L’année 2023 touche bientôt à sa fin, et c’est avec l’un de mes premiers émois musicaux que je rejoins la fin de la saison des concerts : les autrichiens de Belphegor, qui reviennent hanter l’Europe. A leurs côtés, les russes d’Arkona, les allemands d’Atrocity et les hongrois de Monastery. Lieu du blasphème ? L’indétrônable Petit Bain, qui est une fois de plus entre les mains du Roi Lézard Garmonbozia Inc., dont c’est la dernière date de l’année ! Dès l’ouverture, les premiers rangs sont littéralement pris d’assaut, et rapidement blindés.
Mention spéciale à l’ingénieur lumière, qui a décidé de nous détester ce soir, et en l’honneur de qui j’appellerai ce show “les silhouettes”.
A l’heure dite, ce sont les cinq hongrois de Monastery qui prennent place sur scène pour jouer un Death Metal énergique et teinté d’influences… Nu Metal. Si sur le papier, le mélange peut surprendre, il restera assez efficace en live, capturant rapidement l’attention d’une fosse qui se remplit peu à peu, et qui demeurera assez statique. Au centre, Roland Kovács (chant) harangue comme il peut, headbanguant et hurlant dans son micro pendant que ses camarades remuent également le crâne, limités dans leurs mouvements par la présence de deux batteries, et on constate au fil des morceaux que les nuques commencent à se délier, provoquant de timides acclamations entre les morceaux. Malheureusement, alors que la mayonnaise commençait à prendre, le groupe est contraint de quitter la scène, accompagnés par quelques applaudissements.
Setlist: River of the Fallen – Bolt Thrower – Faceless Nothing – Pulled into Stake – Dreadful Thing – Bleed – Divine Damnation
Le pied de micro d’Atrocity est installé, et la fosse continue à arriver. Dès que les lumières s’éteignent, le groupe (sans son bassiste, visiblement) prend place et commence à distiller son Death Old School qui fait immédiatement mouche, et qui va provoquer quelques headbangs frénétiques dans la salle plongée dans l’obscurité. Alexander Krull (chant) ne manquera pas de nous remercier de notre présence, quatre ans après leur dernière performance française, et nous proposera même un petit cours d’allemand pour nous dire à quel point nous sommes merveilleux. Mais lorsque le show reprend, toujours sans façades, l’homme se métamorphose en véritable bête sauvage qui tient le public dans sa poigne de fer, avec laquelle il s’accroche à son pied de micro en rugissant, pendant que les musiciens tiennent une rythmique impeccable et souvent bardée de solos devant une foule assez excitée. Bien que faisant honneur à Okkult III, dernier-né des quatre gaillards, la setlist reste assez diversifiée, nous montrant toutes les facettes du Death Metal du groupe, qui sera bien évidemment applaudi pour ses huit titres puissants.
Setlist : Desecration of God – Death by Metal – Fire Ignites – Fatal Step – Necropolis – Bleeding for Blasphemy – Shadowtaker – Reich of Phenomena
Changement d’ambiance avec l’arrivée d’Arkona, qui entrent sur une introduction aux sonorités Folk assez douces. On constatera l’absence de l’un des musiciens, qui a visiblement gardé la lumière avec lui, puisque ce ne sont que des silhouettes que nous observerons ce soir, jouant une rythmique solide pendant que Masha « Scream » (chant) hurle en se cramponnant et en jouant avec son pied de micro. La fosse ne perdra pas de temps pour se mettre à remuer de manière plus ou moins organisée, rendant toute la zone impraticable pour quiconque tient à rentrer sans blessure de guerre. Côté setlist, le groupe met bien évidemment l’accent sur Kob’, son dernier album sorti cet été, et il semble visiblement enchanter les fans du groupe, qui ne manquent pas de le faire savoir en acclamant les musiciens entre chaque morceau. Au final, c’est presque une heure qui s’écoule de manière assez fluide, entre parties accrocheuses, riffs imposants, samples majestueux et la vocaliste qui n’hésite pas à haranguer son public, qui le lui rendra bien.
Setlist : Kob’ – Ydi – Ugasaya – Mor – Razryvaya plot’ ot bezyskhodnosti bytiya – Goi, rode, goi! – Zakliatie
Le décorum morbide de Belphegor fait d’os d’animaux est installé, et l’odeur d’encens envahit la pièce. On remarque peu à peu que la fumée drape littéralement la scène, rendant son observation… impossible. La très longue introduction passée, on distingue à peine les ombres des musiciens qui font leur entrée, suivie par les acclamations, puis par les riffs massifs et intransigeants. Si côté son, le show est absolument parfait, mené par un Helmuth (chant/guitare) en grande forme épaulé par ses compagnons d’armes dont les cris malsains de Julian David Guillen (basse/chant) – remplaçant live de Serpenth, absent pour raisons personnelles – qui complètent à merveille les vociférations infernales du frontman, l’épais rideau tantôt rouge, tantôt bleu, rend le show… froid et automatique. Je me souviens du regard possédé du vocaliste au Hellfest, que je ne peux cette fois qu’imaginer lors des solos tranchants, ou des séances de headbang intenses de Wolfgang “Wolf” Rothbauer (guitare) pendant les rythmiques effrénées. Ne parlons même pas du batteur, Krzysztof Klingbein, dont la puissance et la technique admirable ne sont également qu’audibles et pas observables, et je me suis parfois surpris à fermer les yeux, cachant la fosse qui ne cesse de remuer, pour profiter de la déferlante offerte par le groupe. A son habitude, le groupe enchaîne les morceaux pendant une heure, nous piétinant sans relâche avant de conclure le show d’un “Thank you, merci” applaudi comme il se doit.
Setlist : The Procession – Baphomet – The Devil’s Son – Sanctus Diaboli Confidimus – Belphegor – Hell’s Ambassador – Conjuring the Dead / Pactum in Aeternum – Lucifer Incestus – Virtus Asinaria – Prayer – The Devils – Der Lichtbringer – Totentanz – Dance Macabre
Je ressors de ce show avec un avis mitigé. Certes, Belphegor, Arkona, Atrocity et Monastery ont tous les quatre offert un show puissant à leur manière, mais visuellement c’est allé de mal en pis. Même au fond de la salle, la brume odorante ne permettait pas d’apprécier la performance à sa juste valeur. Quoi qu’il en soit, je remercie les artistes et surtout Garmonbozia Inc. pour cette date ancrée dans la noirceur et la violence ! A l’année prochaine !