La trilogie Leviathan s’achève pour Therion.
Débutée en 2021 par le mythique groupe suédois composé de Christofer Johnsson (guitare/claviers, Luciferian Light Orchestra, ex-Carbonized, ex-Messiah), Sami Karppinen (batterie, Curse), Nalle “Grizzly” Påhlsson (basse, The Experiment No.Q, Vindictiv), Thomas Vikström (chant tenor, ex-Candlemass), Christian Vidal (guitare) et Lori Lewis (chant soprano), elle prend fin en 2023 avec Leviathan III, qui sort chez Napalm Records.
On retrouve également sur cet album la voix de Mats Levén (Krux, Vandenberg, ex-Candlemass…) ainsi que la batterie de Snowy Shaw (ex-Mercyful Fate, ex-Notre Dame, ex-Dream Evil…)
L’album débute sur les chapeaux de roues avec l’énergique Ninkigal, où hurlements et choeurs majestueux se mêlent rapidement, suivis par des parties plus mélodieuses et calmes, qui laissent la vocaliste œuvrer entre quelques influences Heavy. Le chant saturé réapparaîtra avant le final, qui laisse place à Ruler Of Tamag et à ses sonorités douces, entrecoupées de passages solides et accrocheurs ainsi que par des orchestrations entêtantes qui finiront par prendre le contrôle du morceau. Le groupe adopte des accents plus enjoué sur An Unsung Lament, un titre assez long mais très accessible qui mélange sa base majestueuse avec des patterns tout d’abord très Pop qui finiront par ralentir et s’assombrir, laissant les différentes voix s’entremêler. Les tonalités mystérieuses referont surface sur Maleficium, une composition aux sonorités complexes mais parfaitement maîtrisées, que ce soit la rythmique Old School, les claviers ou les différentes voix qui se complètent, mais le titre est assez court, et il laissera Ayahuasca prendre la suite, invitant Piotr Wawrzeniuk, ancien batteur/chanteur du groupe, à rejoindre les vocalistes. Le morceau passera par plusieurs phases plus ou moins motivantes avant d’atteindre un final planant et majestueux où la basse dépose ses mélodies avant de laisser place à Baccanale et à ses guitares agressives, complétées par un jeu de batterie énergique complété par des voix majoritairement lancinantes, créant un contraste que les choeurs parviennent à lier naturellement. Midsommarblot prend rapidement la suite, ajoutant sa dose de riffs accrocheurs sous les différentes couches de voix qui se relaient, laissant tout de même une large place aux leads. What Was Lost Shall Be Lost No More va à nouveau renouer avec des sons inquiétants qui portent la composition à travers les parties douces où la chanteuse mène la danse, mais également aux passages plus intenses dirigés par son homologue masculin, alors que c’est une guitare sèche qui apparaît pour présenter Duende, offrant un interlude de Flamenco avant de laisser une saturation saccadée refaire surface. Le titre conserve cette approche festive greffée aux instruments ainsi qu’aux parties vocales en espagnol, puis Nummo accélère le pas en plaçant blast et riffs complexes pour un peu plus de deux minutes de folie. L’album touche à sa fin avec Twilight Of The Gods, qui fait à nouveau revivre les éléments sombres et glauques du groupe qui prennent une toute autre ampleur lors des interventions théâtrales des vocalistes, mais qui collent toutefois aussi bien à des petits sursauts d’énergie avant un final imposant.
Therion a vu grand avec sa trilogie, mais c’est définitivement un succès. Leviathan III permet de mettre un terme à ce projet titanesque tout en proposant des compositions plus diversifiées qui n’hésitent pas à dévoiler des influences surprenantes.
90/100
Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup pour votre temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Therion et toi, sans utiliser les étiquettes musicales habituelles ?
Christofer Johnsson (guitare) : J’ai formé le groupe en 1987, alors que j’avais 15 ans et que je jouais de mon instrument depuis seulement trois mois. C’était mon premier groupe. Depuis ce jour et jusqu’à aujourd’hui, il a été mon vaisseau pour réaliser mes rêves musicaux.
Comment associes-tu personnellement le nom Therion à l’identité musicale du groupe ?
Christofer : C’est juste un nom. J’étais un fan inconditionnel de Celtic Frost et j’ai pris le nom de leur album To Mega Therion quand nous avons changé le nom de Blitzkrieg en Therion en 1988. Je pense que cela avait vraiment du sens à l’époque où CF était notre principale influence.
Le nouvel album du groupe, Leviathan III, est presque sorti. Qu’en penses-tu ? Quels sont les retours ?
Christofer : Je suis surtout soulagé. Ça a été un sacré méga projet de faire ces 3 albums l’un après l’autre en 3 ans. Nous avons écrit et fait des démos de plus de 40 titres et enregistré 39 titres. C’est difficile d’avoir des retours sur un album qui n’est pas encore sorti, tu ne crois pas ?
Comment résumerais-tu l’identité de Leviathan III en seulement trois mots ?
Christofer : Expérimental, aventureux et sûr.
Comment s’est déroulé le processus de création de Leviathan III ? Avez-vous remarqué des changements par rapport aux albums précédents, et surtout par rapport aux albums précédents de la trilogie ?
Christofer : Toutes les chansons de la trilogie ont été enregistrées au cours des mêmes sessions d’écriture, et la batterie, la basse et les guitares ont également été enregistrées ensemble. Il s’agit donc essentiellement d’un triple album que nous avons décidé de sortir sous forme de disques séparés avec un peu de temps entre eux.
Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’accordent-elles avec la musique que vous avez créée ?
Christofer : Il est difficile de faire une pochette pour trois albums portant le même nom sans qu’ils se ressemblent trop. Donc pour le troisième, nous avons décidé d’utiliser le symbole appelé la croix de Leviathan, pour s’éloigner des bêtes et des eaux. Je ne pense pas que la pochette doive correspondre à la musique, c’est juste une enveloppe autour d’elle. D’habitude, on se concentre davantage sur la correspondance avec le titre.
Le travail de Therion a toujours été imprégné de mysticisme et d’éléments magiques, comment trouvez-vous le bon équilibre pour les inclure dans votre base musicale ?
Christofer : Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire. « Le bon équilibre ? Nous écrivons simplement des paroles sur des sujets qui m’intéressent personnellement. Je n’ai aucune idée de ce que serait le bon équilibre et je m’en fiche.
Personnellement, je pense que cet album est le plus diversifié des trois albums de Leviathan. Penses-tu la même chose ?
Christofer : C’était l’intention. Prendre le matériel le plus aventureux et expérimental pour le troisième album et les chansons à succès les plus évidentes pour les deux premiers.
Leviathan III est le dernier album de la trilogie Leviathan, comment ressentez-vous la fin de ce chapitre de Therion ?
Christofer : Comme je l’ai dit, je suis soulagé. Ça a été un sacré travail.
As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
Christofer : Je pense que c’est An Unsung Lament. La plus difficile a été Twilight of the Gods. J’ai travaillé sur les détails jusqu’à la dernière minute avant de l’enregistrer. Les chansons les plus simples sont parfois les plus difficiles à réaliser. Chaque détail est tellement présent dans votre visage.
Où trouves-tu l’inspiration pour créer de la musique ?
Christofer : Il y en a trop pour les citer, mais elles ont toutes en commun d’avoir été créées dans les années 1960-80.
Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien et compositeur avec ce nouvel album ?
Christofer : En tant que musicien, non. En tant qu’auteur-compositeur, les sessions d’écriture de la trilogie Leviathan m’ont définitivement poussé à m’améliorer.
J’ai eu l’occasion de voir Therion sur scène au Hellfest 2022, qu’est-ce qui te vient à l’esprit à propos de ce concert ? Aimes-tu jouer dans des festivals ou préférez-vous les petites salles ?
Christofer : Ce concert était complètement nul pour moi, car j’avais des pertes dans mes écouteurs tout le temps et je n’entendais presque rien de ce que moi ou les autres gars jouions. C’est à cause des smartphones et de leur wifi qui interfèrent. Après ce concert, j’ai acheté un système de 6500 euros pour des écouteurs intra-auriculaires, c’était ça ou arrêter les tournées. Je préfère les concerts en tête d’affiche avec des soundchecks appropriés. Mais les festivals sont amusants aussi, parce que vous êtes exposé à beaucoup de gens qui ne sont pas des fans et vous avez la chance d’en conquérir quelques-uns. Il n’est pas aussi facile d’obtenir une bonne réponse dans un festival et j’ai toujours aimé les défis.
Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Christofer : J’adorerais que Brian Johnsson d’AC/DC chante sur une chanson Rock’n’Roll que j’aurais écrite. Mais je pense que les chances sont minces.
Si tu devais organiser un concert pour la sortie de Leviathan III, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je t’ai laissé créer une affiche avec Therion et trois autres groupes !
Christofer : Un festival avec Voivod + Accept réunis avec Udo, Judas Priest, Iron Maiden et AC/DC. Tous jouant après Therion bien sûr, pour que je puisse boire un verre en les regardant.
Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de Therion ?
Christofer : Mezze ou un buffet. Ce n’est pas un plat, c’est une variété de plats servis en une seule fois.
C’était ma dernière question, alors merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Christofer : Merci. On se voit en tournée, j’espère.