Il y a certains concerts où on va pour profiter, pour flâner, pour voir des potes, et il y a des concerts où l’on va pour prendre une leçon. C’est principalement cette dernière catégorie qui s’applique ce soir, car le Tech Trek Europe s’apprête à frapper la capitale française. Au programme, Archspire, suivis par Psycroptic, Benighted et Entheos. Le plateau le plus technique, si ce n’est le plus brutal de l’année ! Et tout ça, à la Machine du Moulin Rouge, que je rejoins comme je peux en cette période de grèves…
Avec un léger décalage sur l’horaire annoncé, Entheos monte sur scène devant une fosse déjà bien remplie. Au centre, Chaney Crabb (chant) donne le coup d’envoi avec des hurlements sauvages, pendant que Navene Koperweis (batterie), Robert Brown (guitare) et Brian James (guitare) placent leurs riffs rapides et complexes, qui semblent immédiatement appréciés par le public. Il ne faudra que quelques titres aux américains pour créer les premiers mouvements de foule, sous les encouragements de la vocaliste. “I know you guys want to move around, so just do this!” nous lâche-t-elle entre deux titres, avant de lancer l’assaut suivant, avec un son toujours aussi bien géré qui lui permet de nous dévoiler son impressionnante palette vocale, tout en laissant ses camarades proposer des harmoniques dévastatrices. Lorsqu’elle ne hurle pas, la chanteuse headbangue sous les rafales de violence, parfois entrecoupées de pointes plus Prog, mais c’est sous le signe de la rage que la setlist s’est construite, bien évidemment concentrée sur le dernier album, et c’est avec la même rage qu’elle va s’achever, accompagnée d’acclamations méritées.
Setlist: Chemical Flashbacks – Absolute Zero – In Purgatory – White Noise (II) – Darkest Day – Remember You Are Dust – The Sinking Sun
C’est officiel, la salle est pleine pour accueillir nos prodiges français de Benighted. Le groupe n’est même pas installé sur scène que la fosse les acclame déjà, et laissez-moi vous dire qu’il n’a pas fallu trois secondes au groupe pour relancer le mosh ! Entre les hurlements déchaînés de Julien Truchan (chant), la basse écrasante de Pierre Arnoux (basse), aux harmoniques sanglantes d’Emmanuel Dalle (guitare) ainsi qu’au blast infernal de Kévin Paradis (batterie), tout est réuni pour que le public redouble d’énergie. Ajoutez à celà un groupe qui harangue le public toutes les quinze secondes, et vous obtiendrez le chaos qui a pris vie sous nos yeux. “Merci à vous tous d’être là ce soir, c’est du bonheur pour nous !” lâche le vocaliste avant d’enchaîner immédiatement avec le titre suivant, qui aura très exactement le même effet, mêlant la puissance brute du Grindcore avec le groove du Brutal Death. Tout aussi énergiques que leur musique, les musiciens arpentent la scène, se rejoignent pour jouer ensemble, et vont même aller jusqu’à inviter leur ami Sven de Caluwé (Aborted, Coffin Feeder…) à les rejoindre sur scène pour un duo des plus dévastateurs, motivant les slammeurs à s’élancer pour rejoindre la scène avant de repartir de là où ils viennent, aidés par le vocaliste. Un joyeux bordel annoncé, mais qui se montre encore plus violent jusqu’à la dernière note !
Setlist: Intro – Martyr – The Starving Beast – Cum With Disgust – Implore the Negative – Nails – Reeks of Darkened Zoopsia – Necrobreed – Muzzle – Versipellis – Brutus – Let the Blood Spill Between My Broken Teeth
C’est au tour des australiens de Psycroptic de nous montrer comment la violence se conjugue par chez eux. Tout comme les groupes précédents, ce qui frappe, mis à part le pit qui n’a pas tenu dix secondes avant d’exploser, c’est l’énergie permanente dont les musiciens font preuve, Jason Keyser (chant) en tête de liste. Les quatre gaillards sont surmotivés, et n’hésitent jamais à secouer le crâne pour accompagner leurs riffs travaillés mais extrêmement violents. Pendant que Joe Haley (guitare), David Haley (batterie) et Todd Stern (basse) nous balancent leur rythmique massive en restant sur place, le vocaliste arpente la scène et harangue une fosse très réactive entre deux cris, aidant les slammeurs, qui se montrent de plus en plus nombreux, à assurer leur atterrissage sur scène avant de sauter à nouveau sur leurs camarades, qui les expulsent vers le fond. Entre chaque titres, le chanteur place toujours un petit remerciement, tout en incitant “each and every one of you to move now!”, et ses instructions seront suivies à la lettre. Les riffs groovy et massifs ne faiblissent pas, et la fosse le remarque bien, puisqu’on constatera une ébullition fédératrice jusqu’à la toute dernière note, avant que le groupe ne rende les armes sous une nuée d’applaudissements.
Setlist: Cold – Frozen Gaze – This Shadowed World – Rend Asunder – Euphorinasia – A Fool’s Errand – Ob(Servant) – The Watcher of All – Enslavement
Dernier groupe de la soirée, c’est au tour d’Archspire de retourner la fosse de la Machine à pleine vitesse, et le groupe va mettre un point d’honneur à le faire dès le début de leur avalanche de technicité. Si Dean Lamb (guitare), Tobi Morelli (guitare) et Jared Smith (basse) alternent entre sourires, mouvements de crâne et matraquage de manche avec une précision incroyable, on notera également les frappes précises mais non moins puissantes de Spencer Prewett (batterie), laissant le champ libre à Oliver Rae Aleron (chant) qui ne tient pas en place, proposant un chant impeccable et dévastateur à chaque instant. Entre les titres, le vocaliste n’hésite jamais à lâcher un “Thank you Paris for being here!” sans une once de fatigue, et généralement suivie d’un trait d’humour, comme lorsqu’il annoncera la sextape de son bassiste. Mais heureusement (ou malheureusement ?), le groupe enchaîne avec le prochain titre de sa setlist, qui se focalise sur les deux derniers albums du combo. Les slammeurs feront également leur grand retour, accompagnés d’un “We don’t need you man!” lorsque l’un d’entre eux s’attardera un peu trop sur scène, suivi par la reprise de la déferlante. Et comme un concert d’Archspire est toujours l’occasion d’un trait d’humour à 360BPM, nous auront droit à leur fameuse partie de Twister dans la fosse, mais également à un wall of death pour le moins original, organisé en “side wine and side cheese”, qui sera le parfait représentant du cliché de notre beau pays, qui ne reprendra son souffle qu’à la fin d’un set intense, mais un peu court, applaudi comme il se doit.
Setlist: Remote Tumour Seeker – Bleed the Future – Abandon the Linear – A Dark Horizontal – Human Murmuration – Golden Mouth of Ruin – Calamus Will Animate – Involuntary Doppelgänger – Drone Corpse Aviator
La salle se vide lentement, et les musiciens se rendent tous sans exception au stand de merchandising, discuter avec les fans. On constate alors l’ampleur d’une salle comble, et on remercie chaleureusement Garmonbozia Inc. pour le sold-out réalisé par Archspire, Psycroptic, Benighted et Entheos, qui ont tous les quatre réalisé un sans-faute pour finir la semaine en beauté ! Stay Tech!