Nervosa évolue encore.
Créé en 2010 au Brésil, et mené depuis 2020 par sa fondatrice Prika Amaral (guitare), le groupe est complété par Helena Kotina (guitare), Hel Pyre (basse, W.E.B., Afterblood) et Michaela Naydenova (batterie, Ember & Dust, ex-Gwendydd). Suite au départ de leur vocaliste en 2022, Prika occupe désormais la place de chanteuse, que l’on découvre en 2023 sur Jailbreak, leur cinquième album.
Endless Ambition, le premier titre, prouve à la fois la motivation mais également la puissance du groupe. Riffs solides et parties vocales furieuses se mêlent dans cette vague de fureur, laissant les leads tranchants sortie de la rythmique effrénée pour lui offrir un relief métallique avant que Suffocare n’enchaîne avec des sonorités brutes et accrocheuses. Le mix laisse également une basse épaisse ronfler en arrière-plan pendant que les harmoniques taillent littéralement leur chemin jusqu’à Ungrateful, un titre assez Old School mais motivant qui laisse le blast à l’honneur pour tenir une composition solide bourrée de leads explosifs. Le groupe nous autorise à souffler avec l’introduction mélodieuse de Seed Of Death, qui nous emporte dans sa mélancolie avant que les riffs ne se renforcent, créant un contraste intéressant qui se retrouve également sur ce refrain entêtant. Le groupe repart dans la violence pure avec Jailbreak, le titre éponyme, qui nous relance à vive allure tout en conservant une approche mélodieuse grâce à des guitares travaillées, puis Sacrifice vient proposer son ambiance plus sombre, compensée par une batterie toujours énergique. On note également une approche très orientée Heavy au niveau des leads, puis c’est vers le Death Mélodique que Behind The Wall se tourne pour proposer un son massif, rappelant sans mal une formation suédoise qui arpente également les routes depuis 1995. Le break lourd va sans doute causer quelques douleurs aux cervicales, entretenues également par Kill Or Die et ses riffs assez simples mais très efficaces, qui comptent sur des patterns fédérateurs. Le groupe fait appel à Gary Holt (Exodus, ex-Slayer) pour When The Truth Is A Lie qui se présente avec une intro inquiétante avant de placer une rythmique lourde, puis c’est Lena Scissorhands (Infected Rain, Death Dealer Union) qui rejoint les musiciennes pour poser sa voix sur Superstition Failed et ses doubles parties vocales ravageuses. Gates To The Fall suit avec des influences Death Metal efficaces qui permet aux guitares de placer également des parties perçantes pendant que la rythmique nous roule dessus, avant qu’Elements Of Sin ne prenne sa place pour déverser une fureur similaire qui ne manquera pas de faire remuer les nuques. Le groupe referme l’album avec Nail The Coffin, tout en rendant hommage à des racines Thrash presque joyeuses, ainsi qu’à des parties lead épiques.
Malgré l’accumulation d’obstacles, Nervosa a toujours su rebondir et s’adapter. Jailbreak, le résultat de leur nouveau lineup, intègre toujours plus d’influences différentes, passant sans mal par le Heavy ou le Death Metal lorsqu’il le faut, pour proposer un son accrocheur.
90/100
Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Nervosa et toi, sans utiliser les étiquettes musicales habituelles telles que « Metal » ou « Thrash » ?
Helena Kotina (guitare) : Bonjour, merci beaucoup de me recevoir ! Je suis Helena Kotina, guitariste de Nervosa, un groupe exclusivement féminin.
Comment associes-tu personnellement le nom Nervosa à l’identité musicale du groupe ?
Helena : Je pense que le nom s’accorde parfaitement avec le style et les chansons du groupe. Les deux sont très furieux, très nerveux et plein de puissance.
Le cinquième album du groupe, Jailbreak, est presque sorti, qu’en penses-tu ? Avez-vous déjà des retours ?
Helena : Je suis super contente et excitée par la sortie de Jailbreak. Enfin, nous pouvons montrer aux gens ce sur quoi nous avons travaillé l’année dernière et le moment est venu de jouer toutes ces chansons sur scène. C’était un moment que j’attendais patiemment et le fait de voir que beaucoup de gens, de magazines musicaux et de webzines en font de bonnes critiques est une grande récompense pour nous.
Comment résumeriez-vous l’identité de Jailbreak en trois mots ?
Helena : “In The Face” hahahaha, je plaisante, je dirais peut-être Thrash/Heavy Metal.
Comment s’est déroulé le processus de composition pour Jailbreak ? Est-ce facile de composer et de créer de la musique en tant que groupe international ?
Helena : Absolument, c’était plus facile que nous le pensions et plus facile que ça en a l’air. Jailbreak a été créé en trois parties. Au début, lorsque nous avions assez de matériel pour travailler, Prika est venue passer un mois en Grèce pour commencer à construire l’album. Je pense qu’à ce moment-là, nous avons réussi à terminer musicalement plus de la moitié de l’album. Lors de la deuxième phase, nous avons continué à composer et à ajouter des idées, et la troisième partie a été réalisée en studio, où nous avons terminé toutes les compositions, les enregistrements et les détails.
Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’accordent-elles avec la musique que vous avez créée ?
Helena : L’illustration a été réalisée par Alcides Burns du Brésil et nous avons préféré ne pas donner trop de directives parce que parfois l’artiste propose des choses auxquelles vous n’auriez jamais pensé. Nous lui avons donc simplement donné la chanson à écouter, nous lui avons expliqué les paroles et il est revenu avec un résultat incroyable. L’idée du crâne qui enlève le masque et les chaînes prend tout son sens avec le mot Jailbreak, car par ce mot, nous ne parlons pas d’une vraie prison, mais de la prison que nous nous construisons ou que les autres construisent pour nous, et de la fausse personne que nous devenons pour que les autres nous aiment.
Le groupe joue un Thrash Metal massif et énergique, mais j’ai aussi remarqué d’autres influences, comme un peu de Heavy Metal sur le morceau éponyme Jailbreak, principalement sur les parties de guitare. Comment gérez-vous l’injection d’influences pour que tout soit équilibré ?
Helena : Absolument, c’est quelque chose que nous voulions depuis le début. Nous voulions garder le style original de Nervosa mais aussi commencer à ajouter de nouveaux éléments et bien sûr, maintenant avec deux guitares, toutes ces choses comme les mélodies, les solos de guitares jumelées sont plus faciles à faire. Prika et moi sommes de grands fans de groupes de métal classiques comme Motörhead, Judas Priest, il était donc temps d’intégrer ces influences.
Vous avez deux invités sur l’album Jailbreak, le guitariste Gary Holt (Exodus, ex-Slayer) sur When the Truth Is a Lie, et la chanteuse Lena Scissorhands (Infected Rain, Death Dealer Union) sur Superstition Failed. Comment les avez-vous contactées, et comment leur avez-vous demandé de participer à ces chansons ?
Helena : Oui, dès le début, nous avions en tête d’avoir une participation pour les guitares et une pour le chant. Gary Holt a toujours été en tête de nos préoccupations et nous sommes de grandes fans de lui, donc nous lui avons envoyé un message et il nous a répondu très rapidement et de façon très positive. Entre deux tournées avec Exodus, il a livré un solo très caractéristique de lui-même et a fait en sorte que notre rêve devienne réalité. En ce qui concerne Lena, nous admirons vraiment le travail qu’elle fait avec Infected Rain et nous avons pensé que sa voix et son ton s’accorderaient vraiment avec ceux de Prika, et c’est ce qui s’est passé. Nous sommes très heureux du résultat !
Peut-être as-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
Helena : Hmm tu sais c’est impossible de choisir une seule chanson mais je peux te raconter une histoire. Quand nous étions en studio et que nous avions presque fini de tout composer, Nailed The Coffin était une chanson très intéressante pour moi mais j’étais plus fascinée par les autres chansons. Lorsque nous avons terminé tous les détails de cette chanson et que nous l’avons mixée, je peux te dire que j’ai été époustouflé.
Le groupe a récemment fait face à des changements de line up autour de la guitariste fondatrice Prika Amaral, comment le groupe a-t-il fait face au départ et à l’arrivée de ces musiciennes ?
Helena : Chacun prend ses propres décisions et nous avons été informés il y a plusieurs mois du départ des membres précédents. Prika a donc décidé de reprendre le chant principal et nous avons contacté la batteuse Michaela Naydenova pour qu’elle vienne composer et enregistrer la batterie et plus tard, avant les tournages des clips vidéo, Hel Pyre a également rejoint le groupe. Nous sommes très heureux de la façon dont les choses se passent maintenant parce que tout coule de source et aussi parce que nous avons déjà fait quelques tournées et festivals, nous nous sentons plus forts et connectés.
Qu’est-ce que ça fait d’être un « groupe de filles » dans le monde du Metal ?
Helena : Ça fait du bien. Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient il y a quelques années. Les musiciennes sont de plus en plus nombreuses, les groupes féminins sont également plus nombreux que par le passé et c’est une chose vraiment positive. La différence qui existait entre les hommes et les femmes dans la musique Metal a presque disparu.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir un concert de Nervosa avec le nouveau line-up, comment vous sentez-vous sur scène ?
Helena : Comme je l’ai déjà dit, nous sommes très heureux de la connexion que nous avons sur scène et en dehors. Nous nous sommes rencontrés et avons commencé à travailler ensemble en très peu de temps, mais nous avons réalisé que la connexion était très naturelle. Sur scène, je pense que nous avons appris l’une de l’autre, nous nous sentons en sécurité en jouant ensemble et nous y prenons de plus en plus de plaisir.
Vous avez joué dans quelques festivals européens cet été. Quel a été pour toi le meilleur souvenir de ces concerts ?
Helena : Oui, c’était un été vraiment fou avec beaucoup de festivals géniaux, mais je pense que je devrais mentionner le Wacken Open Air. C’était un jour vraiment spécial et aventureux pour nous car il y a eu beaucoup d’obstacles comme des annulations de vols, des retards, de mauvaises conditions météorologiques, mais à la fin nous avons réussi et au moment où nous sommes montés sur la scène de l’un des festivals les plus légendaires, notre deuxième single est sorti. C’était donc un double bonheur pour nous.
Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson ou peut-être plus.
Helena : Oh oui, absolument. Quand il s’agit de ce genre de choses, la liste est sans fin. Bien sûr, j’aimerais jouer avec tous mes héros, en particulier Scorpions et Judas Priest.
Si tu devais organiser un concert pour la sortie de Jailbreak, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je t’ai laissé créer une affiche avec Nervosa et trois autres groupes !
Helena : C’est une excellente question. Ok, je choisirais Scorpions, Judas Priest et Metallica. Je pense qu’ils sont plus que suffisants hahaha.