Nous y voilà. Le Hellfest, qui fait tant rêver les fans de Metal, français ou non, peu importe l’âge ou le style de prédilection. Il nous aura fallu à nouveau attendre un an, guetter les annonces et les remplacements, ainsi que les nouveautés, pour finalement y mettre à nouveau les pieds.
Pour ma part, j’ai choisi d’arriver la veille, histoire de retrouver les potes, d’être reposé pour le jour J, et de ressentir l’envie de chacun. Avant l’ouverture des portes, le market est investi par les milliers de festivaliers, mais dès 15h, c’est la ruée ! Nous voici partis pour quatre jours “d’enfer”, en compagnie de Raven, qui assurera les interviews pendant tout le festival !
Premier groupe à fouler la Temple, le projet solo de Black Metal aux racines amérindiennes portée par le multi-instrumentiste Sgah’gahsowáh, j’ai nommé Blackbraid ! Si le son de la tente ne rend malheureusement pas hommage à ces très riches compositions de Black Metal brut aux influences païennes inhabituelles, on saluera tout de même qu’en un an et demi seulement, l’homme a créé un groupe solide, accompagné par des musiciens de session motivés et costumés aux couleurs du peuple qu’ils représentent, qui headbanguent et le laissent hurler au centre en haranguant une foule partagée entre connaisseurs et curieux. Les hurlements puissants du vocaliste, qui n’hésite jamais à jouer avec son pied de micro, ne mettront pas longtemps à séduire une fosse toujours plus compacte.
On passe à l’Altar, avec les français d’Aephanemer qui ne perdent pas un seul instant pour placer leurs riffs mélodieux surmontés de samples avec un large sourire et une motivation débordante. Ayant déjà vu le groupe, je savais bien évidemment à quoi m’attendre, mais je resterai toujours surpris de la facilité avec laquelle Marion Bascoul (chant/guitare) alterne cris caverneux avec son chant lyrique, couplés aux parties leads qu’elle partage avec Martin Hamiche (guitare), revenu depuis peu sur scène. Sans surprise, le mélange ravageur est extrêmement efficace, et il fédère aisément l’assemblée relativement compacte qui les acclame entre les titres.
L’ambiance reste ancrée dans la technicité avec Imperial Triumphant, un trio masqué mené par Zachary Ezrin (chant/guitare) qui monte en flèche ces derniers temps, et qui va expliquer à la Temple que la violence effrénée peut parfaitement se combiner à la complexité et à la beauté. Les cris rauques du vocaliste se mêlent à la déferlante de Black Metal Avant-gardiste et à leurs diverses influences tout aussi violentes les unes que les autres, laissant tout de même les membres déambuler sur scène ou poser avec leurs instruments avant de jouer à nouveau face à face. On notera également la traditionnelle bouteille de champagne qui servira autant au rafraîchissement qu’à la scénique, et c’est tout naturellement que le public ressort conquis de cette performance au son relativement propre.
Nous restons dans une ambiance occulte avec le show de Nightfall, qui envoûte l’Altar avec son mélange hypnotique de Death Metal infusé au Black et au Doom, créant un véritable voile aussi mélodieux que dissonant qui laisse le vocaliste masqué, Efthimis Karadimas, guider les vagues de mélancolie avec énergie, jouant même avec son pied de micro. En me retournant, je constate avec plaisir que la tente est pleine à craquer, et que les musiciens n’ont qu’à lever le bras pour haranguer une foule très réceptive à leur son que je n’osais espérer entendre en France, mais le véritable show se passe sur scène avec un groupe très complice qui n’hésite pas à se jeter quelques regards entre leurs riffs, renforçant à nouveau la cohésion qu’ils ont construite, et celle qu’ils alimentent avec leur audience. Un grand moment !
Il est donc déjà l’heure du premier dilemme du festival avec un premier choix stratégique qui s’impose. C’est donc tout naturellement que j’emprunte le chemin de la Temple pour shooter Harakiri for the Sky, empereurs suprêmes de la tristesse viscérale qu’ils manient à la perfection et qui se déverse avec fracas sur un public qu’ils emportent instantanément dans leur torrent de Post-Black aussi majestueux que transcendant, lacéré par les hurlements de J.J. (chant) qui nous offre une performance tout aussi sincère et brute qu’à son habitude sous la rythmique de ses camarades.
A mi-concert, c’est vers la Mainstage 2 que je rejoins In Flames, qui n’ont pas perdu de temps pour inciter les slammeurs à s’élancer par dessus la foule avec une setlist relativement diversifiée mais incroyablement efficace et fédératrice. On voit aisément que les suédois prennent plaisir à jouer ce soir, et ça se ressent dans le public !
Retour en Altar pour Candlemass et son Doom épique lancinant qui se joue devant une foule de connaisseurs venus acclamer la légende suédoise. On reste sur un show assez statique et entêtant, au vu du style, mais qui sera animé par Leif Edling (basse) et surtout Johan Längquist (chant), qui arpente la scène en n’hésitant pas à haranguer la fosse pendant que ses acolytes se démènent pour proposer un son Old School dantesque en permanence. Comme la fois précédente, le choix de la setlist reste principalement axé sur Epicus Doomicus Metallicus et Nightfall, les deux premiers albums du groupe qui contiennent des hits intemporels, mais on notera également le morceau éponyme du dernier album, Sweet Evil Sun, qui fera également l’unanimité !
A peine rentré de sa tournée américaine, c’est Dark Funeral qui s’installe sur la Temple pour nous donner une leçon de Black Metal aussi blasphémateur qu’exécuté à la perfection, et ce malgré la perte de bagages entre les différents vols. Et pourtant, le groupe ne se laissera pas démonter et sera tout aussi possédé qu’il y a quelques mois, laissant Heljarmardr (chant) hurler sous sa cape comme si sa vie en dépendait pendant que les musiciens headbanguent en alignant leurs riffs avec une précision démoniaque. On notera également quelques flammes pour accompagner les passages les plus intenses, pendant que le groupe effectue une prestation incroyable sans jamais sourciller, laissant des lumières explosives révéler de temps à autre des silhouettes imposantes qui ont totalement répondu à nos attentes.
On retourne du côté du Death Metal avec Hypocrisy, qui se montre immédiatement aussi imposant et dévastateur que d’habitude ! Dès que le coup d’envoi est donné, Peter Tägtgren (chant/guitare) et ses acolytes vont enchaîner les morceaux massifs qui feront exploser la fosse à coups de riffs sanglants, mêlant une rythmique écrasante, des leads perçants et surtout ces hurlements qui passent du growl profond aux cris déchirants. Pour avoir déjà croisé le groupe plusieurs fois, on ne notera aucune surprise, que ce soit dans le choix de la setlist ou dans les mimiques des musiciens, mais le groupe n’a besoin d’aucun artifice pour nous montrer pendant une heure qu’ils maîtrisent leur art sur le bout des doigts et pour nous envoyer dans l’espace !
La fin de la journée se dessine derrière le drap qui cache la scène pour Behemoth, dont les shows se font de plus en plus spectaculaires album après album, et qui vont une fois de plus prouver leur professionnalisme ce soir. Maquillage, costume, flammes et pieds de micro, le groupe a encore une fois mis le paquet pour nous immerger dans leur son après le tomber de rideau, et la tente pleine à craquer pourra en témoigner ! Ayant vu leur précédent passage français, je savais bien évidemment à quoi m’attendre, mais le groupe reste en tous points appréciable, que ce soit au niveau sonore ou visuel, et ils nous offrent un show magistral.
Passage en Mainstage où KISS se livre à un autre type de performance relativement millimétrée, en proposant un show fan-service qui se décrit par une setlist sans aucune surprise, ainsi qu’un jeu de scène relativement “sobre” par rapport à ce que l’on m’avait décrit. J’imagine, au vu de la fosse immobile mais presque remplie que les fans ont apprécié !
Dernier show de la soirée, c’est avec l’énergie de Parkway Drive que se ferme cette première journée, et force est de constater que les australiens, bien que venus avec une setlist axée en ce début de concert sur les titres les plus récents, conserve toute sa rage ! Winston McCall (chant) arpente la scène en haranguant une fosse malheureusement assez peu remplie, attirant tous les regards pendant que les guitaristes s’avancent parfois, laissant leur camarade à quatre cordes dans le fond de la scène. Toujours aussi ému et reconnaissant de voir la foule apprécier sa musique, le vocaliste ne manquera jamais une occasion de nous remercier de notre présence (ou de venir hurler dans la fosse), et c’est très naturellement que le show continue, avec notamment quelques parties de violons, notamment sur le rappel avec l’incroyable Crushed.
Bien qu’assez sobre et épurée, cette première très chaude journée de festival a tenu ses promesses, malgré les habituels clashs musicaux ! Quelle idée d’être éclectique aussi… Nous retournons à l’hébergement et nous affalons immédiatement pour profiter des quelques heures de sommeil avant d’enchaîner !