Review 1617 : Fange – Privation

Fange fête ses dix ans.

Créé en 2013 en France, le groupe va rapidement produire ses propres sorties sur le label Throatruiner. Axés sur un mélange de Sludge, Death Metal et de Chaotic Hardcore, c’est en 2023 que Matthias Jungbluth (chant), Benjamin Moreau (guitare/chant), Antoine Perron (basse/chant) et Titouan le Gal (guitare/chant, Acedia Mundi, Epectase, ex-Filthcult, ex-Etxegiña) annoncent la sortie de Privation, leur cinquième album.

À La Racine, le premier titre, nous place immédiatement dans un rideau de dissonance assourdissant, suivi par les hurlements bruts et le groove froid, puis par une rythmique massive assommante. Des ajouts aériens viennent contraster adoucir le mélange aux influences Industrial dérangeantes mais intrigantes et parfois surprenamment mélodieuses, puis Sang-Vinaigre vient nous envelopper dans sa mélancolie inquiétante en compagnie de parties vocales sombres. La rythmique lourde s’intègre parfaitement à l’ambiance pesante, tout comme les derniers mots du vocaliste, puis Les Crocs Limés dévoilera sa folie et sa rage agressive via des patterns automatiques écrasants. Quelques parties plus douces viennent rythmer les vagues de sonorités abrasives tout en renforçant leur impact et en nous hypnotisant lentement avant que Né Pour Trahir, le titre suivant, ne vienne dévoiler ses riffs lancinants. D’abord assez calmes, ils s’alourdissent et deviennent étouffants en compagnie du chant, qui accueille également Cindy Sanchez (Lisieux, Candélabre) pour un duo aussi intense que complémentaire avant qu’Enfers Inoculés ne renoue avec des sonorités Industrial dévastatrices et extrêmement puissantes. Le break aérien reste également très rythmé et très sombre, et même si le chant clair nous mène jusqu’aux derniers instants du titre, la rythmique massive nous balaye sans mal, tout comme Portes D’Ivoire où le groupe accueille Cédric Toufouti (Hangman’s Chair) pour contraster un son déjà extrêmement pesant avec une touche de douceur, que l’on retrouve dans les sonorités aériennes. Le contraste prendra fin avec Extrême-Onction, le dernier titre, qui s’annonce immédiatement comme le plus malsain de l’album, et qui va rapidement tenir ses promesses en nous ensevelissant sous une montagne de distorsion et de hurlements virulents.

Avec Fange, il faut toujours s’attendre à l’inattendu, mais également à une folie sombre et assommante, rythmée par des hurlements bruts. Privation ne fait pas exception à la règle, ajoutant des titres poignants et écrasants à une discographie déjà bien chargée pour les dix ans du groupe.

85/100

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