Ministry perpétue sa légende.
Formé en 1981, le groupe américain mené par le charismatique Al Jourgensen (chant, ex-Revolting Cocks) et désormais accompagné par John Bechdel (claviers, ex-Prong), Monte Pittman (guitare, ex-Prong), Cesar Soto (guitare/chant, ex-3 Headed Snake), Roy Mayorga (batterie, Hellyeah, ex-Ozzy Osbourne, ex-Stone Sour, ex-Soulfly, ex-Amebix) et Paul D’Amour (basse, ex-Tool) continue son partenariat avec Nuclear Blast pour la sortie d’Hopiumforthemasses, son seizième album.
L’album débute avec B. D.E et ses riffs saccadés qui répondent aux samples puis à la voix cybernétique d’Al, recréant une ambiance inquiétante mais accrocheuse. La rythmique finira par accélérer tout en continuant sa critique sociale avant de laisser Goddamn White Trash révéler un son beaucoup plus abrasif, parfois couplé à des claviers dérangeants et des éclats de voix vifs. Le mélange entêtant accueille Pepper Keenan (Down, Corrosion of Conformity) tout en continuant de piétiner nos oreilles avant que la rythmique ne devienne mi-joyeuse, mi-sombre sur Just Stop Oil, où les influences Country rencontrent une dénonciation brute ainsi qu’une approche parfois plus agressive. Une voix étrange intervient sur Aryan Embarrassment, créant un sentiment maîtrisé de gêne et d’angoisse avec laquelle les musiciens vont jouer en plaçant des riffs simples qui servent de base à une poignée de voix étranges accompagnés par Jello Biafra (ex-Dead Kennedys), avant de revenir à un son plus traditionnel sur l’énervée TV Song, où les patterns rapides nous rappellent les albums d’il y a plus de quinze ans. Le groupe continue avec la lourde et efficace New Religion, où les choeurs sonnent presque comme une chorale de Gospel, créant une fois de plus un contraste intense avec les interventions du vocaliste sur le rythme régulier, puis une quiétude angoissante apparaît sur It’s Not Pretty, le morceau suivant. Les deux premières minutes sont très calmes et peuplées de choeurs, mais le son va devenir plus énergique par la suite, accueillant samples, harmoniques brusques, ainsi qu’un final étrangement dansant, puis c’est avec Eugene Hütz (Gogol Bordello) que le groupe nous fait découvrir de nouvelles tonalités sur Cult of Suffering. L’opposition entre le titre de ce long morceau décalé et l’ambiance accueillante est totale, laissant l’invité apporter son univers au groupe, qui terminera son album avec Ricky’s Hand et ses tonalités New Wave surprenantes, mais qui s’intègrent relativement bien à la direction musicale déjantée.
Ministry a fait ses preuves au sein de la scène Industrial pendant quarante ans, et les américains ont visiblement envie de se faire plaisir avec Hopiumforthemasses. Les thèmes sont toujours aussi engagés et dénonciateurs, mais les sonorités vont en surprendre plus d’un !
75/100