Troisième show en quatre jours, et quatrième de ma série à l’O’Sullivan Backstage by the Mills, c’est la douceur que nous célébrons ce soir (non) avec le retour de Krisiun, soutenus par Baest, Defacing God et Triagone ! Le Death Metal sous toutes ses formes est à l’honneur, et c’est une fois de plus à Garmonbozia Inc. que nous devons la soirée !
Avec une grosse minute d’avance, c’est Triagone, jeune formation Belge, qui s’avance sur une scène minuscule, du fait de la présence des deux batteries. On voit que le groupe n’a pas un seul instant à perdre, car Lou (guitare/chant), Lucas (guitare), Leo (basse/choeurs) et Lorenzo (batterie) déploient une rythmique aussi massive que complexe sous les hurlements de Lorena (chant), qui se démène pour haranguer une fosse assez timide. Un peu déstabilisés par le manque de place, le quintet va pourtant nous livrer une performance de haut niveau, qui obligera tout de même la vocaliste à reculer pour laisser le guitariste se décaler, permettant ainsi au bassiste d’accéder au micro, mais malgré leurs péripéties, le groupe remporte peu à peu le coeur d’une assemblée certes limitée, mais enthousiaste. Entre anglais et français, les deux vocalistes vont nous rappeler leurs origines, entre bière, chocolat et frites (c’est Lou qui l’a dit !), mais dès qu’il faut passer aux choses sérieuses, c’est soit en souriant, soit en restant concentré que les musiciens vont, à l’image de leur premier EP sorti il y a quelques mois, tout dévaster et mériter leurs applaudissements.
Changement d’ambiance pour l’arrivée des musiciens de Defacing God, qui n’auront pas plus de place sur scène pour déverser leur Black Metal Symphonique aux accents Gothiques, qui n’est pas sans rappeler une formation Grecque. Quoi qu’il en soit, la formation Danoise menée par Sandie The Lillith (chant) va rapidement proposer un premier titre à moitié instrumental, puisque le micro semble faire des siennes, mais Signar Petersen (guitare lead), Rasmus « Kalke » Munch Nielsen (basse), Christian Snapholt Nielsen (guitare) et Michael Olsson (batterie) tiennent une rythmique solide, agrémentée de passages relativement mélodieux. La vocaliste, dont la voix nous parvient enfin, ne cesse de haranguer une foule assez statique, remerciant et présentant les titres en grognant juste avant que l’ouragan d’harmoniques ne reprenne, laissant les musiciens headbanguer tout en jouant, ce qui causera probablement quelques frayeurs au bassiste, dont les cheveux se prendront une dizaine de fois (à la louche) dans son pied de micro. La vocaliste décidera (littéralement) de sauter le pas en entrant dans la foule pour le dernier morceau avant de remonter par le côté, et le show restera efficace, bien qu’il soit assez éloigné des autres groupes de la soirée !
On revient justement dans le Death Metal avec les Danois de Baest, qui semblent extrêmement heureux de revenir dans la capitale, malgré leurs déboires de l’an dernier. Et ils sont justement bien décidés à nous montrer enfin de quoi ils sont capables, à commencer par des riffs bien Old School et abrasifs qui auront tôt fait de délier les nuques des premiers rangs. Le frontman Simon Olsen (chant) ne manquera pas de nous inciter à headbanguer pendant que Svend Karlsson (guitare), Mattias Melchiorsen (basse) et Lasse Revsbech (guitare) sont déjà à l’oeuvre, sous les frappes de Sebastian Abildsten (batterie) qui grimace tout en tabassant ses fûts, ajoutant à la régularité de la rythmique de petites accélérations bienvenues. Tout au long du set, le vocaliste ne cessera de nous demander de remuer, se mosher ou de lancer un circle pit, mais il semble que le public parisien soit fatigué en ce jeudi soir, ou peut-être trop peu nombreux, qui sait… Il dédiera le nouveau titre du groupe aux deux fans danois venus les voir ce soir, puis la double pédale finira par céder sous la puissance du groupe. Simon comblera comme il le peut, nous expliquant leur marche au Sacré-Coeur, lieu selon lui emblématique, puis c’est avec l’aide de Lorenzo de Triagone que le problème est endigué, laissant la rage brute reprendre jusqu’au dernier titre, qui lancera enfin un petit pit, alors que le chanteur retirera son t-shirt pour hurler à nouveau, récoltant finalement des acclamations plus que méritées, ainsi que le premier stage-diver de la soirée !
La scène est enfin dépouillée pour permettre l’entrée en scène de Krisiun. Après avoir vérifié son instrument, Max Kolesne (batterie) reste simplement assis sur son tabouret, rejoignant le sample d’intro où ses frères Alex Camargo (basse/chant) et Moyses Kolesne (guitare) le rejoignent, sans le moindre artifice. En tant que photographe, et sans pit photo, je le sais : un concert de Krisiun, c’est un concert où il faut choisir son côté. C’est donc celui d’Alex que je choisis aujourd’hui, et il n’aura pas fallu plus de trente secondes à la fosse pour me donner raison en moshant de la manière la plus désordonnée possible, poussant littéralement le premier rang sur la scène. Si du côté des musiciens, tout est aussi carré que brutal, la fosse sera de plus en plus explosive, recrachant devant le regard amusé du bassiste, des slammeurs à la pelle (qui renverseront par ailleurs un verre, nécessitant l’intervention d’un technicien). On reconnait quelques fans hardcore du groupe, qui n’hésitent pas à venir tenir le rythme avec le batteur ou headbanguant avec les trois frères avant de repartir, mais également des visages inconnus, rapidement relancés dans une assemblée qui les expédie avec toute la douceur du monde vers l’arrière. Entre deux titres de la setlist, qui bien que disposée au sol n’est absolument pas respectée, le vocaliste nous remercie de notre présence. “Much respect for sticking with us for forty years!” lâche t il en se frappant le torse, et reprenant à peine son souffle avant d’enchaîner avec le titre suivant qui sera d’une efficacité incroyable, peu importe l’album dont il est issu. “Paris has always been special for this one” avoue-t -il avant que Blood of Lions ne vienne à nouveau abattre son groove brutal sur la capitale. Une reprise de Motörhead et quelques titres plus tard, les trois brésiliens nous remercient une ultime fois avant de quitter la scène sous les acclamations.
La salle se vide sans mal, et les métros absorbent les spectateurs, désireux de se reposer pour une dernière journée de travail avant le week-end. Pour ce qui est de la musique, que ce soit la technicité de Triagone, la noirceur de Defacing God, le groove accrocheur de Baest ou l’efficacité légendaire de Krisiun, tout le monde en a eu pour son argent ! Merci encore à Garmonbozia Inc. pour l’organisation, et à Oktober Promotion pour l’accréditation photo ! Moi, je vais (enfin) dormir !