Regardez Shaârghot émerger de l’ombre à nouveau.
Créé à Paris en 2011, le groupe ne fait pas que jouer de la musique. Il a fait germer un véritable univers, au sein duquel Le Shaârghot (chant), O. Hurt//U (batterie), Brun’O Klose (guitare/choeurs), Clem-X (basse/choeurs), Scarskin (percussions) et B-28 (claviers) font évoluer la ruche en fédérant les “shadows”, fans du groupe. La fin de l’année 2023 marque la sortie de Volume III – Let me Out, leur troisième album.
L’album s’ouvre avec The One Who Brings Chaos, une introduction inquiétante qui nous replonge immédiatement dans l’univers post-apocalyptique du groupe, apportant quelques éléments cybernétiques, voire même Noise avant de rencontrer un rythme accrocheur sur Let me Out et ses riffs énergiques. La voix reste parfois en retrait, créant une sorte de noirceur brumeuse aux passages les plus calmes avant de guider à nouveau la charge qui nous mène à Red Light District, une composition moins rapide mais plus lourde où les influences Old School sont majoritaires. Les claviers apportent leur touche mi-étrange, mi-dansante avant de laisser la rythmique renouer avec la rage sur Life and Choices, un titre groovy et entêtant qui ne manquera pas de motiver les shadows à se rentrer dedans en live, entre deux rires macabres. Les racines les plus agressives se ressentent dans la voix, tout comme sur Jump qui alterne entre ambiance oppressante et beat frénétique dansant dont les fans sont plus que friands pour se déchaîner. Le sample introductif de Great Eye nous permet de souffler un peu avant de rejoindre la rythmique fédératrice que le groupe recouvre parfois d’une touche de saturation, laissant le vocaliste hurler par-dessus, accompagné par les chœurs. Si vous voulez en découdre, laissez Cut/Cut/Cut vous posséder avant de suivre l’embrasement sur le refrain de ce morceau également dédié à la scène, puis profitez de l’introduction sombre de Love and Drama for Great Audience vous envelopper pour enfin planer avec ce mélange glacial d’influences Goth planantes et aériennes bourrées d’effets majestueux. Ghost in the Walls reste dans cette ambiance lugubre et brumeuse tout en proposant un moment de répit, que le groupe viendra annihiler avec la bien nommée Chaos Area, dont les riffs saccadés auront tôt fait de nous réveiller grâce à une rythmique infernale qui ne nous laisse de répit qu’entre les vagues de fureur. Le titre s’éteindra peu à peu avant de laisser Sick prendre le relai avec des racines toujours plus efficaces et motivantes entrecoupées des éléments EBM et des voix étranges, puis Are you Ready nous autorise un court instant de douceur avant de nous démontrer à quel point son nom est parfait, que ce soit sur un dancefloor ou dans un pit en folie. Après la déferlante de bonne humeur, le groupe viendra conclure son album par Something in my Head, où les plus assidus reconnaîtrons des influences Suédoises, assurant une nouvelle fois le parfait mélange entre froideur aérienne et passages plus motivants.
J’ai d’abord découvert l’univers de Shaârghot en live, et il est incontestable que le groupe maîtrise cet environnement. Mais en écoutant les albums, on ne peut que constater que les shadows sont également très méticuleux, offrant avec Volume III – Let me Out une véritable claque d’Industrial aux multiples influences.
90/100
Quelques questions à Etienne “Le Shaârghot” Bianchi, créateur et vocaliste du groupe Shaârghot. Interview menée par Raven, avec quelques interventions de Deathliger.
Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe Shaârghot sans utiliser les habituelles étiquettes des styles musicaux ?
Etienne “Le Shaârghot” Bianchi (chant) : Alors c’est très simple, j’en ai aucune idée (rires). Je ne sais absolument pas du tout ce que je fais. Je sais que c’est affilié au Metal Indus , c’est certain, mais on va dire que c’est de l’Electro avec des gros riffs de guitare. Mais j’ai pas d’étiquette à donner parce qu’en fait je ne sais pas vraiment d’un morceau à un autre je vais m’inspirer de plein de choses. Un coup je vais foutre un peu de Psytrance, un coup un petit peu de Techno, un coup un peu d’EBM, d’Aggrotech, d’EBSM mais il n’y a pas un morceau qui se ressemble, donc je ne peux pas vraiment dire “ouais, c’est ça qu’on fait”. Je fais les choses pour m’amuser, donc on va dire de l’Electro avec du Metal. Mais appelez ça comme vous voulez.
Je crois qu’on va appeler ça Shaârghot, ce qui nous conduit à la question suivante, comment as-tu créé l’univers de Shaârghot à l’époque ? Comment relies-tu le nom Shaârghot à ta musique, et que signifie-t-il ?
Etienne : Shaârghot alors comment j’ai créé ça… Déjà parce que je m’ennuyais beaucoup, on ne va pas se mentir. Ensuite je suis un geek, hein! Je suis un gros geek, j’adore tout ce qui va être univers science-fiction, jeux vidéo, cyberpunk post-apo… Je vais passer sur toutes les grosses références Blade Runner, Mad Max et tout ça. Je suis pétri d’univers Warhammer 40K depuis que je suis gosse, voilà tout ça a fait que j’ai fini par monter mon propre petit monde, et qu’à la base, je me suis dit “on va faire un un projet à la Combichrist avec des grosses guitares”. Mais j’étais même pas supposé chanter à la base dedans, je devais juste faire de la batterie. Sauf qu’à force de composer, je me dis: “putain mais j’entends la voix d’un connard là-dessus mais qui est-ce que je vais pouvoir embaucher pour raconter des conneries sur l’univers que j’écris alors qu’il y connaît rien ?” et j’ai cherché quelques minutes. Je me suis dit: “attends, je pense que je connais ce connard Oh merde, c’est moi” ! Du coup j’ai commencé à écrire et à beugler alors que je ne savais pas beugler ni même écrire en anglais d’ailleurs. Mais bon aujourd’hui on en est là, hein? Et les sonorités sont vachement reliées à l’univers. J’essaie de faire des choses de plus en plus cinématographiques. Je pense que ça se voit un peu plus dans ce dernier album où j’ai pris le temps vraiment de développer une ambiance proche des BO, des jeux vidéo et de certains films. Et encore, à mon sens, j’aurais bien aimé le faire un peu plus, mais je manquais un peu de temps. J’espère que je pourrai développer ce truc là davantage lors de la sortie du compendium vu que le compendium devrait être accompagné normalement de musique pour la lecture et également pour le jeu. Parce qu’en fait, le compendium va aussi être décliné en jeu de rôle papier. Je vous ai dit que je m’ennuyais beaucoup.
Moi j’aimerais bien pouvoir m’ennuyer autant ! Et donc je continue ma question, ça signifie quoi Shaârghot ?
Etienne : Ah oui, pardon, c’est vrai, ça signifie celui qui apporte le chaos. Si tu me demandes d’où est-ce que ça vient, en fait, ça vient de Warhammer Battle et des runes de l’univers chaotique où j’ai fait un assemblement de runes qui sonnait plutôt pas trop mal mais dont j’ai légèrement changé un petit peu la la sonorité pour donner ça parce que ça sonnait mieux. Et si vous voulez une petite anecdote qui n’a absolument rien à voir “Shaârghot” en phonétique, ça signifie en hébreu les portes de Dieu. Voilà, ça n’a absolument rien à voir, hein.
Mais bon, je crois qu’avec un dieu comme ça, je préfère encore le diable !
Etienne: Je n’ai pas dit quel Dieu c’était.
C’est pas faux ! Volume III – Let me Out, votre troisième album, vient de sortir, comment te sens-tu ? Comment sont les retours à son sujet ?
Etienne : Déplorables. Je pense qu’on va arrêter notre carrière. C’est un échec total (rires). On vous avait prévenu qu’en fait je racontais que des conneries non ? Bah écoute jusqu’à présent les retours sont plutôt bons. Je te vois en train de craquer. Courage, courage c’est combien de temps l’interview? Vingt minutes ? Trente minutes mais c’est déjà mais c’est déjà beaucoup trop long. Si elle convulse dans un coin tu prends le relais, on est d’accord ?
Oui j’avais prévenu, je sens que je vais finir en PLS.
Etienne : Pas de souci, pour l’instant les retours sont sont vraiment très bons. On est ravis. On avait déjà eu quelques retours parce qu’on a déjà commencé à jouer certains nouveaux morceaux avant même le début de la sortie des des singles. Les retours publics étaient vachement encourageant et la sortie de l’album n’a fait que confirmer les retours des gens qui l’ont vu en live, donc on est satisfait et je pense qu’on a eu raison de changer d’équipe de postproduction. Donc là on est on est parti sur une toute nouvelle équipe et je pense que ça se sent.
Comment résumerais-tu Volume III – Let me Out en trois mots ? Si tu dis “let me out” je me barre !
Etienne : (rires) J’aime les dindons, ça fait trois mots, mais c’est pas les mots que tu adorais et que tu voulais donc.
Ça en fait quatre.
Etienne : Ah oui mais bon j’ai tenté ! Putain comment est-ce que je peux résumer un album entier qui a mis presque deux ans et demi à accoucher en trois mots quoi quand même. Vous êtes taquins les gars, vous êtes taquins ! Un gros parpaing. Voilà, ça fait trois mots.
C’est acceptable…!
Etienne : A question intelligente, réponse intelligente. Et puis là, je crois que t’as quand même choisi un gros prix Nobel pour te répondre.
Volume III – Let me Out sort quatre ans après le deuxième album, comment s’est passé sa composition ? Est-ce que tu as remarqué des changements, ou des évolutions dans ton processus de création ? Et pourquoi ce délai ?
Etienne : Alors déjà je vais répondre à la dernière, “pourquoi ce délai”, parce que déjà un le covid voilà. Parce que bon ben on s’est retrouvé avec pas grand chose à foutre pendant presque deux ans et que nous le coeur de notre activité reste quand même le live et que ben on a vu en fait ce temps de pause comme une opportunité. Bah c’était justement l’occasion de faire des trucs qu’on n’a jamais eu le temps de faire comme le compendium ou le court métrage Black Wave qui je pense n’aurait jamais pu être fait sans le covid en fait parce qu’on s’est retrouvé avec beaucoup de temps, beaucoup de gens n’avaient rien à foutre et en fait s’emmerdaient vraiment.
Beaucoup trop d’ennui.
Etienne : Voilà beaucoup trop d’ennui. Encore une fois tu vois le, l’ennui est le leitmotiv de Shaârghot, y a pas à dire. Je savais qu’on était un groupe chiant, mais quand même. Et du coup il y a plein de mecs qui se sont dit “ben vas-y, je me fais chier, je veux participer au truc”. On a été un très très gros paquet à participer à ce court métrage. Et grâce à toutes ces personnes, on a pu accoucher d’un truc d’une vingtaine de minutes. Maintenant malheureusement ce n’est plus possible parce que la vie a repris son cours et que tout le monde a du taf. Mais c’est pas exclu que d’ici quelques années on se repenche sur le sujet. Après pour ce qui est de l’album en lui-même j’ai recommencé à le composer lorsqu’on a repris les dates, au final c’est le live qui m’inspire plus qu’autre chose et Shaârghot c’est une musique de live, c’est fait pour le live et pour se taper la tête contre les murs, généralement les deux vont plutôt bien ensemble. Ne crache pas ta bière, ça va bien se passer. Mais pour ce qui est de la composition, en fait, je n’ai pas une façon de faire. Une fois que j’ai fait un truc d’une certaine façon, je change parce que sinon je m’emmerde. Il y a eu plein de façons différentes de faire les morceaux, la plupart du temps, je pars d’un gimmick Electro, je briefe autour, je fais des trucs autour et après j’envoie ça aux gars en mode “Tiens j’en suis là, on va faire un petit jeu de ping-pong, renvoyez-moi des idées, si vous avez des trucs faites le moi savoir”. Des fois je dis: “Bah ouais, carrément c’est chouette” ou “non, c’est complètement à côté de la plaque, c’est pas ce qu’il faut, on passe à autre chose”. Et il y a deux trois fois où je me suis mis des petits challenges comme pour le morceau Red Light District où je fais ben tiens, normalement c’est moi qui ai les gimmick et je fais à Paul : “fais-moi, un gimmick guitare façon Cyberpunk 2077”. Vu qu’on a tous un peu bien poncé le jeu, on se dit: “on est un peu en ambiance, fais moi quelque chose comme ça”. Dès que j’entends un qui sonne bien, je fais: “ok, tu m’envoies ça, je pars”. Je compose le reste et puis on se refait deux trois coups de ping-pong derrière et puis on compose. Il y a quand même une certaine envie de sortir de ma zone de confort parce que composer du Shaârghot, je sais faire et en fait j’ai besoin de personne pour ça. Mais si je continue à faire ça, je vais me faire chier, je vais royalement me faire chier donc en fait j’ai aussi besoin des autres pour m’apporter de la nouveauté, pour m’apporter des trucs auxquels je n’avais pas du tout pensé. Et encore une fois pour sortir de ma zone de confort
C’est logique. Je continue la question, est-ce que tu as remarqué des changements, des évolutions dans le processus de création ?
Etienne : Dans le processus de création, c’est ce que je te disais en fait, ça a changé à chaque fois. Donc par rapport aux autres albums, ça n’a rien à voir non plus. Je change tout le temps, j’ai rien de plus à ajouter que ça. Après oui, il y a eu la venue de Paul qui est le nouveau guitariste, percussionniste, machiniste, qui a composé avec moi plus de la moitié des morceaux. On a eu l’ajout d’Arco Trauma mais qui lui est arrivé après la composition. Lui était déjà dans l’équipe de postproduction. Arco qui du coup est, si vous ne le connaissez pas, le claviériste actuel des Tambours du Bronx, le mec qui fait Sonic Area ou Chrysalide, qui est un petit peu un génie fou de la machine et qui a tendance à partir absolument dans tous les sens, ce qui est à la fois une force et un petit peu un problème. Du coup, Arco on lui a demandé de se consacrer deux à trois jours maximum par morceau, de faire plein de propositions, trop de propositions même, quitte à vraiment partir dans toutes les directions possibles et qu’on n’en retienne que quelques-unes. Mais à chaque fois, sur tous les morceaux, on a gardé des choses et on s’est dit c’est top, c’est carrément top. Il nous faut ça parce que ça fait un petit step en plus sur le morceau. Et là, on n’est plus dans la création mais dans la post-production, on s’est alloué les services de Thibault Chaumont, qui est l’ingénieur du son de Carpenter Brut, qui a fait les mastering de Perturbator, Igorrr, Ulver, Horskh et Sierra aussi, entre autres. On a bossé en étroite collaboration avec lui pendant plusieurs mois. Il était là aussi au moment de l’enregistrement de l’album. Autre chose que j’ai failli oublier : c’est la première fois où on a enregistré tous ensemble dans la même pièce. Habituellement on enregistre tous chacun de notre côté. On avait fait ça un petit peu quand on a eu le temps. Et là, pour la première fois, on a rebossé les maquettes en amont, tous ensemble en faisant des répètes. Et on s’est enfermé pendant une grosse semaine dans un studio d’enregistrement pour bosser et enregistrer d’une traite pour avoir ce côté live parce que Shaârghot c’est un groupe de live et on voulait retranscrire en fait ce côté live en fait plutôt que le côté trop froid, trop clinique, trop machine, qu’on avait un peu dans les deux autres albums qui sont cool en soi, mais qui n’ont pas du coup cette espèce de saveur qu’on a quand on voulait en fait reproduire la même synergie que pour le live dans cet album là. Surtout ça. Tu vois je dis pas que des conneries (rires).
J’ai remarqué pas mal d’influences Nu Metal dans ce nouvel album, comme sur les passages les plus virulents de Life and Choices par exemple. Quelles ont été tes influences pour cet album ?
Etienne : Je suppose qu’à mon avis, si tu reconnais pas les influences de Korn et de Slipknot, c’est que t’es né probablement après le début des années 2000. Donc oui, elles sont évidentes et elles sont plaquées au visage, hein? Il y a évidemment un gros côté Mike Gordon sur ce morceau et en fait d’un morceau à un autre, j’aime bien faire “Ok, ça, on l’a fait très bien, passons à autre chose qui n’a rien à voir. On va prendre d’autres influences.” Le Korn, Slipknot c’est fait, maintenant je ne veux plus en entendre parler, on fait autre chose. Encore une fois, l’idée c’est: “J’ai fait un truc, si je fais toujours la même chose, je vais m’emmerder, donc next”. Mais oui, évidemment, il y a, il y a des influences Neo Metal, je ne me le cache pas, j’ai grandi avec ça au collège. Chacun ses goûts, disait un moine en pissant dans sa soupe. Je ne renie jamais ce que j’ai écouté à une certaine époque. Je continue toujours à écouter ce que j’écoutais avant, mais je continue à écouter de plus en plus de choses.
Comment est-ce que vous arrivez à atteindre l’équilibre entre les riffs énergiques, les éléments Industrial froids et les parties plus dansantes ?
Etienne : Ça, j’ai envie de te dire, c’est purement instinctif, hein, c’est pas spécialement réfléchi, c’est pour moi ça s’impose en fait. Là, tu me poses un peu une colle parce que pour moi, je l’entends en fait le truc avant même de l’avoir composé. En fait, le morceau je l’ai déjà en tête. Je sais à peu près à quel moment telle ou telle chose doit intervenir. Donc c’est c’est compliqué un morceau comme Let Me Out, je ne peux pas t’expliquer comment je l’ai fait. Je me suis réveillé un matin, j’avais le morceau en tête et je me suis précipité sur mon ordinateur. En trois heures, le morceau a été fait. Ca n’arrive pas toujours comme ça, je vous rassure, il y a plein de processus différents, mais souvent, j’ai une vision globale du morceau avant même d’avoir commencé à écrire une seule note. Je sais ce que doivent faire les guitares, les basses, à quel moment elles doivent intervenir, à quel moment le chant doit intervenir, quel type de partie Electro doit avoir. Après évidemment, il y a toujours des surprises. Il y a des choses parfois que je ne prévois pas, des fois même des bugs qui arrivent et en fait qui peuvent changer ma vision du morceau. Comme dans le deuxième album, c’était arrivé sur No Die, On avait commencé à écrire l’intro avec Clémence, et on a rouvert la session deux jours plus tard. Tout avait bugué. En fait, les synthés ne faisaient plus du tout la même intonation elle fait: “merde c’est une catastrophe”, je fais: “non attends laisse comme ça je trouve ça vachement bien on va continuer comme ça gèle les synthés pour plus qu’ils redéconnent mais on va continuer”. Des fois tu as des heureux accidents qui arrivent et qui font que ça va te changer la vision que t’avais du morceau: “Bah attends, mais c’est carrément mieux que le truc auquel j’avais pensé, faisons ça” !
Du coup vous avez crédité le bug pour le morceau?
Etienne : Non on est des connards, il n’a pas son droit SACEM (rires). Les bugs ne sont pas enregistrés à la Sacem.
Je peux comprendre qu’il soit difficile d’expliquer quelque chose qui vient naturellement en fait, quand c’est quand ça vient comme ça, sans qu’il y ait eu forcément un apprentissage ou autre, c’est quand même beaucoup plus difficile d’expliquer.
Etienne : Je peux je peux pas vraiment te dire mieux. Il y a des trucs où tu sais que à force de travail, il y a des choses, c’est à force de taf et il y a des trucs… Tu comprends un petit peu comment ça va venir. Et Shaârghot c’est un son taillé pour le live. On sait à quel moment ça va être bien de reposer un petit peu les gens et de les refaire bouger. Quand je compose un morceau, je les vois, les gens se foutent sur la gueule. Dans la scène, je les vois, mais la plupart du temps, oui, ça vient de façon très instinctive.
Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Etienne : Du coup oui, Let Me Out (rires). Voilà, c’est la hâte. Vraiment, je ne peux pas faire mieux en matière de naturel, c’est “Je me lève, je compose le truc en trois heures, voilà”. J’étais au max, hein. Après, il y en a certains qui ont été plus difficiles dans leur composition et on s’est retrouvé bloqué pendant un bon petit moment. Notamment Chaos Area en fait qu’on avait commencé avec Clémence. Et à un moment, on savait plus du tout comment le continuer, on l’a trituré dans tous les sens et je l’ai envoyé à Bruno, je suis en mode: “trouve quelque chose”. Il s’est un peu cassé la tête dessus aussi, mais il l’a trouvé. Ce qui a vraiment fait prendre un niveau incroyable au morceau, ça a été les ajouts d’Arco, il a dit : “le morceau est énorme mais il manque un petit quelque chose” et il nous a rajouté des effets de pompe, des espèces de trucs super psyché en fait qui ont fait que ça a donné un côté ultra vivant au morceau. Jusqu’au bout, il y avait un truc qui manquait à ce morceau. Et le mec, il a trouvé. Il y en a qui sont faits de façon super instinctive. Des fois on galère, mais au résultat, je suis plutôt content de l’ensemble de l’album. Il y en a pas un vraiment où je me dis “j’aurais préféré ne pas le mettre”.
Au-delà des musiciens, le groupe compte souvent sur sa communauté, que vous appelez “shadows”. Comment vous-est venue l’idée de faire à ce point participer les fans ?
Etienne : Parce que je suis un gros connard de geek et que j’aime beaucoup les GN (rires). Tout ce qui est à base d’expérience immersive, pour moi c’est très important en fait de faire participer les gens, de faire en sorte qu’ils soient concernés et de les faire rentrer dans l’univers. Si tu joues sur scène, il faut que les gens ils jouent avec toi et qu’ils se sentent concernés donc autant les inclure dans le délire plutôt que leur dire genre nous on est les artistes, vous vous êtes les spectateurs et qu’il y a une barrière autre que la crash barrière qui s’installe entre les deux. Pour moi d’ailleurs il ne devrait même pas y avoir de crash barrière, c’est à chier les crash barrière !
Pense aux photographes s’il te plait (rires) !
Etienne : Non vous m’emmerdez avec les crash barrières ! Mais en même temps c’est vrai que c’est bien pratique parce que comme ça Bruno peut utiliser son lance flamme sans cramer les gens.
Donc on garde les crash barrière s’il te plait (rires).
Etienne : Ouais mais je veux une avancée de scène pour pouvoir aller au contact avec les gens, sinon c’est pas drôle et il n’y a pas bagarre.
En parlant justement des shadows, vous faites également souvent appel à eux pour tourner les clips du groupe. Comment travaillez-vous un clip de Shaârghot ?
Etienne : Là encore ça peut prendre pas mal de temps. Je travaille principalement avec Teddy, qui est un des anciens élèves de 3IS comme moi, on fait partie de la même promo. J’étais en section montage, lui en section d’image et on ne s’est jamais lâchés depuis le début des clips. Il a toujours été là et on a toujours partagé un petit peu cette vision de “on veut faire du cinoche, on veut faire des trucs un peu de de SF et tous les trucs qui nous ont fait délirer quand on était gamins”. Et on se dit “on va se donner les moyens avec que dalle”, donc souvent les idées on les a, ça part absolument dans tous les sens. Mais la vraie problématique c’est : comment est-ce qu’on va arriver à faire vivre tout ça ? Parce que mine de rien, le cyberpunk c’est quand même un des univers les plus difficiles à rendre crédible. Il y a beaucoup d’univers comme le médiéval fantastique où tu peux trouver des spots déjà existants, où le décor est déjà là. Tu peux te poser et ça devrait aller, mais il y a beaucoup de trucs où pour le cyberpunk, il y a tout à faire, absolument tout à faire. Et tu peux très très vite tomber dans le kitsch donc en fait il y a beaucoup de jours, de semaines de recherche, que ce soit au niveau des costumes, des décors, des lights parce que mine de rien les lumières, c’est quand même quelque chose qui est très important dans les univers cyberpunk. Tu peux très vite tomber dans des trucs qui vont être trop acidulés, trop bonbons, trop rose mauve et compagnie comme t’en vois beaucoup dans la synthwave qui sont vraiment des ambiances axées cyberpunk mais que je ne recherche pas du tout. Donc on travaille principalement à deux. En fait, on fait tout tout seul. Il va se charger de la réalisation de l’ensemble technique et je supervise principalement tout ce qui va être l’artistique, des costumes que vont porter les figurants aux lignes de dialogue, je suis derrière tous les aspects, tous, il y a rien qui est validé sans moi, c’est un vrai casse-tête. Mais une fois que tout est validé, je laisse Teddy faire et je sais que la magie va opérer parce qu’il est quand même sacrément bon ce con !
Il sera content de l’entendre.
Etienne : Il le sait ne t’inquiète pas !
Comment as-tu découvert la scène Metal Industriel ? Quels sont selon toi les groupes immanquables de la scène, dont Shaârghot ?
Etienne : Quand même, il faut arrêter l’onanisme (rires). La scène Industrial, je l’ai découverte je devais avoir quoi, quatorze ou quinze ans. Au collège par des potes qui portaient des t-shirts bizarres. J’étais en mode: “Ah, je sais pas ce que c’est, mais ça a l’air bien”. Et les mecs ils me faisaient écouter des trucs sur leur leur baladeur à l’époque avec un son tout pourri, je comprends pas trop mais ça a l’air cool et j’ai un daron qui est ingé son, je fais: “Papa tu connais Marilyn Manson ?”. “Bien sûr je connais tiens j’ai un CD écoute ça connard !”. Et ben tiens voilà parfait, “Papa tu connais Ram… Ramm… heu ouais Rammstein ?”. “Ok tiens prends ça j’en ai un aussi”. Je me suis retrouvé très très rapidement en fait avec des trucs d’indus entre les mains et il y avait un très bon pote à mon père qui m’a filé le DVD Guns, God and Government de Manson, un live de KMFDM également et puis je me suis très vite retrouvé avec Pandemonium de Killing Joke entre les mains donc oui très très vite en fait j’ai j’ai foutu un pied dans l’Indus avant de de rentrer dans le Metal. D’ailleurs j’écoute beaucoup plus de musique Electronique que de Metal en fait. Enfin, je ne saurais pas trop quoi dire à ce sujet parce que j’aime bien le Metal. Mais pour moi, il y a beaucoup de choses en fait qui vont être un peu trop simpliste dans beaucoup d’aspects. Là au fait où dans beaucoup de projets Electro, je vais trouver beaucoup plus de richesses, c’est ça qui va m’intéresser, c’est de voir des trucs très hybrides. Les groupes de Metal on va dire “classiques” ont plus tendance à m’emmerder parce que justement ça reste puriste et ça ne veut pas aller voir ailleurs. J’aime bien justement les groupes qui vont se permettre de s’hybrider avec d’autres genres parfois qui n’ont absolument rien à voir. Un petit exemple à la con par exemple : Skindred, ça n’a rien à voir avec du Metal classique, mais j’adore en fait ce mélange de genre. Donc c’est pour ça que t’as fait la gueule, mais le dans le Neo Metal, j’ai trouvé des choses très intéressantes (rires).
Je suis désolée, le Neo Metal, c’est pas mon truc !
Etienne : Je le comprends très très bien et je ne l’impose pas tant.
Moi j’ai commencé, j’étais ado, j’écoutais du Dissection pour m’endormir. Ca me servait de berceuse. As-tu quand même quelques noms de groupe vraiment immanquables ou que tu recommanderais à des gens d’écouter pour comprendre la musique de Shaârghot ?
Etienne : Houla (rires) !
N’en donne pas cinquante hein !
Etienne : Surtout qu’en plus une bonne partie d’entre eux sont devenus des groupes problématiques. Donc je peux difficilement en fait maintenant dire : “Ecoutez ça, écoutez ça”, parce que j’ai moyennement envie de faire de la pub pour ces groupes-là, même si à l’heure actuelle j’aime toujours beaucoup leur musique, mais je me refuse à faire la promotion ou à payer quoi que ce soit pour aller les voir. Mais après dans les groupes déjà existants, je préfère parler de groupes de la scène française comme Horskh, Sonic Area, Moaan Exis, Machinalis Tarantulae. Il y a beaucoup, beaucoup de très bons projets en Industrial français existant qui valent vraiment la peine d’être écoutés, et pas que en Industrial d’ailleurs. Il y a beaucoup de choses vraiment très chouettes mais aussi allez faire un petit tour du côté des BO de jeux vidéo. Si vous aimez bien l’univers de Shaârghot parce que je suis très inspiré par tous ces trucs là que soient les musiques par exemple de Batman Arkham City ou celles de Doom Eternal je pense qu’il y a de quoi faire un petit pont quand même.
Le groupe a évolué au fil du temps, accueillant toujours plus de musiciens, comment les as-tu recrutés ?
Etienne : A chaque fois c’était un peu par hasard. Ne rigole pas mais en fait on s’est croisé sans trop savoir qu’on allait finir par bosser ensemble. Bruno qui est là depuis le quasiment tout début je le connais depuis mes toutes premières soirées Gothiques, depuis que j’ai dix-huit piges et il était dans l’organisation des Electrochocs il avait fait le châteaux de Vaux-le-Pénil, tous ces trucs là et le mec était était co-orga faisait les light et je trouvais que le mec il avait un style d’enfer et il était lighteux, il était sur scène au même titre que les DJ et il foutait une ambiance de fou furieux ! Et de soirée en soirée on a sympathisé, l’espèce de stand sur lequel il foutait ses machines pour les light qui étaient entièrement foutues en tuyaux rouillés et j’ai trouvé ça trop stylé. Je fais: “putain est-ce que je pourrais te l’acheter ?”. “non”. Ok bon très bien. j’ai un projet de groupe, tu connais des musiciens? “Non”. Bon ok, je te laisse quand même une démo si jamais t’as des mecs qui ça intéresse vas-y ! Sauf que tu parles. Il connaissait très bien des gars, mais il s’est dit je me garde ça sous le coude on ne sait jamais si c’est bien. Quelques semaines après il m’a recontacté, il fait: “tu cherches toujours du monde ?”. Bah ouais, il fait “Ah bah là je suis intéressé”. Olivier le batteur, c’était un pote à mon daron en fait, qui avait déjà bossé sur des trucs de session, qui était en mode “je cherche des projets en ce moment parce que je m’emmerde un peu. Je suis toujours sur des trucs où les mecs, ils veulent toujours faire les mêmes choses. J’ai envie de découvrir de nouveaux horizons”. On fait “t’as rien à faire viens”, du coup il est jamais reparti. Clémence je l’ai rencontrée un peu par hasard sur un forum. On discutait musique et elle fait “tiens c’est cool, je suis sur Paris en ce moment pour aider, échanger musique, je vais voir tel groupe à tel endroit”. De fil en aiguille, elle a fini par me dire “je fais du son, si vous voulez, je peux devenir backlineuse”. Elle est devenue notre backlineuse, puis après “je suis guitariste”. Je fais “on a déjà un guitariste, s’il y a quelqu’un qu’on va prendre, c’est plutôt un bassiste”. “Et bah je peux apprendre la basse si tu veux”. “Je fais oui si tu veux, mais bon peut-être que je te cast un peu pour ça, et puis peut-être qu’on fasse des essais”, et “tiens, t’as pas des trucs que tu veux faire ?”. “Ouais j’ai des remix à faire en ce moment, j’ai plus de matos, là il faut que je réinstalle tout, mais si on peut faire ça chez toi !”. Banco une fois, deux fois ça a marché. Je fais “putain ça fait combien de temps que tu joues de la basse ?”. “Ça fait deux mois” (rires). “Euh les gars, je pense que j’ai trouvé quelqu’un”. Pour Paul ça fait très longtemps en fait que je le connais En fait il l’a auditionné au poste de guitariste de Shaârghot au tout début et c’est vrai qu’en fait il a pas bossé, il a fait genre “encore un autre projet Marylin Manson-like, le mec ça a l’air d’être un tocard donc du coup je fais “écoute, t’es bien gentil mais rentre chez toi quoi t’as t’as pas bossé”. Mais quand même le bonhomme me paraissait super sympathique et puis il faisait du son, il restait en contact et puis j’aimais bien ce qu’il faisait de d’année en année je fais “putain là il prend du niveau et il est toujours resté dans le coin pour nous filer des coups de main”. “Si vous avez besoin d’aide pour tous nos camions, je suis là. Si besoin d’un backliner je suis là”. En fait, j’ai l’impression que tous les mecs sont rentrés chez nous, ils ont fait de la technique avant. Et bah pareil, même truc je fais “tiens vas-y on fait une collab sur un morceau”. Un, puis deux, je fais bon “allez suivant on en a encore un les gars” !
On va arriver à vingt-cinq.
Etienne : Dans quelques années ouais, ça va être pire que Slipknot.
Au moins il y a un certain lore du groupe qui est pas mal.
Etienne : Le truc, c’est qu’on est quand même tous potes avant d’être juste des zikos, on a tous appris un peu à s’apprivoiser, comparé à beaucoup de gens, on se voit régulièrement en dehors pour boire des coups, discuter puis on partage beaucoup de choses quoi donc on n’est pas juste des des mecs qui bossent ensemble. On est une bande de potes et je pense que ça se voit un petit peu aussi.
As-tu des plans pour la suite de Shaârghot ?
Etienne : Autre que conquérir le monde, la lune et Mars ? Oui effectivement il y en a quelques uns avant, je dois avouer. Déjà effectivement oui cette histoire de compendium avec le JDR dont je te parlais tout à l’heure, ça c’est quelque chose qui devrait arriver d’ici un an, un an et demi. Des clips, toujours des clips, on n’est pas près d’arrêter d’en faire. Des tournées, je ne peux pas encore donner les dates pour le moment, mais ça on devrait donner toutes les dates au moment de la sortie du prochain clip qui est actuellement en cours de montage et qui devrait paraître d’ici le premier trimestre de l’année prochaine. Donc avec toute une chiée de dates qui doit aller avec. Je trouve qu’on est déjà pas mal parce que je vais pas commencer à parler de mes idées saugrenues de jeux vidéo Shaârghot ou même d’ailleurs de séries de deux saisons et de treize épisodes chacun d’une durée d’une heure basée sur le le truc que je suis en train d’écrire. Mais bon voilà, oui voilà, c’est juste que pour l’instant je ne m’attarde pas trop dessus parce que je sais que j’ai pas la tune. Donc le compendium c’est bien, c’est déjà plus accessible. On va rester sur le compendium.
Comment se passe un concert de Shaârghot de ton point de vue ?
Etienne : Moi je suis là jusqu’à une certaine étape en fait. Il y a un moment en fait où il y a comme une sorte de de transformation qui s’opère, que ce soit pour moi ou l’ensemble des des membres. On a des personnages, on a des histoires qui vont avec et progressivement il y a un switch qui fait qu’au bout d’un moment, c’est plus tout à fait ni Bruno, ni Olivier, ni Etienne à qui tu causes, on est déjà un peu dans des états de conscience légèrement modifié. Bon, l’alcool y est légèrement pour quelque chose, mais pas que (rires). Mais en vrai, il y a une espèce d’automatisme qui se crée où on sait que progressivement notre personnalité va commencer à disparaître et qu’à un moment on n’est plus vraiment là. On est toujours en back parce qu’il faut bien s’occuper de tout ça. Mais t’as plus tout à fait à faire aux mêmes personnes, donc ma place dans l’histoire est un peu secondaire. Il n’y a plus d’anxiété, plus d’appréhension, c’est showtime, c’est le point de vue des personnages. On est toujours un peu là, c’est pas un truc schizophrénique pour autant. Mais je ne bouge plus, ne parle plus de la même façon. Même après en sortant de scène, c’est compliqué de lâcher le rôle parce que ça reste quand même encore quelques heures, même dans ma façon de parler ou de bouger. J’ai un peu du mal à redevenir Étienne, ça reste un petit peu.
J’ai pu le voir. C’est une forme de dissociation artistique qui fait que vous plongez dans les personnages
Etienne : C’est une sorte de transe en quelque sorte. On n’est pas les seuls à faire ça de toute manière.
Avec les drogues ?
Etienne : On n’est pas très porté sur ça, c’est plutôt un bon verre de Kraken. Et puis on est partis. Petit le verre avant, mais grand après.
Le groupe a achevé son année 2023 avec non seulement la sortie de l’album, mais aussi une série de dates à travers la France, comment s’est passée la tournée ?
Etienne : Super bien, on ne s’y attendait pas trop pour nous, c’était bien parti pour être un peu la merde parce qu’on était avec le groupe Punish Yourself pour le coup, qui a annulé sa participation à la tournée. Je ne pense qu’on ne va pas revenir sur les raisons de l’annulation de sa participation. Je pense que beaucoup de gens en ont parlé et c’est mieux qu’ils aient arrêté leur carrière. Mais la tournée a été un peu mise en péril parce qu’on est en mode “est-ce que Shaârghot a les coudes en fait pour pouvoir assumer toute cette tournée en tête d’affiche ?”. Au final oui parce qu’il y a eu très peu de demandes de remboursement et au contraire il y a eu beaucoup de personnes qui ont pris leur place à la suite de l’annulation de Punish. Donc la tournée a pu se faire comme prévu euh avec un nombre de personnes très loin d’être déconnant dans des endroits où parfois on n’avait même jamais joué. C’est au final un super bon signe pour l’avenir je pense et j’espère que ça ne va pas s’arrêter là.
Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer dans le futur ?
Etienne : Déjà continuer la collaboration avec Arco Trauma pour le coup, parce que je pense qu’avec lui on peut faire des paquets de trucs assez hallucinants. J’ai hâte de voir jusqu’où on peut aller ensemble. Mike Gordon, j’aimerais vraiment beaucoup faire un ou deux morceaux avec lui. Ce serait vraiment très très chouette parce qu’il a un son assez particulier, surtout au niveau des synthés. Je sais que les gens l’apprécient beaucoup pour son gros son de gratte, que j’aime beaucoup aussi d’ailleurs. Mais ce qui me fait le plus kiffer chez lui, c’est le traitement de ses synthés. Après dans les artistes bah je sais pas, j’aimerais bien tenter des trucs avec par exemple Rabbit Junk qui ont un côté largement plus Indus mais Pop où je me dis “tiens, c’est encore un truc qui pourrait me sortir d’une zone de confort, ça pourrait être intéressant.” En plus les deux ensemble, ils ont vraiment une bonne voix. Et ça pourrait être chouette je ne ferme la porte à aucun type de collaboration. Même Lady Gaga tiens, ça pourrait être rigolo.
Ça va peut-être être un peu plus dur néanmoins.
Etienne : Évidemment, mais en fait je ne suis pas fermé à grand chose. Et si on fait un truc qui peut être cohérent si allez pourquoi pas ça, ça peut être chouette.
Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Etienne : Je pense que oui pour une raison simple, c’est que déjà au niveau de la voix, j’ai senti qu’il y avait du progrès. L’ensemble de l’album au niveau vocal, je l’ai enregistré en deux jours et demi. Je dois vous avouer que quelques jours avant l’enregistrement j’en menais pas large et j’étais quand même vraiment très inquiet. Je ne pensais pas être capable de le faire. Mais bon, on va dire qu’il y a eu pas mal de boulot fait en amont. Je pense ne pas être spécialement mécontent du travail. J’aurais bien voulu faire un petit peu plus mais écoute, c’est comme ça que ça s’est fait et c’est je pense que c’est pas plus mal. En terme musical; comme je vous l’ai dit c’est un c’est un boulot de groupe, même si je tiens la barre depuis le début et que je lis de l’ensemble des compos bah il y a pas mal de choses qu’on puisse faire aussi grâce aux autres.
A quel plat pourrais-tu comparer la musique de Shaârghot ?
Etienne : Ah c’est vrai que je pourrais parler de dindon là dedans. Mais je ne suis pas certain parce que le dindon, ce serait pas très approprié à Shaârghot niveau nourriture. Je ne sais pas exactement quoi, mais pour moi c’est forcément un gratin avec plein de trucs dedans. C’est un truc avec plein de vrais arguments. Des trucs avec des épices déjà c’est sûr, un peu relevés, un peu un peu craquant sur le haut avec pas mal de choses dedans qui sont un peu explosion de saveur. Alors je ne sais pas exactement quoi, mais je pense qu’il faudrait qu’on se plonge dans la cuisine exotique. Un livre de cuisine. Il faut savoir une anecdote, c’est qu’à chaque fois qu’on s’arrête dans une aire d’autoroute, Clémence essaie d’acheter un livre de cuisine. Systématiquement elle va voir les livres de cuisine, elle fait “Ah bah tiens, je l’ai pas celui-là et peut-être que je vais me le prendre.”
Je ne suis pas sûre de venir manger chez vous !
Etienne : T’as tort, ça cuisine plutôt bien dans le groupe.
C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Etienne : Et bien merci à toutes les personnes qui créent des choses en rapport avec le groupe. Je dois avouer que ça nous touche énormément. On voit de plus en plus de trucs passer en rapport avec notre univers. On sent que les gens sont en train de s’approprier ça, donc ça fait vraiment plaisir et surtout une dernière chose: N’oubliez pas les dindons ! Voilà, c’est toujours très important les dindons, il ne faut pas les oublier, c’est quand même le nerf de la guerre.
Note de Raven : une fois l’interview finie, plusieurs heures ont été nécessaires pour s’en remettre ainsi que quelques bières.