Review 1759 : Aodon – Portraits

Aodon laisse à nouveau la noirceur nous parler.

Créé en France en 2016 par M-Kha (tous instruments, Silure, Vayron), le groupe est accompagné en live par Alix (basse) et Laurent C. (guitare). Portraits, son troisième album, sort en 2023 chez Willowtip Records, mixé et masterisé par AJ Viana (Cognitive, Hath…).

Swen, le premier morceau, nous projette immédiatement au sol avec une vague de sonorités pesantes et agressives avant d’accueillir les parties vocales brutes. Les mélodies entêtantes renforcent parfaitement le message direct et viscéral accompagné par un blast massif qui ne cesse que pour laisser Egon nous offrir une légère brise avant que la noirceur ne nous envahisse à nouveau. Le son lancinant sera parfois amené à ralentir sans perdre de sa puissance, tout comme sur la dissonante Mayerson où la tornade adopte des éléments inquiétants en nous laissant reprendre notre souffle avant de s’enflammer à nouveau avec la saturation la plus abrasive. Adam dévoilera par la suite des mélodies planantes tout en restant dans un registre sombre et relativement froid, laissant la froideur se répandre dans chaque recoin de notre esprit avant un final plus apaisant suivi par Miquella et son atmosphère aussi maussade qu’envoûtante. Les parties vocales sont plus imposantes, donnant à ce morceau une aura tragique tout en temporisant les moments les plus agressifs, alors qu’on les sent à nouveau très brutes sur Andreas, le titre suivant, qui joue habilement avec des leads apaisants pour contraster les sonorités éprouvantes. Liza déchaînera ensuite l’apocalypse avec un son sans compromis qui profite des passages les plus lents pour laisser des leads déchirants nous tenir en haleine avant que les riffs dévastateurs ne reviennent nous prendre au piège, puis le son s’éteint avant qu’Inaki ne renoue avec des tonalités dissonantes et hypnotiques. L’approche Old School colle à la perfection à la déferlante rythmée suivie par Sheelagh et ses harmoniques planantes qui viennent refermer l’album en créant une sorte de cocon de douceur au sein duquel la batterie et les parties vocales cherchent à s’échapper.

Aodon tisse ses mélodies hypnotiques sur une base brute mais fascinante, laissant chaque élément de Portraits compléter de contraster avec le suivant, faisant de l’album un voile de douceur derrière lequel il nous poignarde vigoureusement.

90/100

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