Il y avait longtemps que je n’avais pas remis les pieds à un concert. Plus d’un mois et demi, pour être précis. Et quoi de mieux pour commencer l’année que l’une des dates immanquables du Death Metal de 2024 : les patrons de Suffocation, accompagnés des déjantés de Sanguisugabogg, de la touche moderne d’Enterprise Earth et de l’efficacité d’Organectomy. Pour ceux qui me suivent depuis un moment, c’est souvent à Petit Bain et Garmonbozia Inc. d’accueillir la reprise, et ce show ne fait pas exception.
On commence donc avec les néo-zélandais d’Organectomy qui attaquent à l’heure prévue devant une fosse déjà bien remplie. Sans attendre, les riffs gras du quartet font remuer les plue excités des spectateurs, motivés par les invectives d’Alex Paul (chant) qui alterne ses vocaux sauvages avec des séances d’air boxing et de headbang furieuses sous les flashs lumineux. “Now jump!” lâche le vocaliste, bien décidé à ne pas nous laisser un seul instant de répit en jouant avec les premiers rangs alors que les moshparts groovy s’enchaînent dans la plus pure tradition du Brutal Slam, propice aux mouvement de foule les plus désordonnés qui donneront du grain à moudre à la fosse, qui s’exécute sans se faire prier. Les riffs bêtes et méchants gagnent sans mal le coeur du public, qui recrachera son premier slameur pour clore le set du groupe, qui précise nous avoir offert Tracheal Hanging, son dernier morceau en date, avant de recevoir les traditionnelles acclamations finales.
Changement de style avec le Deathcore d’Enterprise Earth qui monte sur scène bien décidé à en découdre. Mais le public ne semble pas de cet avis, restant de marbre aux ordres de Travis Worland (chant) qui ne verra jamais le circle pit qu’il a demandé. Soutenu par Gabe Mangold (guitare/chant) et Dakota Johnson (basse/chant), le vocaliste se déchaîne pourtant sous des lumières infernales, alternant growls puissants et chant clair intense tout en jouant avec ses camarades, et même si la fosse est attentive, elle reste relativement immobile. Le son est pourtant très bon, laissant les breaks ravageurs rivaliser avec les leads travaillés sur une section rythmique très carrée, et on constate à peine quelques crânes qui remuent pour accueillir les moments les plus énergiques. Pour ma part, et ayant connu le groupe avec son ancien vocaliste, la comparaison semble inévitable : c’est très bien fait, mais il manque la petite touche qui aurait fait passé le concert au niveau supérieur. Le groupe quitte toutefois la scène sous les applaudissements.
Ceux qui ne connaissent pas Sanguisugabogg ont reçu le premier titre comme une énorme claque en plein visage : les musiciens sont déjà en place, suivi par leur son gras, leurs riffs stupides à souhaits, et leurs hurlements massifs qui ne font qu’encourager la fosse à remuer. Devin Swank (chant) va d’ailleurs pousser le concert à son stade ultime de débilité avec un “come on this fucking stage with us”, demande qui sera instantanément satisfaite avec un premier stage diver, qui ne sera que le coup d’envoi d’une longue série, transformant les trente minutes de show en véritable charnier chaotique et faisant tanguer le bâteau. Impossible d’avoir le moindre coup de mou, car lorsque ce n’est pas le vocaliste qui harangue la fosse, c’est Ced Davis (guitare) qui nous invite à remuer encore plus pendant les breaks bas du front et incroyablement efficaces. On notera quelques phrases de remerciement entre les morceaux, ainsi que quelques mots comme “This song is about fucking dead bodies, ’cause it’s what I like to do” pour présenter les titres, qui s’enchaînent comme une lettre suintante à la poste avant de finalement laisser les quatre gaillards refermer leur set avec une véritable ovation.
La soirée touche déjà à sa fin avec la performance de Suffocation, qui prend calmement place et nous assène immédiatement ses nouveaux riffs. Sans surprise, les nouveaux morceaux prennent une place importante de la setlist, et ils sont tout aussi parfaits en live, que ce soit sur le growl imposant de Ricky Myers, les guitares sanglantes de Terrance Hobbs et Charlie Errigo, la basse claquante de Derek Boyer ou les frappes millimétrées d’Eric Morotti. J’ai beau avoir déjà vu le groupe à l’oeuvre à de nombreuses reprises avec ce line-up, je suis toujours autant abasourdi de constater leur efficacité, que ce soit au niveau de la puissance, de la justesse ou de l’aisance de chacun des musiciens, qui n’hésite pas à grimacer devant le public entre deux parties dévastatrices. Le frontman n’hésite pas non plus à nous inciter à bouger à grands coups de “Paris, let’s fucking move!”, réceptionnant également les quelques slammeurs qui n’auront pas mis très longtemps à se mettre à l’œuvre. Les leads de Terrance calment un moment le jeu, qui repart de plus belle sans attendre pendant que la fosse bouillonnante se rentre gaiement dedans en rythme avec le blast et les breaks massifs où Derek écrase sa basse au sol et Charlie cogne le vide devant lui. “Show me what the fuck you got, let’s go!” lâche le vocaliste entre deux morceaux habilement piochés dans leur discographie, faisant du show une sorte de best-of des américains, qui inviteront même Devin Swank à les rejoindre sur Infecting the Crypts, l’un de leurs titres phares avant de nous proposer un dernier titre. La question reçoit bien évidemment une réponse plus que positive, et c’est avec Clarity Through Deprivation que les cinq musiciens piétinent une dernière fois la scène avant de recevoir les félicitation qu’ils méritent.
Setlist : Seraphim Enslavement – Cataclysmic Purification – Breeding the Spawn – Dim Veil of Obscurity – Pierced From Within – Funeral Inception – Perpetual Deception – Effigy of the Forgotten – Catatonia – Hymns From the Apocrypha – Liege of Inveracity – Infecting the Crypts (feat Devin Swank)
Rappel : Clarity Through Deprivation
Le premier concert de l’année est plus qu’une réussite ! La prouesse du sold-out malgré la présence d’un autre événement d’ampleur en face témoigne de la ferveur du public Brutal Death. Merci à Organectomy, Enterprise Earth, Sanguisugabogg et Suffocation pour leur performance à couper le souffle, et merci à Garmonbozia Inc. pour la soirée, qui a tenu toutes ses promesses et qui me vaut quelques courbatures à l’heure où j’écris ces lignes !