L’année 2023 commence à peine, et la France s’apprête à vivre l’une des soirées les plus prometteuses de l’année : le retour de Fleshgod Apocalypse pour le Motocultor Across Europe Tour 2023, après de multiples reports et annulations. Mais les italiens ne sont évidemment pas venus seuls, car ce sont les grecs de W.E.B., les hongrois de Nest of Plagues, ainsi que les coréens de Dark Mirror ov Tragedy et les japonais d’Ethereal Sin pour un plateau axé vers le côté extrême du Metal. A noter que les trois premiers groupes célèbrent leurs premières dates en Europe, ainsi que leur première date en France avec la date parisienne du soir qui se tient au Trabendo !
Ce sont donc Ethereal Sin qui sont chargés d’ouvrir la soirée avec une motivation extrême, un maquillage ancré dans le Black Metal et des tenues traditionnelles, devant un parterre de spectateurs pour le moment assez peu rempli, mais qui va rapidement accrocher à leur mélange de aussi violent que mélodique aux accents nippons. Les influences sont multiples, et elles permettent au groupe mené par le théâtral Yama Darkblaze (chant) de développer un son riche servi par les riffs effrénés de Kikka Schwarzfleet (guitare), Seth Maelstrom (basse), Syngolet Nollrune (guitare) et Meet Schattenclown (batterie), qui seront parfois entachés par quelques larsens, mais qui se révèlent extrêmement efficaces en compagnie des claviers envoûtants d’Hal Purprite (claviers), renforcés par des lumières folles sous un nuage de fumée qui s’épaissit à vue d’oeil. Entre deux titres, le vocaliste nous remercie vivement de notre présence et nous promet de revenir dès que possible avant de lancer le titre suivant pendant que la fosse se gonfle lentement pour applaudir une performance saisissante.
L’ambiance devient relativement plus pesante lorsque Dark Mirror ov Tragedy entre en scène après un très court changement. Les costumes sont plus sombres, les maquillages plus effrayants, et le son plus écrasant, alternant parties symphoniques menées les claviers de Genie (claviers), impassible, aux riffs sanglants sur lesquels les hurlements de Material Pneuma (chant) prennent vie. Le vocaliste, cramponné à son pied de micro lumineux, n’hésite pas à se placer solennellement au centre de la scène, immobile, pendant que Senyt et Zahaquiel (guitares) grimpent sur les bancs de chaque côté pour échapper à la fumer et jouer leurs parties assassines et haranguer la fosse sous des lumières instables et épileptiques, laissant Reverof (basse) et Confyverse (batterie) tenir la rythmique. Mais à nouveau, le temps de jeu du groupe est très court, et c’est après de chaleureux remerciements que le frontman mettra fin à leur set épique, qui sera lui aussi applaudi comme il se doit.
L’ambiance s’annonce résolument plus moderne lorsque Nest of Plagues entre en scène, menés par un Dániel Ivanics (basse/chant) qui hurle avant de headbanguer comme un furieux. Orienté Deathcore, le son compte également sur les riffs lourds des guitaristes survoltés Máté Breier et Evelin Kövecses qui n’hésitent pas à placer quelques parties plus travaillées sous les frappes de Balázs F?r (batterie), et le groupe aura réussi à réveiller la fosse, non sans demander quelques circle pits et autres wall of deaths. Les titres sont rapides et incisifs, mais ils laissent également au vocaliste le temps de nous les présenter rapidement, comme l’un qui lui tient à cœur et qu’il a écrit en étant inspiré par une période de dépression, ou ses camarades l’ont soutenu, pendant que la fumée descend un peu. Les riffs reprennent bien vite, laissant les moshparts répondre aux breaks lourds et accrocheurs, puis le vocaliste ira replacer sa basse en coulisse pour revenir hurler une dernière fois devant nous, allant même jusqu’à se rouler au sol pour clore le set, sous les acclamations.
L’ambiance change à nouveau lorsque W.E.B. nous présente son Black Metal aux influences Symphoniques et Gothique sous des flashs incessants. Au centre, Sakis Prekas (chant/guitare) harangue la fosse pendant que Sextus Argieous Maximus (guitare) nous gratifie à la fois de ses leads les plus mélodieux, mais également de ses plus belles grimaces, n’hésitant pas à mettre un genou à terre pendant que leur bassiste, voilé et encapuchonné, se fond littéralement dans la fumée. Bien qu’invisible, Nikitas Mandolas (batterie) ne démérite pas en plaçant des parties de batterie implacables et précises qui rythment les symphonies funestes du groupe, entrecoupées de remerciements de la part des deux guitaristes, qui organiseront même un concours d’acclamation pour voir ou la ferveur est la plus présente après que le vocaliste n’ait passé un titre entier sous un masque de crâne occulte. Les titres s’enchaînent mais ne se ressemblent pas, passant de parties abrasives rapides à des parties plus ambiantes, à l’image de Murder of Crows qui se place comme le morceau épique et mélancolique de ce set intense, qui sera bien évidemment acclamé comme il se doit par un public parisien totalement conquis.
La scène est réaménagée pour permettre l’installation de Fleshgod Apocalypse, clou de la soirée, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les pieds de micro ainsi que le piano suscitent déjà un rapprochement dans la fosse, qui profite de cette intro faite de divers morceaux de musique classique. Mais les esprits s’impatientent vite, et les douces mélodies sont hurlées par les spectateurs avant que le groupe ne rentre en scène pour nous asséner un premier titre surpuissant, qui fera immédiatement exploser la fosse. On notera la facilité avec laquelle Francesco Paoli (guitare/chant) mène le show tout en haranguant la fosse, accompagné par Paolo Rossi (basse/choeurs) et Fabio Bartoletti (guitare/choeurs) qui headbanguent en alignant leurs riffs avec une précision incroyable, tout en headbanguant ou en l’accompagnant au chant. Mais la précision, c’est également l’affaire d’Eugene Ryabchenko (batterie), véritable monstre derrière les fûts, qui nous arrose copieusement de blast et autre rouleaux de double pédale, ne laissant malheureusement que peu de place aux touches symphoniques de Francesco Ferrini (claviers), dont l’instrument se retrouve assez souvent effacé, au contraire de la voix intense de Veronica « ValchiRea » Bordacchini (chant), qui restera en retrait cachée dans l’ombre sur les premiers morceaux, mais qui s’avancera d’un pas décidé pour Monnalisa, titre que le frontman dédie aux femmes présentes dans l’assemblée. Le duo de vocalistes se complète parfaitement, parfois aidé de quelques choeurs ou arrivées soudaines du claviériste qui harangue une fosse bien énervée qui lancera d’elle même les mouvements sur The Violation, qui restera à mes yeux l’un des meilleurs titres du groupe, et qui sera une fois de plus superbement exécuté du début à la fin, y compris cette voix claire torturée. Le show sera coupé par un court moment de flottement qui nous laissera à nouveau profiter des symphonies du groupe, qui revient rapidement nous écraser, mais également de quelques petites interventions du frontman, qui n’hésite pas à remercier l’organisation et surtout les fans de s’être déplacés un mardi dans ce climat maussade, tout en déclarant, à moitié avec humour, que la France possède “all the best festivals, ours are just okay”. Il nous posera également sa fameuse “tricky question, because you all know No, so it’s a yes!”, titre qui fera à nouveau l’unanimité, suivi par The Fool, ou le bassiste nous offrira à nouveau sa voix claire incroyablement puissante et juste. Mais malheureusement, le set est court, même pour une tête d’affiche, et c’est après deux titres supplémentaires issus de l’album Agony, que le groupe nous remerciera une dernière fois, après avoir tout donné pour nous faire passer un excellent moment, bien entendu applaudi.
Setlist : Fury – Healing Through War – Sugar – Monnalisa – The Violation – Prologue – Epilogue – No – The Fool – The Egoism – The Forsaking
La musique live est plus vivante que jamais. Que ce soit avec Ethereal Sin, Dark Mirror ov Tragedy, Nest of Plagues et W.E.B., les principales découvertes du public ce soir, ou encore avec Fleshgod Apocalypse, les musiciens nous ont prouvé deux choses. La première, c’est que la passion et la maîtrise n’ont pas de frontière, elle s’exprime sous toutes ses formes du moment que quelqu’un y est réceptif. La deuxième, c’est qu’ils ont tous soif d’expression, et qu’ils savent se donner à fond pour nous le faire comprendre. Il est indécent que cette salle ait été aussi peu pleine, malgré les efforts du Motocultor Festival et d’Access Live, que je remercie chaudement pour la soirée. Merci également à Romain de l’Agence Singularités pour cette opportunité dont j’ai profité à chaque instant !