Solbrud s’est remis au travail.
Créé en 2009 au Danemark sous le nom de Gargoyle, le groupe nous offre trois albums avant de jouer et d’enregistrer un live exceptionnel dans un château d’eau. En 2024, Adrian Utzon Dietz (guitare), Tobias Hjorth Pedersen (basse) et Troels Hjorth Pedersen (batterie), accompagnés par leur nouveau vocaliste David Hernan (guitare/chant), annoncent la sortie de IIII, leur quatrième album studio, chez Vendetta Records.
Ole Pedersen Luk (chant/guitare, Afsky) a tout de même composé et enregistré certaines parties avant son départ.
La première partie de l’album débute par Hvile, la plus longue composition, qui dévoile d’abord un son clair intrigant mais apaisant avant de laisser la saturation majestueuse accompagner la marche lancinante dans la noirceur. Le titre conserve son approche aérienne tout en se renforçant graduellement avant d’accueillir les hurlements saisissants et quelques orchestrations grandioses, créant un contraste important mais incroyablement bien géré, que ce soit à pleine vitesse ou dans les passages les plus lents empreints de Doom, comme le final qui nous mène au silence, suivi par Tåge, un morceau plus brut. Le son reste ancré dans des patterns pesants et léthargiques qui développent la dissonance et les harmoniques fantomatiques avant de s’embraser soudainement sur un blast final virulent qui nous précipite sur Når solen brydes – Del I: En undring vækkes i mit sind, un titre court qui introduit la quadrilogie dans la douceur. La fureur explose dès les premiers instants de Når solen brydes – Del II: Mod afgrundens flammehav, une deuxième partie beaucoup plus violente qui n’oublie pas de laisser les claviers lui donner une touche épique avant de ralentir, puis d’adopter une approche beaucoup plus contemplative. Une fois notre souffle repris, le groupe attaque à nouveau avec une rythmique vive complétée par quelques choeurs féminins, puis c’est avec Når solen brydes – Del III: For evigt?–?for altid?–?forandret que le son se poursuit, laissant l’atmosphère oppressante renaître sous l’orage. Les riffs sont à nouveau plus sombres et maussades, ajoutant à la mélancolie des cris plaintifs complétés par les leads transcendants qui nous transportent jusqu’à Når Solen Brydes Del IIII: – En Ny Tid For Mig Står, dernière partie légèrement plus lumineuse du quadriptyque où les musiciens s’accordent pour créer une atmosphère plus apaisante.
Ils enchaînent finalement avec Ædelråd, premier titre de la deuxième partie qui se noie peu à peu dans une dissonance chaotique avant que la batterie n’entre en jeu, rapidement suivie par les parties vocales viscérales. La rythmique se brisera finalement pour laisser la quiétude prendre une place plus importante, mais elle sera à son tour troublée par quelques éléments plus surprenants avant de s’assombrir à nouveau pour sombrer dans la folie et se laisser porter par les sursauts d’énergie jusqu’à Sjæleskrig et ses influences inattendues. On retrouve des racines presque Jazz dans les premiers leads, renforçant l’ataraxie avant qu’elle ne soit étouffée par ce nuage de saturation qui suit notre progression jusqu’à En Ild Som Tusind Sole, qui démarre avec ses notes inquiétantes, suivies par la montée en puissance des riffs massifs. Fureur et accalmies se relaient pour rythmer la composition de ses touches de désespoir intenses, puis Aske dévoile son introduction enchanteresse pour créer une césure avant de s’abandonner à son tour à la férocité avec un son menaçant et angoissant, peuplé de touches de DSBM. Le titre ne propose que peu de répit avant de céder sa place à Postludium, où les racines Post-Black hurlent une dernière fois en arrière-plan de cette ultime composition instrumentale, qui referme à merveille l’album.
Bien que très long (plus d’une heure et demie), Solbrud a fait de IIII un véritable paysage de désolation où les quelques touches de quiétude se font sans cesse envahir par la fureur et la noirceur. Pour peu que vous lui donniez une chance, l’album ne peut que vous happer dans son univers macabre et intense.
95/100