On ne se rend souvent pas compte de ce qu’implique l’organisation d’un concert. Et pour la date de ce soir, j’ai eu la joie de collaborer avec Stay in the Pit, association francilienne, pour accueillir Serpents Oath pour leur première date parisienne, accompagnés par les locaux de Demande à la Poussière, Widespread Disease et Montagne au Sax d’Achères pour une soirée placée sous le signe du Metal Extrême sous toutes ses formes.
Malgré l’annulation de dernière minute de Gohrgone pour raison de santé, l’installation suit son cours comme prévu, et les premiers spectateurs peuvent également profiter de l’exposition de Macchabée Artworks ainsi que de la présence d’Hardcore Cares avant d’entrer dans la salle.
Le public commence à arriver lorsque les lumières s’éteignent et que Widespread Disease débute son inquiétante introduction, rapidement suivie par des riffs massifs et des hurlements bestiaux sous des flashs lumineux chaotiques. Sur les côtés, Pierre Morcrette et Sylvain Valette (guitares) headbanguent sous les frappes effrénées de Théo Gendron (batterie) pendant qu’Eric Teuma (chant) se penche sur le bord de la scène pour placer ses hurlements déchaînés. Le vocaliste tentera de motiver une fosse d’abord un peu timide mais finalement plus réactive entre deux titres, enchaînant les moshparts agressives et les breaks apocalyptiques, parfois à grands renforts d’infrabasses dévastatrices, mais leur show est malheureusement assez court, et c’est après une grosse demie-heure de blast, de riffs lourds et de cris surpuissants qui a bien évidemment mis en lumière leur dernier EP, paru en fin d’année dernière, que le groupe est applaudi pour sa performance.
Setlist : The Condemned – Creator Of All – The Wrench – Slaughterhouse – Through Flames and Carnage – Widespread Disease – The Tide
Changement total d’ambiance avec Montagne, qui débute son set sans aucun artifice en nous plongeant dans son voile de dissonance pesante entre Post-Metal abrasif, Sludge gras et influences Doom lancinantes. On remarquera le naturel des membres, assez statiques, pendant que des lumières complexes et saccadées viennent embellir leur paysage musical froid et imprévisible sous les frappes régulières du batteur, mais aussi et surtout les multiples voix que les deux guitariste et le bassiste nous offrent régulièrement, créant des vagues plus ou moins intenses de hurlements qui accompagnent à merveille le son oppressant, ou au contraire les quelques interludes les plus apaisantes. Mais à nouveau, leur temps de jeu est court, et la beauté de leur univers l’a fait passer en un éclair, mais les applaudissements que les quatre musiciens reçoivent parlent d’eux mêmes.
L’ambiance s’assombrit à nouveau lorsque Demande à la Poussière et son chanteur/guitariste encapuchonné entrent en scène, devant leur écran qui diffuse le logo du groupe ou quelques images intrigantes. Le son se montre immédiatement assommant, laissant les racines Sludge ténébreuses nous écraser sous les riffs lancinants couplés aux hurlements bruts et pesants du vocaliste, pendant que les musiciens headbanguent au rythme des frappes sourdes, frôlant parfois le sol. Le public est évidemment conquis par ces sonorités grasses et dissonantes, et il le montre en remuant le crâne avec le groupe en suivant Neil (basse) et Edgard (guitare) qui abattent une rythmique lourde sous le contrôle de Vincent (batterie) pendant que Simon (guitare/chant) place parfois des harmoniques cinglantes en plus de ses cris. Le vocaliste lâchera parfois sa guitare pour se concentrer sur son chant, ou activer une alarme inquiétante au centre de la scène pour accompagner l’oppression sonore, qui se soldera par une salve d’acclamations bien méritées après trois quart d’heure d’un set puissant et pesant, qui aura vu un léger mouvement de foule.
Setlist : Intro (sur bande) – Morpheme – Quiétude hostile – L’univers – Intermission (sur bande) – Léger Goût De Soufre – Erethisme – Étranglé – Condamnés – Accroché
Dernier groupe de la soirée, et à nouveau l’ambiance change pour le rituel de Serpents Oath, qui commence avec l’arrivée des membres au visage dur et ensanglanté. Il ne faudra pas longtemps aux cinq belges, menés par Tes Re Oth (chant) pour déchaîner l’enfer et les puissances impies grâce à un Black Metal Old School teinté d’influences Black/Death rythmé par le blast de Draghul (batterie), et les riffs de Daenum (guitare), Mørkald (basse) et Baelus (guitare). Les musiciens n’hésitent pas à se placer au bord de la fosse, où les plus acharnés sont déjà transcendés par les mélodies sombres et agressives pendant que le vocaliste possédé hurle toute sa rage, entrecoupée de samples qui autorisent les musiciens à respirer brièvement avant d’attaquer le titre suivant. Deux braseros seront allumés à l’aide d’une torche, renforçant encore l’aspect ritualistique de ce show aussi millimétré qu’intense, laissant le groupe haranguer une foule de passionnés qui les acclame entre chaque titre, avant de replonger dans la noirceur et la violence grâce au son tranchant. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est après huit titres glaciaux et ravageurs que le groupe quitte la scène sous les applaudissements et en nous remerciant.
Setlist : Vox Mortis (sur bande) – Speaking in Tongues – Leviathan Speaks – Invocation Perversum (sur bande) – Blasphemy – Thy Mighty Serpent – Thrice Cursed (sur bande) – Malediction – Summoning the Ancients – Mephisto (sur bande) – The Beast Reborn – Blood Moon – Beyond the Gates (sur bande)
La soirée s’achève entre le bar et les stands de merchandising où les artistes échangent avec les spectateurs. Bien que la salle n’ait pas été comble ce soir, on constate que le public francilien se réveille doucement mais sûrement pour venir écouter sa musique, et ce n’est pas Stay in the Pit qui dira le contraire ! L’Extrême Metal Night est un succès, mais également une preuve que la diversité unit les amateurs de Metal, que ce soit pendant l’énergie brute de Widespread Disease, la dissonance de Montagne, l’oppression de Demande à la Poussière ou la communion impie proposée par Serpents Oath. Merci à tous ceux qui ont été impliqués d’une manière ou d’une autre dans cette date, du début à la fin !