Hideous Divinity revient nous écraser avec son cinquième album.
Intitulé Unextinct, il sort en 2024 sur Century Media Records, grâce au travail acharné d’Enrico Schettino (guitare, ex-Hour of Penance), Enrico « H. » Di Lorenzo (chant, Eyeconoclast), Stefano Franceschini (basse, Hammer of Dawn, ex-Aborted), aidés par Davide Itri (batterie, Bedsore, ex-Ade, ex-Helslave).
Le groupe a depuis recruté son nouveau batteur, Edoardo Di Santo (Shaula, Voltumna, Ade…).
L’album débute avec Dust Settles On Humanity, une introduction relativement inquiétante qui va rapidement dévoiler la puissance de frappe du groupe avec un riff simple qui s’oriente d’abord vers une certaine dissonance avant de nous écraser, puis de laisser The Numinous One prendre la suite avec une technicité et une violence assumées. Quelques claviers se mêlent à la déferlante et à ses vociférations furieuses, laissant basse et guitares placer des harmoniques travaillées tout au long de cette longue et sombre composition, qui débouche sur la toute aussi sauvage Against The Sovereignty Of Mankind, où les musiciens couplent complexité et brutalité avec un naturel accrocheur. Les parties saccadées précèdent parfaitement l’arrivée des moments les plus imposants avant que le son ne se drape dans des tonalités mystérieuses sur les premiers instants de Atto Quarto The Horror Paradox, qui reviendra bien rapidement à sa fureur pessimiste mais dévastatrice. Bien que très long, le morceau est excellemment rythmé, alternant des passages lents et majestueux avec d’autres bien plus vifs et délicats qui se mettent tous au service de la puissance, laissant tout de même quelques éléments plus brumeux et mélodieux intervenir pour nuancer le raz-de-marée qui nous autorise un instant de répit avec son final, rapidement suivi par Quasi-Sentient et son sample effrayant. Les guitares se montrent beaucoup plus tranchantes, laissant une basse claquante exploser de temps à autres pendant que la double pédale règne, mais le final nous dévoile un autre type d’intensité avant que la quiétude ne se mette à planer sur Hair Dirt Mud, un court morceau d’abord apaisant qui s’abandonne tout de même à la saturation avant de véritablement exploser en rejoignant More Than Many Never One. La composition puise dans des influences toujours aussi violentes, mais on remarquera également une approche plus mélodieuse au niveau des leads, notamment lors des solos suivis par une basse entêtante et des tonalités très mélancoliques, que l’on retrouvera sous une autre forme avec Der Verlorene Sohn, un interlude intrigant. La violence ne tarde pas à revenir avec Mysterium Tremendum et sa rythmique massive qui alterne habilement entre technicité abrasive et passages plus planants où on ne se doute pas du retour de la lourdeur, mais le contraste sera également exploité sur Leben Ohne Feuer, où le groupe conjugue toutes ses influences pendant plus de huit minutes pour tisser sa toile où la dévastation pure et simple rencontre la rage, mais aussi la noirceur et les hurlements monstrueux par vagues de plus en plus intenses avant un final beaucoup plus vindicatif.
Hideous Divinity a toujours été connu pour combiner habilement brutalité et complexité, mais cet album est différent. Unextinct reprend bien évidemment les bases créées par le groupe, mais il leur ajoute une noirceur et une approche mélodieuse mélancolique qui ne m’a pas laissé indifférent !
95/100
Quelques questions à Stefano Franceschini, bassiste du groupe italien de Technical Death Metal Hideous Divinity.
Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu, s’il te plaît, te présenter et présenter le groupe Hideous Divinity sans utiliser les étiquettes musicales habituelles ?
Stefano Franceschini (basse) : Bonjour, je suis Stef de Hideous Divinity, et nous sommes un groupe qui joue le genre de musique auquel on pourrait s’attendre en regardant les pochettes de nos albums. Si je devais décrire notre musique à nos fans, je penserais à une pièce plongée dans le noir avec des éclairs sporadiques et inquiétants de gris foncé pulsant au rythme de battements de cœur irréguliers. J’ai essayé d’être aussi imaginatif que possible.
Que signifie le nom Hideous Divinity pour toi, et quel est le lien avec la musique que vous créez ?
Stefano : C’est une question qui s’adresse à Enrico Schettino Montesano (le fondateur et guitariste du groupe, ndlr), mais je vais faire de mon mieux pour vous expliquer les origines du nom. Je pense que cela remonte à une bande dessinée de Calvin et Hobbes, où à un moment donné, Calvin invoque une divinité horrible, quelque chose de maléfique qui exigerait des sacrifices. Il voulait lui donner une tournure plus « unholy Death Metal », et c’est ce qui s’est passé.
Le nouvel album du groupe, Unextinct, sortira dans quelques mois. Comment vous sentez-vous ? Avez-vous déjà des retours ?
Stefano : Je suis très enthousiaste, mec ! J’ai hâte que tout le monde le découvre. Je suis très fier de ce que nous avons réalisé. Et oui, les réactions ont été excellentes jusqu’à présent.
Comment résumerais-tu l’identité d’Unextinct en trois mots ?
Stefano : Obscur, implacable, oppressant.
Comment s’est déroulé le processus de création d’Unextinct ? As-tu remarqué des changements par rapport aux albums précédents ?
Stefano : Nous avons travaillé de la manière habituelle : Enrico S a écrit les chansons, puis les a fait circuler et nous lui avons donné nos commentaires et suggestions, tu sais, « pourquoi ne pas ajouter quelques mesures de ce riff ici », ou « pourquoi ne pas raccourcir cette partie », des choses comme ça. Ensuite, nous sommes entrés dans le royaume où tous nos rêves musicaux se réalisent, à savoir le studio de Stefano Morabito. Il a fait un travail extraordinaire sur l’album.
Qu’en est-il de la pochette, quelles étaient les directives que vous avez données à Adam Burke et comment s’accorde-t-elle avec la musique que vous avez créée ?
Stefano : Nosferatu, le film de 1979, en gros. Nous pensons qu’il correspond parfaitement à notre son.
Le son du groupe a toujours été très épais et technique, mais nous ressentons maintenant des moments plus majestueux. Quelles sont vos influences pour cet album ?
Stefano : On peut clairement entendre les influences d’Ulcerate ou de Deathspell Omega. Nous voulions développer notre recherche d’atmosphère, faire en sorte que la musique s’adapte à l’histoire, qu’elle raconte une histoire. Le penchant d’Enrico pour les bandes originales et les concepts inspirés des films a complété le travail.
J’ai également ressenti plus de mélodies et d’harmoniques entêtantes mais mélancoliques sur Unextinct, en particulier sur les chansons More Than Many Never One ou Atto Quarto The Horror Paradox, qui est la combinaison parfaite entre violence et beauté. L’album est-il pessimiste ? Quel est son concept ?
Stefano : Tu as raison, j’ai eu la même expérience en écoutant les chansons. Je ne sais pas, elles semblent tellement plus profondes que certaines chansons de nos précédents albums. Le concept porte sur la flamme éternelle que notre monde continue de brûler malgré notre vocation apparemment innée à le réduire en pièces. Nosferatu incarne avec justesse la sensibilité qui se cache derrière le désir de mort éternel. En même temps, on peut y voir une métaphore de la résilience, quel que soit notre engagement à détruire ce qui nous est le plus cher. À vous de décider.
As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser ?
Stefano : Ma chanson préférée est Against the Sovereignty of Mankind, mais Leben ohne Feuer est une excellente deuxième.
Où trouves-tu l’inspiration pour créer de la musique ?
Stefano : N’importe où, je suppose ? C’est un processus continu.
Le groupe fait à nouveau équipe avec le label Century Media Records, comment se passe la collaboration avec eux ?
Stefano : C’est une collaboration solide et très efficace. Nous sommes reconnaissants de leur soutien et nous ne pourrions pas souhaiter une collaboration plus productive.
Pensez-vous vous être amélioré en tant que musicien et auteur-compositeur avec ce nouvel album ?
Stefano : Encore une fois, c’est quelque chose que tu devrais demander à Enrico, qui te donnerait probablement une réponse très évasive. Mais comme ce sont généralement les autres qui sont les meilleurs juges de l’art de quelqu’un d’autre, aussi partial que je puisse être, je dirais qu’il sait définitivement comment toucher quelques accords. Alors oui, on peut parler d’amélioration si l’on veut.
J’ai eu l’occasion de voir Hideous Divinity plusieurs fois sur scène à Paris, comment vois-tu un concert de ton côté ? Comment te sens-tu sur scène ?
Stefano : Je me sens bien, c’est tellement excitant d’être sur scène et de faire du rock avec mes potes. Et il y a cette énergie continue et réciproque entre nous et les fans. Nous avons la chance d’avoir ce genre de connexion. En parlant de Paris, nous avons joué au Klub l’année dernière et c’était électrisant. C’est petit, mais c’est génial !
Vous avez dû faire face à quelques changements de lineup ces dernières années, comment avez-vous maintenu le bateau à flot ? Comment avez-vous engagé le nouveau batteur, Edoardo Di Santo ?
Stefano : Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier Giulio pour tout ce qu’il a fait dans le groupe et pour tout ce que nous avons accompli ensemble. Et en ce qui concerne Edoardo, le bateau flotte très facilement avec lui à bord. C’est un batteur tellement talentueux ! Parfois, nous devons le tenir en laisse pendant les répétitions, car il joue vite et fort derrière le kit. Nous avons de la chance de l’avoir.
Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Stefano : J’aimerais que Devin Townsend, Chris Poland et Jeff Loomis expérimentent notre musique.
Que sais-tu de la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu aimes ?
Stefano : Je ne suis pas un expert mais je connais pas mal de groupes : Kronos et Benighted sont parmi mes préférés.
Si tu devais organiser un concert pour la sortie d’Unextinct, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je t’ai laissé créer une affiche avec Hideous Divinity et trois autres groupes !
Stefano : Cannibal Corpse, Aborted et Vitriol ; ce serait une sacrée affiche !
Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de Hideous Divinity ?
Stefano : Un steak de Wagyu avec une sauce au poivre noir et des champignons sur le côté. Je ne sais pas vraiment lol.
C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Stefano : Merci beaucoup pour cette opportunité ! C’est un plaisir comme d’habitude, et à tous nos fans français… on se voit sur la route. À BIENTÔT.