Premier concert du mois de Mai pour ma part, et pas des moindres : The Cosmic End Tour, la tournée d’adieu des allemands de Dark Fortress, accompagnés par The Spirit et Asphagor.
Cette étape française exclusive, proposée par Garmonbozia Inc. se tient donc en cette fin de semaine au O’Sullivans Backstage by the Mills, dans le nord de la capitale. A quelques minutes de l’ouverture des portes, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas foule…
Après un court moment de flottement, les lumières s’éteignent, et les quatre musiciens d’Asphagor prennent place sur une scène, décorée à leurs couleurs. S’en suit une longue introduction mélodieuse menée par les harmoniques de M.Zanesco et Hybreos (guitares), soutenue par la rythmique de P.P.Lps (basse) et M.E. Sargoth (batterie) avant l’arrivée soudaine de Morgoth (chant), seul à arborer un corpse paint, qui s’empare de son pied de micro où trône une carcasse animale, avant de commencer à hurler sous des lumières chaotiques. L’intégralité de la salle se fait lentement mais sûrement envoûter par ce mélange brut de Black/Death Mélodique aux influences sombres et travaillées, laissant les guitaristes se mettre en avant lors de leurs parties lead en offrant un moment de répit au vocaliste qui harangue la foule au centre en jouant avec son pied de micro. Les morceaux s’enchaînent avec quelques vifs remerciements, ne nous laissant presque aucun temps mort avant de découvrir la prochaine vague d’harmoniques tranchantes nourries au blast et aux hurlements massifs, mais le set est assez court, et c’est après un énième remerciement que le chanteur décrochera son pied de micro, conservant toutefois le squelette gravé du symbole du chaos, venant hurler les paroles de leur dernière composition devant les premiers rangs, assurant une réponse extrêmement positive de la part d’une foule conquise.
Setlist : Ex Cathedra – Nine Moons – The Great Erosion – Circle of Abaddon – (In the) Sea of Empty Shells – Ghost of Aphelion – Aurora Nocturna
Changement d’ambiance pour l’arrivée de The Spirit, dont les quatre membres nous tournent le dos lorsque les premières notes nous parviennent. Le voile bleuté sera parfois troublé par quelques flashs, révélant MS (batterie) derrière ses fûts, qui commence tout comme nous à être possédé par la dissonance majestueuse des notes de ses camarades. Si MT (guitare/chant) reste principalement derrière son micro pour hurler ses paroles, Stanley Robertson (guitare) et Linus Klausenitzer (basse) haranguent le public, headbanguent et s’approchent des premiers rangs pendant que les harmoniques sombres envahissent la pièce. Le jeu de lumières colle parfaitement à l’ambiance surnaturelle du son des quatre allemands, qui allient technicité surprenante et riffs dévastateurs avec une facilité incroyable, provoquant même quelques mouvements de foule. Alors que pour nous, le show semble des plus organisés, le chanteur lancera parfois quelques regards vers la console de son, demandant une légère augmentation de ses parties lead transcendantes avant d’activer également une boîte à rythme cosmique pour accompagner le groupe, qui continue à nous asséner des riffs travaillés et ravageurs sous des lumières toujours plus travaillées. “It’s been five years since we’ve been here, way too long” lâchera le vocaliste entre deux titres, juste avant de continuer sa séance mystique pendant que le public remue de plus en plus, allant même jusqu’à tenter de recracher un slameur inattendu sur le dernier titre, avant de laisser le show s’achever sous un torrent d’applaudissements.
Setlist : Repugnant Human Scum – Of Clarity and Galactic Structures – Pillars of Doom – Celestial Fire – Laniakea – Illuminate the Night Sky – Serpent as Time Reveals – Timbre of Infinity – The Clouds of Damnation
Passons au clou du spectacle, la toute dernière performance française de Dark Fortress, qui débute avec une installation des musiciens dans le plus grand des calmes. Les six musiciens débutent leur show en headbanguant ensemble, emportant avec eux l’intégralité de l’assemblée dans leur déferlante de riffs mélodieux signés Asvargr (guitare). Côté rythmique, Hannes Grossmann (batterie), Ar (basse) et V. Santura (guitare) offrent une base solide pour laisser Morean (chant) déverser sa rage en hurlant, mais aussi des tonalités plus douces sur les quelques parties de chant clair, soutenues par les nappes majestueuses de Linus Klausenitzer qui remplace le claviériste du groupe absent. Entre deux titres, le vocaliste n’oublie jamais un petit mot, que ce soit en Français, langue qu’il maîtrise visiblement plutôt bien, ou en anglais, nous remerciant de notre présence pour cette ultime tournée en précisant que “c’est un peu triste parce que chaque fois que nous jouons ici c’est génial” avant d’annoncer le titre suivant. Qu’il soit très mélodieux, abrasif, rapide, lent, ancien ou relativement récent, chaque morceau envoûte la foule en un rien de temps grâce à une maîtrise extrême de cet art sombre que les musiciens nous dévoilent tout au long de leur set très équilibré. Comme il est habituel de le faire, le vocaliste nous annoncer que leur temps leur est compté, et qu’il leur reste un seul morceau pour ce soir, provoquant alors le coup de folie d’une spectatrice qui tentera de rejoindre la scène en passant par dessus les spectateurs, mais que je renverrai bien vite d’où elle vient, et suite à leur départ, les musiciens reviennent pour nous interpréter deux merveilleux titres supplémentaires, dont l’extrêmement fédérateur Baphomet, qui refermera une performance mémorable, suivie par des acclamations à la hauteur de la prestation.
Setlist : The Silver Gate – Catawomb – Isa – Pulling at Threads – Crimson Tears – Self Mutilation – Cohorror – Chrysalis – Ylem
Rappel : To Harvest the Artefacts of Mockery – Evenfall – Baphomet
Une fin de concert, c’est toujours un moment de relâchement et de tristesse, surtout lorsque l’on sait que l’on vient d’assister à un événement historique. Si la foule a mis du temps à arriver, la salle était au final plutôt remplie pour célébrer l’adieu en grande pompe de Dark Fortress, mais également les excellentes prestations de The Spirit et d’Asphagor. Un grand merci aux musiciens, ainsi qu’à Garmonbozia Inc. pour l’accréditation photo !