous à maintenir l’équilibre entre les orchestrations, le chant viscéral et les riffs acérés ?
Timo : Je ne sais pas vraiment, haha. Si tu veux parler de musique dans une chanson, c’est juste quelque chose que nous réalisons quand nous avons une chanson prête à l’emploi et aussi en cours de réalisation. En ce qui concerne le son, nous comprenons bien sûr que nous ne pouvons pas remplir toutes les fréquences en écrivant des chansons, etc. On peut l’entendre lors de la démo, etc… Parfois, on s’en rend compte au moment du mixage. Comme avec cet album, c’était un défi pour quelques chansons avec tous les claviers et les leads qui se battaient pour se distinguer, nous avons dû baisser le volume des claviers pour laisser la place à la guitare lead.

Avez-vous des projets pour l’avenir du groupe ?
Timo : Pas comme un plan sur cinq ans ou quelque chose comme ça. Nous allons d’un disque à l’autre. Bien sûr, notre objectif principal est maintenant de soutenir cet album autant que possible. Ce qui signifie des concerts et des tournées. Avec le dernier album, ce n’était pas possible, donc nous sommes plus que prêts à soutenir celui-ci. 

Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, un album…
Timo : Non, pas vraiment. Je n’y ai pas vraiment pensé. 

Dernière question : Avec quels groupes aimerais-tu faire une tournée ? Je te laisse créer une tournée (ou juste un seul concert) avec …And Oceans et trois autres groupes !
Timo : Bien sûr, j’aimerais tourner avec certains de mes favoris à l’époque. Avec certains groupes, ce n’est plus possible, comme Dissection et Limbonic Art. Gehenna serait cool et Emperor s’ils faisaient une tournée. Dödheimsgard serait également intéressant. Je pense que les groupes susmentionnés pourraient faire une tournée. 

C’était ma dernière question, merci à nouveau de m’avoir accordé de votre temps et pour votre musique, je vous laisse les mots de la fin !
Timo : Merci ! N’hésitez pas à écouter notre dernier album et à vous voir aux concerts, en tournée…