Review 2030 : Bjørkø – Heartrot

Bjørkø s’éveille enfin.

Bien que créé en 2008 par le musicien finlandais Tomi Koivusaari (guitare/choeurs, Abhorrence, Amorphis, ex-Ajattara), le projet ne dévoilera ses premiers titres qu’en 2023, année de la sortie d’Heartrot, son premier album, chez Svart Records.

Pour mener à bien son album, le musicien s’entoure de Lauri Porra (basse, Stratovarius, ex-Sinergy, ex-Warmen), Waltteri Väyrynen (batterie, Abhorrence, Opeth, ex-Paradise Lost…) et Janne Lounatvuori (claviers, ex-Hidria Spacefolk) ainsi que de divers vocalistes.

L’album débute en compagnie de Jeff Walker (Carcass) sur The Heartroot Rots, un titre qui mélange racines Old School et éléments beaucoup plus mélodieux avec une touche planante très reconnaissable. Le contraste reste assez naturel dans l’un et l’autre des univers, puis c’est Aðalbjörn Tryggvason (Solstafir) qui prête sa voix intense au guitariste sur Vaka Loka pour développer des accents Post saisissants dans cette dissonance aérienne apaisante. Les leads deviennent parfois plus tranchants avant de laisser le titre prendre fin dans des tonalités inquiétantes, puis Marco Hietala (Tarot, ex-Nightwish), Petronella Nettermalm (Paatos), Netta Laurenne (Aortha) et Pasi Rantanen (Raskasta Joulua, Thunderstone) entrent en scène pour Whitebone Wind, un titre définitivement plus axé Prog/Power Metal où les voix se succèdent pour créer un rythme intéressant. La chorale laissera place à Ismo Alanko sur la pesante et sombre Värinvaihtaja, créant des passages inquiétants et mystérieux guidés par la touche de folie de cette voix changeante. Le son se transforme pour Awakening, un interlude relativement étrange, puis Shagrath (Dimmu Borgir) vient assombrir World as Fire and Hallucination grâce à ses hurlements massifs, complétant à merveille la rythmique infernale, tout en proposant également quelques murmures effrayants avant de laisser Jessi Frey (Velcra) rejoindre The Trickster, menant les riffs entre quiétude et touches plus énergiques. On notera quelques sifflements entêtants, mais la composition se coupera brusquement pour accueillir Tomi Joutsen (Amorphis, Hallatar) et ses parties vocales massives pour Hooks in the Sky, où l’alchimie entre les deux musiciens est totale, comme depuis de nombreuses années dans leur groupe commun. Après un break viscéral et un dernier refrain, Mariska se charge du chant pour donner à Magenta une ambiance beaucoup plus calme, presque Post-Rock, pour mener l’album à sa fin dans la douceur, laissant quelques leads errer dans le tableau avant que Reverberations n’y mette un véritable point final grâce au saxophone de Sakari Kukko (Piirpauke).

Bjørkø est l’incarnation d’un projet musical protéiforme. Entre les touches Post-Rock douces, les éléments Black et Death furieux ou les racines Prog, Heartrot s’adapte à son vocaliste en toutes circonstances.

75/100

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